Un monde à découvrir : {Darren}

Je me suis rapidement retrouvé seul sur l'île. On m'avait simplement désigné la porte de l'espèce de manoir qui trônait au milieu avant de m'abandonner comme une vieille chaussette. Au moins, les lieux n'étaient pas désert, c'était rassurant! Je trouvais en effet l'endroit particulièrement étrange. Disons que je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus dirigé. Je me souvenais encore que trop bien du centre fermé dans lequel j'avais vécu. L'arrêt à chaque grille, le bruit des clés,... Il était évident que cet endroit ne devait pas avoir la même vocation. J'aurais peut être du être abattu mais j'en ressenti au contraire une grande curiosité, bon j'avoue mêlée à une pointe d'angoisse! Et si cet endroit s'avérait pire qu'une prison? Pas de gardiens, pas de règles... qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire? J'ai avancé. Que pouvais-je faire d'autre? J'y étais maintenant, je n'avais plus vraiment le choix. Avant d'entrer, je ne me suis pas privé d'observer longuement la bâtisse. Elle était sinistre! J'ai posé mes doigts sur la porte et prit une grande inspiration avant d'entrer. La pièce qui constituait j'imagine le hall d'entrée ne semblait pas plus accueillante. Elle était sombre et froide, en même temps je ne m'attendais pas au petit bouquet de fleur sur une table, ni aux rideaux dorés! Il ne semblait y avoir personne mais des traces de passages restaient présentes. Je n'ai pas osé appeler, préférant à dire vrai ne pas me faire remarquer avant d'en savoir un peu plus! Déjà que j'arrivais comme ça sans explication, sans bagage, j'avais quand même besoin de me faire à l'idée! Explorateur... il y a des limites!

L'ambiance semblait pesante, à moins que ce ne soit que mon imagination, un peu débordante dans ce genre d'occasion inhabituelle : un peu l'effet maison hanté où le moindre bruit devient fantôme. J'admirais néanmoins l'architecture des lieux, c'était pas du neuf dans le coin! J'ai refermé la porte et je me suis aventuré un peu plus à l'intérieur des lieux. J'ai opté pour la droite, à tout hasard. Il y avait une ouverture qui donnait sur un couloir. J'allais pas rester planté au milieu de la pièce en attendant qu'une mouche se pointe, quand même! J'ignorais quoi, mais il fallait que je fasse quelque chose de mes dix doigts. Une solution est alors venue à ma portée. Il y avait quelqu'un, j'entendais des pas. Et là, je dois bien avouer, j'ai fais quelque chose d'assez stupide : j'ai agis sans réfléchir selon mon état intérieur du moment, qui je n'ai pas besoin de vous le traduire, n'était donc pas bien brillant! Je me suis faufilé dans l'ombre, tapis dans le plus grand silence et quand la silhouette est apparue dans mon champ de vision, je me suis précipité sur elle. Pas une seconde, je n'ai cherché à comprendre s'il s'agissait d'un homme, d'une femme si elle pouvait représentait une menace ou non. Bref, s'il y a une chose à ne pas faire quand on rentre pour la première fois quelque part, c'est bien celle-là! A moins que l'objectif était le cambriolage et qu'on ce soit fait surprendre, et encore!

En trois seconde, l'inconnu était embarqué dans mon coin secret, mon petit coin d'ombre où je m'étais caché juste auparavant. Je l'avais plaqué contre moi, le faisant reculer jusqu'à ce qu'on se retrouve tapis tous deux. Il lui était relativement aisé toutefois s'il essayait de se défaire de cette prise, qui devait son succès à la surprise et non à la force ou à la technique. Bref, pas solide! Je n'ai pourtant pas perdu de temps dans mon manque de raisonnement logique. Après agression physique, agression verbale. Notez que j'avais quand même compris que j'avais quitté le Japon et je m'adressa donc dans une langue plus internationale. Merci mon séjour en Australie.

- Tu comprends ce que je dis?

Il semblait qu'il manquait quelque chose à ma question, comme un début par exemple, mais je m'assurais uniquement que la communication était possible dans cette langue. C'était celle qu'on avait utilisé avec moi un peu plus tôt, j'aurais donc du être un peu plus sur de moi, mais au cas où vous n'auriez pas compris, j'avais pour l'heure perdu mes moyens. Et c'est pas fini, j'ajoute un détail! Comme un vrai crétin, j'avais posé ma main sur ses lèvres et j'espérais une réponse? Bravo! Vraiment! C'était fin comme réaction! Entre gestes et mots, il y avait peu d'espoir! Pas de doute, je commençais bien mon séjour ici, moi! En même temps, j'avais des circonstances atténuantes, ces derniers temps avaient été particulièrement éprouvant et je faisais face à beaucoup de changements soudains. Pour l'heure, j'allais certainement rencontrer une certaine opposition. Cela dit, c'était peut être ma chance... j'allais pouvoir en profiter pour atterrir... En effet, déjà, ma prise se fit moins forte et une expression confuse commençait à prendre place sur mon visage... Commençai-je à réaliser mon manque de cavalerie? La mouche était plutôt prise au piège et se débattait au centre de la splendide toile d'araignée. Finalement, j'étais sans doute bien plus angoissé que je n'avais voulu me le faire croire, le voyage avait été long, les pensées ont eu le temps de se construire. Il me fallait juste le temps que les nerfs se relâchent! Désolé l'ami, t'es arrivé trop tôt!!

(HJ : je me permet de relancer mon perso qui dort un peu en ce moment ^^)

(HJ : Mais avec plaisir, merci beaucoup même!!)

Comme je le disais, j'avais réagis de manière totalement disproportionnée. Promis, c'est pas dans mes habitudes de me jeter comme ça à la tête du premier venu! Non, vraiment et j'en étais vraiment confus! Il fallait que je m'habitue un peu plus à l'imprévu, être un peu moins sur le qui-vive ne me ferrait pas de mal! Cela dit j'ai toujours pas eu le temps d'observer ma victime impromptue, celle-ci se dégagea en effet par un violent coup de coude qui me coupa le souffle. Je l'ai relâché immédiatement et je me suis plié en deux sous la douleur, c'est d'ailleurs à cet instant précis que j'ai pris conscience que je n'étais pas encore complètement remis sur pied! Il devait sûrement me rester de beaux hématomes là où il venait de me frapper pour que ce soit si douloureux. Cela dit, il y était allez fort aussi et je ne pouvais pas lui en vouloir! Il était normal de chercher à se dégager dans ces conditions. Même si sur le moment, mes idées n'étaient pas encore totalement remis en place, les questions ne manquaient pas!

Grimaçant, j'ai relevé un oeil puis l'autre pour observer l'inconnu. Rapidement, je me suis totalement redressé, ayant réussi à reprendre mon souffle mais gardant une main posée sur mon ventre, j'étais quand même pas un vieillard de quatre vint ans! Il s'agissait d'un occidental, bien blond aux yeux clairs, je ne m'étais au moins pas trompé sur ce point! Il était en train de me traiter de cinglé et j'étais assez d'accord avec lui. J'ai sourit, puis rit de bon coeur même face à cette remarque. C'était bon de rire, même si j'avais mal au ventre! Il avait pas l'air franchement menaçant, juste le type surpris de se faire attraper de cette manière alors qu'il marchait tranquillement dans le couloir! C'est sûr qu'il devait pas s'y attendre à celle-là. Mes inquiétudes me semblèrent alors beaucoup plus légères, comme si sa présence suffisait à me rassurer pour l'heure. Mon rire masquait ma confusion, je me suis avancé vers lui alors qu'il s'excusait et m'accueillait, lui posant une main sur l'épaule pour lui répondre.

- Non, c'est moi qui m'excuse! Vraiment! Je sais pas ce qui m'a pris! C'était totalement stupide!

J'ai relâché ma main pour la joindre à l'autre, dans un geste qui amplifiait encore mon excuse, puis j'ai récupéré un air plus normal. Cet endroit était certes étrange, mais j'allais certainement trouver rapidement des réponses à mes questions. Ce jeune homme allait d'ailleurs pouvoir m'y aider sans aucun doute! Oui, rencontrer de l'humain sans grille et sans barreau était vraiment déjà un moyen de se rassurer. Non, mais qu'est-ce que je croyais? N'importe quoi! Je reprenais petit à petit du poil de la bête et j'ai réussi à lui répondre naturellement, oubliant mon embarras pour repartir sur de meilleures bases.

- Je m'appelle Izo. Okazaki Izo.

J'ai pas pu m'empêcher de lui exposer un peu plus la situation, non seulement parce que j'étais vraiment dans l'attente de n'importe quelle explication mais quelque chose et aussi pour lui resituer le contexte et qu'il comprenne mon erreur première.

- Je viens d'être débarqué ici, sans explication ni rien, je sais même pas où on est... bref complètement perdu! Je voulais pas t'agresser, je crois que j'ai juste eu peur de je ne sais trop quoi! C'est tellement surnaturel tout ça! J'y comprends pas grand chose.

J'en ai rit encore une fois, plutôt nerveusement ce coup-ci, en me passant la main dans les cheveux. D'ailleurs j'étais perdu aussi dans mes sentiments. Je ne savais pas franchement quoi penser : est-ce qu'il fallait que je sois rassuré ou plus inquiet? Est-ce que j'allais bien ou je devenais fou? C'est vrai que tout ça était totalement irréel, d'ailleurs si ça se trouve j'étais juste en train de rêver! Peut être qu'ils m'ont donné trop de calmants à l'hôpital et que j'ai inventé tout ça! Où est-ce qu'on a entendu parler d'île perdu où sont parqués les criminelles? Dans les films, les séries, l'imaginaire, sûrement pas dans la vie! J'ai toujours eu beaucoup d'imagination, mais là quand même, c'était fort! Presque drôle!

Puis une question logique qu'on soit dans la réalité ou non m'est apparue :

- Et toi? Qui es-tu?

Le jeune homme ne sembla pas particulièrement apprécier mon geste de poser la main sur l'épaule. J'avais tendance à être quelqu'un d'assez tactile et c'est vrai que ce n'était pas toujours bien vu. Les gens aiment préserver leur bulle. Déjà dans mon entourage amical, ça me rendait parfois sujet aux plaisanteries diverses alors avec des gens qui ne me connaissait pas depuis cinq minutes, forcément! J'ai pas pensé que ceci pouvait être du à un contexte, un vécu corporel difficile. Pourtant, je savais aussi ce que ça pouvait vouloir dire! Pas assez, pour que ça m'ait traumatisé faut croire, ou tout simplement parce que, malgré mon acte précédent, l'agressivité n'était pas un mode de relation à mon sens. Je n'ignorais pas que tout le monde ne voyait pas les choses ainsi, mais j'avais tendance à vouloir fermer les yeux sur ce point. Cela ne l'empêcha pas de me souhaiter la bienvenue! Je ne sais pas pourquoi mais cette marque d'attention me fit chaud au coeur, j'eu un sourire alors joyeux, reconnaissant et totalement sincère. Je ne suis pas certain que s'il m'avait sorti le bienvenue habituel, j'aurais eu la même réaction!

- Merci!

En réalité, j'avais peut être tord de prendre tout cela aussi joyeusement. En même temps, j'étais vraiment déboussolé. Ce que je ressentais plus que tout, c'était la liberté et la vie en moi. Et avec son sourire et son accueil, il les renforçait. C'était ces sensations particulières qui m'emplissait de bien-être et de soulagement. J'avais peut être atterri dans un lieu très étrange mais au moins, j'étais en vie! Et cet endroit pour l'heure, me semblait plus désert qu'effrayant. J'avais l'impression d'avoir disparu au bout du monde, presque sur une autre planète. C'était angoissant certes mais en même temps... loin du tableau bien plus noir que je m'étais construis à l'hôpital où j'avais fait un véritable bond dans le passé revoyant la corde pointer son nez. Je n'avais plus sept ans, la menace aurait pu être réelle cette fois. L'idée avait de quoi faire paniquer! Oubliant ça pour l'heure où j'allais perdre mon sourire! Cela ne suffit pas à empêcher un frisson de me traverser à cette pensée difficile.

Il se présenta alors ce qui me changea les idées. Ca n'avait pas l'air particulièrement comique mais les petits détails qu'il ajouta au travers de ses surnoms pas du tout valorisant me fit sourire à nouveau. Ce n'était pas de la moquerie mais plutôt de la sympathie. Oui, c'est exactement ce que je ressentais pour lui à l'instant. Darren, il s'appelait. Sa dernière phrase attira ma curiosité, même si en parlant de longue histoire, il exprimait bel et bien qu'il n'avait sans doute pas l'intention de se perdre là-dedans.

- Alors tu as choisi de rester ici? Pour y travailler?

Il pouvait y avoir un tas d'explications, même pas surprenante à cela à mon sens. J'ignorais encore à quel point j'étais loin de la réalité... réalité qu'il tacha pourtant de m'expliquer. Si sa première phrase était pleine d'espoir et rassurante, le tableau se couvrit petit à petit de gros nuages. En soi, ce que j'en déduisais, n'étais pas si terrible. Je n'étais même pas en prison! Mais il avait employé quelques mots étranges, comme celui de torture ou même l'idée de se méfier de tout le monde. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là? Derrière des règles qui me paraissaient simple semblait se cacher un véritable monstre. J'ai arrêté de sourire cette fois-ci, je l'avoue, pour froncer les sourcils. Il fallait que je rassemble tout ça pour mettre mes idées un peu plus au claires.

- Anguish? Ca sonne bizarrement tout ça....

Je me suis senti d'abord un peu abattu par ce tas d'information que j'attendais pourtant, mais je n'ai pas tardé à reprendre un peu plus d'assurance. Il me restait néanmoins encore beaucoup d'interrogations... Quand on se trouve face à ce genre de situation, on peut ressentir un léger besoin de revendication, disons que tout cela paraissait tellement irréel moi qui sortait tout juste d'un monde tout à fait réel, il allait me falloir un temps d'adaptation pour digérer tout ça. Du coup, tout sortit en vrac, comme ça me venait, calmement mais avec un pointe d'ahurissement, je cherchais des réponses auprès de lui presque autant que je me parlais à moi-même.

- Je comprends pas, j'ai jamais entendu parler de quelque chose comme ça! J'ai l'impression d'être en plein délire. Où on est d'abord? Dans quel pays? C'est quoi ici... une organisation internationale du coup? Un truc secret? Militaire? Forcément illégal! On est pas des terroristes non plus! D'où tu viens toi? Et puis il y a des surveillants tu dis mais... c'est pas une prison, tout est ouvert... Qu'est-ce qu'on fait ici?

Non, mais c'est vrai! C'est pas que j'en mourrais d'envie, c'est pas que je voulais retourner d'où je venais, mais j'avais été emmené ici sans aucun jugement! Je m'attendais à ce qu'on m'interroge, à expliquer les choses, à rencontrer la justice, au lieu de ça : le silence et un lieu comme celui-là. J'avais même l'impression d'avoir été enlevé quelque part! C'est drôle il y avait eu une série un peu comme ça qui était passé à la télé il y a pas longtemps... où des flics faisaient leur propre justice en enfermant les criminels impunis sur une île déserte! Mais là, c'était pas le cas! C'était pour qui alors, les récidivistes? Improbable! Pourquoi nous alors? Qu'est-ce que c'était que cette histoire? J'allais me réveiller!

J'étais en train de me révolter contre quelque chose qui me semblait impensable et en même temps j'étais soulagé. C'était pas simple à suivre, déjà dans ma propre tête, alors dans le contexte! Ce coup-ci son sourire ne s'était pas montré aussi efficace. Pourtant, avec un peu plus de recul, je pouvais comprendre l'ambivalence de mes sentiments. Ici, c'était l'inconnu qui me faisait peur, chez moi, c'était la réalité...

De toute évidence, j'étais encore loin de tout comprendre. Darren proposa que l'on aille s'asseoir pour qu'il me donne plus d'explications. Sans doute qu'il avait des choses un peu lourdes à m'annoncer pour prendre cette précaution! Faut dire aussi que c'était plus confortable et sympathique comme ça! Les informations qu'il me donna alors ne furent pas beaucoup plus réjouissantes néanmoins, je commençais à encaisser un peu plus facilement. C'était toujours aussi bizarre mais j'avais la sensation que tout ceci n'était pas un mauvais rêve mais bel et bien la réalité. Est-ce que je m'étais pincé pour en être sur? C'est possible. Anguish... une île perdue. Le réalisateur de cette fameuse série devait avoir une vent de cette histoire, c'est pas possible autrement! Ca y ressemblait! Heureusement juste que les conditions de l'isolement n'étaient pas les mêmes. Je préférais encore mourir plutôt que de passer ma vie enfermé dans une cellule! Cela dit, l'environnement avait l'air accueillant... entre les fous et les assassins, il y avait sans doute de quoi craindre les mauvaises rencontres en effet! Je me demandais comment tout ce petit monde pouvait se perdre dans un tel endroit. Comment vivaient-ils? J'allais bientôt le découvrir puisque désormais je faisais désormais indéniablement partie de cette population.

Après m'avoir éclairci les idées, Darren m'interrogea sur les raisons qui m'avaient amené là. Bonne question... je n'en étais pas vraiment sûr moi-même. Quelle était la chose qu'on pouvait le plus me reprocher? J'avais le sentiment d'avoir déjà payé pour ça... Alors c'était autre chose? Ne nous laissons pas distraire! J'ai posé ma main sur son genou et après lui avoir jeté un oeil, j'ai relevé le regard vers le plafond en répondant avec un sourire.

- Hum... tu l'as dit je crois... je suis un exclu!

Je l'ai regardé à nouveau, lui présentant toujours mes dents blanches, j'avais l'air de trouver cela drôle, l'air seulement... Une petite pression et j'ai retiré ma main. Je n'étais pas tellement sûr d'avoir envie de tout lui raconter à dire vrai. Je n'étais pas sur de trouver les mots, de savoir expliquer... Et puis, il y a certaines choses qu'il ait difficile de partager au tout premier contact. Des choses lourdes à porter qui nous ont déjà valu pas mal de dos tourné et qu'on ne peut pas se pardonner soi-même. Je l'ai regardé et j'ai quand même ajouté quelque chose, histoire de ne pas le laisser sur sa fin.

- Beaucoup de choses se sont passées... c'est une longue histoire. La fin reste confuse... Je voulais m'inscrire à l'université et avancer dans ma vie, que ma famille au moins puisse un jour être fière de moi. Mais... je me suis réveillé à l'hôpital et il y avait des policiers dans la chambre... alors oui, ça doit être le manque de place en prison sûrement! Remarque, c'est sûrement mieux d'être ici que la peine de mort pour vider les lieux!

Je voulais plaisanter une fois encore, et j'ai souri donc mais la vérité est que tout ça restait bien étrange! Cela dit, cette petite conversation me faisait penser à tout autre chose... Je l'ai abordé avec de l'entrain.

- J'ai un petit frère tu sais! Il a neuf ans, il s'appelle Hiroto! C'est vraiment un bon petit garçon!!

Et je ne suis pas un bon grand frère pour lui. La preuve, je ne suis même plus à ses côtés. Il me manque déjà. J'aurais tout fait n'est-ce pas pour le protéger... même tuer quelqu'un... était-ce vraiment une bonne chose? L'idée m'obsédait depuis des mois. Pourtant, si je me trouvais devant la même situation, je ferais à nouveau le même choix. Existait-il vraiment? Etant reparti dans mes pensées, j'avais négligé Darren quelques secondes, j'ai poussé un petit soupir et je me suis retourné vers lui retrouvant le sourire. Peut être qu'un jour, je pourrais en parler avec quelqu'un, peut être même Darren qui sait... mais c'était encore un peu trop frais pour que je puisse tout évoquer aujourd'hui. Quand à ce qui avait tout déclenché...

- Ah!! Regarde!! C'est beau!!!

Mon attention avait réussi à se détourner et je pointais le doigt sur le sol, la lumière avait réussi à s'infiltrer dans cet endroit sombre et laissait entrevoir sur le sol des formes dansantes... j'avais toujours été sensible à ces créations naturelles comme les dessins que formaient les nuages dans le ciel ou ici ceux de la lumière sur le sol, les ombres chinoises aussi mais c'était plus artificiel déjà.

- On dirait un oiseau non? Ah... un lion?

Je semblais tout excité par cette vision. Etait-ce un moyen de fuir la réalité? Peut-être un peu. Disons que j'allais retrouver ici de vieilles expériences... l'exclusion oui. Quand les gens vous rejettent ou vous fuient, il faut bien trouver de l'émerveillement ailleurs et pouvoir le partager avec ceux qui restent à vos côtés! Combien d'heures avais-je passé à fixer le ciel sur les toits du lycée? J'ai rit une nouvelle fois en regardant les formes se disloquer. Il fallait de plus en plus d'imagination pour y voir quelques chose! Avec de l'exercice on y arrive! Avec un air solennel mais amusé, j'ai déclaré avec de la bonne humeur :

- Puisque c'est comme ça... alors, découvrons Anguish! Survivons!!

C'était de grands mots, ça me convenait. Je ne savais sûrement pas ce que cela voulait réellement dire mais pour l'heure ça m'était un peu égal. Après tout, une fois encore, ce n'est pas comme si j'avais le choix! Il fallait juste faire avec et tant qu'à faire autant que ce soit avec le sourire! Je ne savais pas trop ce qui m'attendait, mais de toute évidence, je devais passer par là alors soit! Je me suis levé pour me poster devant lui, mes deux mains sur ses épaules accroupi à sa hauteur, pour un dernier petit coup de cérémonie.

- Thank you, Darren! Je suis vraiment content de t'avoir rencontré, même dans ces étranges circonstances!

Je suis retourné m'asseoir près de lui en riant. Je n'avais pas envie de savoir ce qu'il avait fait de son côté pour se retrouver ici. Ce qui est fait, est fait. Il faut avancer! Trop positif? C'est une erreur?

- Mmm!!! Ca fait du bien! Tout ira bien!

Malgré la situation, malgré les angoisses que ça m'apportaient, je me sentais confiant. Et ce sentiment me faisait me sentir bien. J'avais l'impression de pouvoir déplacer des montagnes et que tout allait s'arranger un jour ou l'autre. Comme si tout était possible. Finalement, je pouvais réellement garder un point positif à travers toute cette histoire. J'avais obtenu ce que je voulais. J'avais mis une fin à ce cauchemar de ces derniers mois. Peut-être que je démarrais quelque chose de pas forcément grandiose ici mais je ne voyais pas comment ça pourrait être pire. Avec tout ce que j'avais traversé, je me sentais capable de traverser cette nouvelle épreuve qui jusqu'à présent ne me semblait pas si terrible humainement parlant. Compliquée, inédite oui, mais elle ne me remettait pas en question. Elle ne modifiait pas mon cheminement, mes croyances. Je me sentais stable, sûr de moi, posé. Oui, j'étais bien. Résultat peut être de mes marques de sympathie un peu trop visible mais qu'importe. Cet endroit avec ses allures fantastiques me semblait presque sorti d'un conte merveilleux et j'avais le sentiment de devoir passer par une histoire de ce genre pour ensuite retrouver le cours normal de ma vie. Une chance finalement. L'occasion de me ressourcer aussi, de repartir sur de meilleures bases. Oui, j'étais très positif sur cette nouveauté dans ma vie. Je voyais pas l'intérêt de baisser les bras maintenant. Un jour, je retournerai au Japon quoiqu'il arrive. Un jour, je ferais face à mon petit frère sans honte.

- Oui, j'ai beaucoup de chance! Il m'a vraiment appris la valeur de la vie!

Ca pouvait paraître un peu spécial d'envisager les choses de cette manière mais c'était voulu. On parle du désir de l'adulte, justement... qui aurait osé avoir un autre enfant après ce qui était arrivé? Quel couple aurait duré? Qui aurait-eu le courage et la confiance de mes parents? Je les admirais vraiment pour ce travail qu'ils avaient accomplis. Ils avaient tout surmontés et ils avaient dédié la vie de cet enfant à mon apprentissage. J'exagère mais j'ai entendu ma mère le dire un jour, c'est donc pas si loin de la réalité. Ca n'a pas été facile tous les jours de lui faire face. Ce petit garçon qui m'aime de tout son coeur, m'admire et veut me prendre comme modèle alors que c'est moi qui apprend le plus de lui. De nous deux, je suis celui qui l'admire le plus. Il a neuf ans aujourd'hui, ce n'est pas rien. Je ne m'inquiète pas, je sais qu'il s'en sortira très bien, il n'est pas tout seul. Le pire dans l'histoire c'est d'être seul. Lorsqu'on se retrouve seul, lorsque personne ne nous porte, ne nous soutient, le monde s'allie contre nous. Tous nos espors s'effondrent. J'en suis arrivé à croire que je n'avais pas le droit de vivre un jour. Je ne le pense plus aujourd'hui. Toute vie mérite d'être vécue. Alors se dire que c'est une mauvaise personne pour se donner du courage et lui faire du mal n'est vraiment pas une excuse et c'est ce qui m'a détruit également. Comme quoi, la théorie est plus facile à intégrer que la pratique.

Tout à coup, Darren me mit face à un problème très étrange. D'abord, j'ai cru qu'il plaisantait. Comment pouvait-il sérieusement me demander une telle chose? C'est pas vraiment le genre de question auquelle je m'attendais pour une première rencontre, même dans cet endroit bizarre. Néanmoins, son regard me forçait à le prendre au sérieux. Laissant échapper ma surprise première, je l'ai fixé alors avec un air un peu hébété sans doute. Faut dire que j'avais un peu du mal à l'accuser sur ce coup-là! Est-ce qu'il était tombé sur la tête? Le pire c'est que je ne pouvais me résiger à cette option. Mon sens logique avait envie de lui rire au nez mais mon coeur cessait de respirer. Si toutefois un coeur respire... Ma confusion était pardonnable sur ce coup-là. Toujours est-il que je ne lui ai pas rit au nez. Au contraire, j'ai commencé à me poser sérieusement la question, je ne sais même pas encore pourquoi. Sans doute, l'intime conviction qu'il attendait une réelle réponse de ma part.

Je ne voulais pas le décevoir, pour autant je ne pouvais pas affirmer quoique ce soit sans réfléchir. Ce n'était pas une question à laquelle on répond sans hésiter "Mais oui, bien sûr! Pas de problème!". Il était en train d'évoquer la mort et personnellement je n'avais aucune envie de mourir, même pour qui que ce soit! Soyons honnête! La mort était bien la chose qui m'effrayait le plus au monde et j'étais sûrement pas le seul. Comment pouvait-on donner sa parole si facilement? L'idée me faisait surtout frissoner et sincèrement à me poser cette question, il me faisait soudainement peur. Je m'étais peut être trompé... cet endroit me semblait d'un seul coup plus inquiétant qu'il ne me le paraissait jusque là. Relativisons, Darren y était depuis longtemps... il avait pas l'air si mal que ça. Pourtant il n'y avait aucune plaisanterie dans son regard, soit il était très bon acteur, soit il était sincère. Aaah!!!! Qu'est-ce que c'était que ça?

Je ne trouvais pas de réponse à donner. Tout ça était encore beaucoup trop sombre et incompréhensible pour moi. J'avais besoin de comprendre. J'étais convaincu que ma réponse avait une importance pour lui et par conséquent je ne voulais pas me tromper. Prudemment, je l'ai donc interrogé davantage.

- Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre... Tu veux dire, c'est à ce point là ici?

Comme d'habitude, j'ai eu le réflexe de dédramatiser la situation plaisantant un petit coup, histoire de rire quelques secondes mais mon coeur continuait de battre plus fort dans ma poitrine, attendant la suite.

- On dirait un commando, ou je ne sais quoi de ce genre!

C'était sûrement pas le bon mot, mais je manquais de vocabulaire encore dans cette langue, surtout pour désigner quelque chose d'aussi particulier. J'ai vite retrouvé mon sérieux comme je le disais et ma phrase suivante le confirma.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là? Explique-moi. Désolé mais je peux pas te répondre à quelque chose d'aussi terrible sans savoir. On est pas dans un film, c'est pas si facile! A quoi tu penses?

Je ne cherchais pas à fuir la réalité mais plutôt à l'affronter dignement! J'étais solide, je pouvais affronter pas mal de chose mais j'étais pas prêt à gaspiller ma vie sans savoir pourquoi! Pour sortir d'ici? C'était valable oui! Mais les conditions étaient à prendre en compte! Je devais tout savoir avant de m'engager dans quoique ce soit!

Sa question avait effectivement achevé de me déboussoler, pourtant je pensais déjà avoir atteint un bon seuil! Je suis donc resté assez perplexe. J'ai cru qu'il allait abandonner et peut être que tout semblerait normal, ce serait plutôt rassurant, en même temps cette perspective me frustrait. J'avais mis les pieds dedans, il était trop tard pour fuir et fermer les yeux sur la réalité. Je préférais savoir. J'avais fait suffisamment de mauvais choix dans ma vie, je ne voulais plus supporter ce genre de contrainte. Je voulais être sûr de mes décisions, des partis que je prenais. Cela dit, quand je lui ai demandé des explications, je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait... et encore moins que, ce qu'il allait me révéler par la suite allait dépasser l'entendement! Innocent et ignorant tout d'Anguish, j'ai accepté de le suivre sans une hésitation. Peut-être le regretterai-je un jour...

Je l'ai donc suivi, sans oser dire un mot, il avait un air tellement solennel, je n'ai pas voulu le perturber et puis, j'étais curieux également. J'avais une véritable soif de découverte, un besoin d'explication. Nous sommes arrivés devant ce qui ressemblait à un cimetière. J'ai ralenti, le laissant prendre un peu d'avance. L'évocation du cimetière n'était pas particulièrement tentante il faut dire. Quelques fantômes continuaient de me hanter... J'ai posé mes deux mains sur la grille avant de gratter un peu de rouille, juste le temps de prendre un bon bol d'air frais. Je pressentais que j'allais en avoir besoin. J'ai mis ensuite mon histoire au placard pour aller à la rencontre de la sienne. Je l'ai rattrapé alors dans les allées du cimetière. La vue des tombes alignées me faisait déjà froid dans le dos habituellement, alors aujourd'hui... Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer que chacune de ces pierres représentaient quelqu'un, quelqu'un qui avait eu une vie, une histoire. Je ne pouvais que frissonner que la vie avait continué après leur disparition, comme si de rien était ou presque. Je ne pouvais qu'imaginer alors ce vide terrifiant que représentait la mort. C'était tellement oppressant. J'étais pu un gamin mais ça continuait à me retourner la nuit, sans aller jusqu'au pire de mes cauchemars. J'avais pas dit que je mettais mon histoire de côté? Je ne pouvais pourtant empêcher cette réalité de me combler d'horreur. Faut dire qu'il en rajoutait une louche. Je crois que mon regard exprima alors très bien mon ressenti, inutile d'y ajouter un quelconque discours.

Nous avons alors continué cette sombre visite. J'avais l'impression qu'il les connaissait tous... depuis quatre ans qu'il était là, cela faisait beaucoup de mort. Il s'arrêta sur l'une d'elle, s'agenouillant, je suis resté troublé, piqué comme un con derrière lui. Tout ce que j'ai été en mesure de faire, c'est de l'écouter. J'étais pétrifié par ce qu'il me disait. Une boule me montait dans la gorge mais rien ne sortait. C'était juste terriblement lourd et ce n'était pas fini. Toutes ces tombes... les paroles de Darren, un peu plus tôt, me revenait en mémoire. Sur chacune de ces pierres se trouvait l'espoir perdu de ce qui s'y terraient. Quel désastre! J'ai continué de suivre Darren au milieu de cette épouvante. Nous avons quitté le cimetière, ce qui ne m'a pourtant pas soulagé, j'étais bien trop choqué. Marcher m'a fait du bien mais je savais que ce n'était pas terminé et qu'il en avait encore à me raconter.

Il a ralenti l'allure et mon regard s'est perdu sur une jolie fleur plantée sur un petit tas de terre, de toute évidence entretenue, comme le ferait un enfant pour la tombe de son chat ou de son chien au fond du jardin. Faut avouer que des fleurs j'en avais pas croisé beaucoup jusque là. Je n'avais pas remarqué en arrivant ce que signifiait ce paysage aussi désertique... il représentait pourtant si bien l'absence de vie qui régnait ici. Ce n'était pas un animal mais un bébé. L'enfant de Darren. Je croyais avoir fait le tour de l'horreur de ces lieux quand il me décrivit la mort de son enfant, qu'il avait tué lui-même pour le sauver de cet enfer. Je ne sais pas comment mon coeur réussissait encore à battre. J'étais à présent totalement abattu. Je me sentais totalement aréactif, paralysé par tout ce qu'il venait de me dire et dans le même temps, j'avais une terrible envie de vomir de toutes mes tripes. Quel goût infernal! Quel horreur!! J'étais touché au plus profond de mon être et j'allais avoir du mal à m'en remettre.

Je crois que s'il n'était pas revenu vers moi, que s'il n'était pas venu me fixer avec une telle insistance, je me serais juste effondré sur place. Je ne pouvais plus respirer. Heureusement, son regard me rappela à l'ordre, me fit retrouver le goût de la réalité. L'émotion m'avait totalement envahit. C'était ingérable. Je n'ai pas douté de sa parole un instant. Ce qu'il racontait ne pouvait s'inventer. Ma gorge était totalement nouée, je n'étais pas sur de réussir à sortir un son correct pourtant je voulais vraiment lui répondre. Sur tout ce que je voulais exprimer, peu de choses en est sorti.

- J'en suis. Le commando. Ok.

Quoi? Est-ce que j'avais conscience que j'étais en train de vouloir m'engager dans un truc à dormir debout, ce que je trouvais impensable dix minutes plus tôt? Alors que finalement je n'avais pas beaucoup plus de détail? Je ne sais pas. Il n'y avait juste pas d'autre réponse à donner. Autant commencer toute suite que refuser d'y croire. De toute évidence, j'allais être confronté à tout ça plus vite que je ne le souhaitais. Hors il n'était pas question de baisser les bras si facilement!

Jusque là, j'avais toujours été enfermé dans ma petite bulle. Un espace privilégié qu'il n'avait pas toujours été bon d'habiter et qui contenait un certain nombre de personne pour qui j'étais prêt à faire beaucoup de choses. Ce que je ressentais à cet instant-même était totalement différent. Il ne s'agissait pas de se battre pour quelqu'un mais pour une cause, et quelle meilleure cause que la vie? Le droit de vivre, de sourire, de s'amuser, rien que celui de respirer librement. Je me demandais si c'est ce que ressentent les soldats que l'on voit dans les films qui parviennent à dépasser leurs propres peurs pour se lancer courageusement droit sur la mort des champs de bataille, où ceux qui pire encore, ce sont lancé en mission-suicide, acceptant de sacrifier leur vie. Je n'avais pas vraiment compris ce point de vue jusqu'à cet instant présent, je trouvais cela absurde, je voyais cela comme du gâchis. A présent, je me voyais comme l'un d'entre eux, un peu hagard et sans armure, se demandant comment il s'est retrouvé là mais ne pouvant plus faire marche arrière. Nous ne sommes qu'une petite poussière sur cette terre, et comme nous des milliards de poussière se débattent pour survivre mais cette poussière est tout ce que nous possédons, tout ce à quoi nous avons droit, un trésor à chérir. Je n'avais pas changé d'avis, mes propres peurs n'avaient pas diminué mais mon horizon avait grandit. Il n'y avait pas que ma petite personne à protéger, il y avait toutes les autres. Ca paraît un peu grandiose d'un coup, un peu héroïque, j'avais pourtant conscience que ça ne l'était pas. Je n'étais pas différent de celui qui avait un jour serré une arme dans sa main et attendu au coin d'une ruelle près à bondir, comme un lion en chasse. Comme ce jour-là, je prenais conscience, qu'à un moment donné, il faut agir.

J'étais pas encore en mesure de faire face totalement, d'y croire et d'y mettre de l'assurance mais je n'avais pas le choix, je devais me battre pour ces valeurs-là. Pour la vie. C'était justifié. Même si je ne pouvais imaginer mourir dans cette bataille... Malgré ce moment de faiblesse, j'ai continué à en demander davantage.

- Concrètement?

Cette simple évocation commença à me redonner un peu de vitalité. Il fallait qu'on reparte dans le vivant là! J'avais besoin de penser à quelque chose, de puiser l'énergie qui fait déplacer les montagnes et qui masque les coeurs qui saignent d'un rayonnant sourire. J'allais y arriver. Tout ira bien! Au fond, j'avais confiance. J'avais juste besoin d'une ou deux minutes encore pour accuser le coup, après tout ira bien. Je ne pouvais juste pas le laisser continuer de penser qu'il valait mieux sacrifier la vie de ceux qu'on aime plutôt que de souffrir ici. Il faut toujours garder espoir. Je ne pouvais vivre dans l'angoisse, j'avais besoin de positiver toujours afin d'avoir le courage de continuer à aller de l'avant. Je ne voulais pas renier ces principes pour lesquels je m'étais tant battu. Tout ira bien!

[Désolé du retard !! Pas mal de boulot et la réponse que je voulais envoyer s'est désintégrée à cause d'une mauvaise manip' >< Ma réponse n'est donc pas bien terrible ! Sorry ! ^^]

Alors que je commençais à reprendre mes esprits et que déjà les pensées fusaient à l'intérieur, Darren m'amena à l'écart pour de nouveau nous installer plus confortablement. Il fut alors un peu plus clair... me permettant d'imaginer ce à quoi pouvait ressembler le fameux commando. Je crois que pour ma part ce nom allait rester. Après tout, il faut bien nommer les choses et je ne trouvais pas de mot dans cette langue plus approprié que celui-là. Ce n'était pas le type de vocabulaire que j'avais pensé à approfondir... Si on m'avait parlé de tout cela avant de m'envoyer ici, je n'y aurais pourtant pas manqué! Il y avait quelque chose que je ne saisissais pas dans ses propos. Quel était vraiment ce mouvement de révolte si tout ce qu'il comptait me demander était de me taire et d'être discret. Je m'attendais quand même à quelque chose d'un peu plus actif. Je doute bien qu'il ne me parlerait pas de manifestations ou de quoi ce soit de ce genre, évidemment inutile en vu de ce qu'il disait mais quelque chose de réel tout de même. Mais peut être que dans les fameuses réunions qu'il évoquait, on discuterait de quelque chose de plus concret. J'espère du moins! Si c'est pour manger des petits fours, je vois pas l'intérêt! Bref, j'allais quand même pas me montrer sceptique dès le début, si? Cela dit... sortir d'ici devait être effectivement bien complexe. Savaient-ils seulement par quel bout s'y prendre?

Si je ne pouvais encore me faire d'image précise de ce que ce projet serait pour moi, je devais reconnaître que ce flou me permettrait au moins d'ici la prochaine réunion, comme il le disait, d'explorer un peu plus les lieux et peut être d'avoir une idée plus précise de ce que nous pourrions mettre en place. Et en réfléchissant un peu, ça me semblait être une chance à saisir qui me permettrait aussi d'avoir le recul suffisant pour me lancer sans le regretter par la suite. Au moins, je ne risquerais pas de commettre les mêmes erreurs que dans le passé. Je n'aimais pas l'idée de devoir me méfier des gens, néanmoins c'est une réalité. Me taire sur ce que je venais d'entendre c'était quelque chose de totalement faisable.

Peut être que pour l'heure ils en étaient qu'au recrutement. C'est ce que l'idée me faisait penser soudainement. Peu importe. Ne rien dire et être discret ne voulait pas dire ne rien faire. Surtout cela n'empêchait pas les rencontres. Rencontres qui pouvaient ensuite aboutir à autre chose. Je comprennais qu'il fallait être extrêment prudent et j'étais du coup assez surpris qu'il m'est accordé sa confiance aussi vite. Il ne savait absolument rien de moi. Je me demandais en quoi j'avais pu devenir quelqu'un de fiable... parce que je n'étais pas encore formaté à Anguish? L'avenir et ce temps de latence me le diront sans doute. J'avais pourtant déjà hate de participer à cette réunion. L'idée de rester inactif était quelque chose de difficile à saisir pour moi. J'avais un tel besoin de bouger, de vivre. Et un devoir également. Mais je ne pouvais rien dire avant d'avoir vu comme les gens vivaient ici. C'est ce qu'il me laissait penser en tout cas, raison pour laquelle je n'ai aucunement chercher à le contredire. Inutile de vouloir aller trop vite.

Quand à être solide et discret, je pouvais le faire également. Je pensais être suffisamment solide pour traverser pas mal d'épreuves en vu de ce que j'avais déjà vécu. Et pour la discrétion... c'est un art que j'avais étudié par nécessité. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un mode de vie par contre. On allait bien voir! J'avais l'avantage aussi je pense d'avoir déjà appartenu à un groupe auparavant, même si ça n'avait pas été une jouissance de tous les instants. Enfin tout ceci n'avait que l'unique vanité de me rassurer moi-même! Il faut être sur de soi pour avancer. J'avais donc besoin de m'en convaincre avant de le lui promettre et j'y étais parvenu.

- Tu peux me faire confiance.

J'avais choisi de rester sérieux, petite exception. Il y a des instants il faut savoir l'être. Mais rapidement, j'ai retrouvé mon sourire et mon enthousiasme. J'ai même rire pour le titiller un peu.

- Mais en toi, je sais pas!! Tu ne me connais pas et tu me déballes tout ça! Je suis ravi que tu l'es fait mais c'est quand même pas très prudent! Tu as de la chance que je mette de la valeur à mes engagements! Même en adhérant pleinement à ce que tu dis, quand on ne connaît pas, on pourrait facilement changer d'avis par la suite! Surtout vu ce que tu décris! Même si je jure le contraire, ça pourrait m'arriver d'ailleurs. J'espère que ce ne sera pas le cas. Je veux sincèrement vous aider. Je ferais de mon mieux.

J'étais honnête derrière mes sourires. Les pires menaces peuvent faire faire n'importe quoi, j'étais bien placé pour le savoir. Je ne pouvais donc pas le nier.

- Je suis content.

Ma conclusion. J'avais un tas de raison pour l'être, même si ça semblait bizarre de dire cela. Participer à ce combat me semblait être mon chemin de repentance avec les risques qui s'y associaient, une chance à saisir. Des espoirs à conserver.

Quel projet! Si un jour on m'avait dit que je me retrouverais dans une telle situation, je ne l'aurais jamais cru! Darren semblait vraiment prêt à donner sa vie pour se projet, comme s'il était la dernière chose qui lui tenait à coeur. Il m'était vraiment sympathique malgré son désarroi. J'étais content de pouvoir lui apporter quelque chose. J'avais un peu mis en doute ses capacités mais je n'étais pas vraiment inquiet. Toutefois, j'en étais pas totalement sûr mais j'ai eu la sensation de percevoir un fond de menace dans sa voix, qui me fit d'ailleurs perdre mon sourire alors que je cherchais à vérifier mon hypothèse.

- C'est une menace?

Des menaces, je n'avais connu que ça dernièrement. Incidieuses, provocantes, masquées ou bien directes, toutes les sortes et pour tout dire ça ne me plut pas vraiment d'en entendre dans sa bouche. J'aurais pas du être surpris... dans tout groupe de ce genre, surtout si la pression est aussi énorme qu'il le décrivait, la menace était forcément présente. Je l'avais vécu comme je le disais. Et la pire des menaces était en effet celle qui pesait sur l'être aimé... je pouvais donc comprendre le risque que comprenait le fait de tenir à quelqu'un et à quel point ça pouvait nous entraîner dans la déperdition. J'avais tué pour ça. M*rde, j'avais tué pour ça! Et j'avais nullement l'intention de recommencer. Pourtant si le deal revenait, je ferais le même choix. Alors entendre ça maintenant, ça me plaisait pas. C'était peut être ma faute pourtant, c'est moi qui avait émi des doutes à son sujet alors qu'il m'avait fait confiance, c'était sûrement ma faute oui.

Mais la vérité est que je ne partageais pas du tout son avis. Peut-être que lier une amitié dans un tel contexte était effectivement un risque important, un risque de souffrir et de faire souffrir mais je ne pensais pas qu'il ne méritait pas d'être pris. Je préférais me mettre d'accord avec mes amis, que même si l'autre mourrait, que même si l'autre était torturé sous mon nez, je ne dirais rien, je continuerais mon chemin vers la cause en m'appuyant sur notre amitié, sur nos promesses, sur nos croyances plutôt que d'agir avec ceux qui ne sont liés que par les menaces et la peur. Ceux qui trainaient ensemble sans amitié, sans autre lien que ce but commun. Je l'avais vécu. Je voulais vivre autre chose aujourd'hui. Si ce n'était pas avec Darren, je trouverais quelqu'un d'autre mais il était hors de question que je me perde de nouveau dans un tel cynisme. L'amitié est une force. Les bons moments passés ensemble quoiqu'il arrive ensuite sont précieux et sont ceux qui nous permettent de tenir quand les moments sont durs. Je croyais en tout cela, même si j'avais souvent été seul. Un jour, un ami m'avait convaincu de la valeur de l'amitié et depuis j'y tenais beaucoup. Je pense que cette idée de menace m'avait un peu emballé, que Darren voulait juste me faire comprendre à quel point tout ceci était important pour lui et je ne lui en voulais pas. J'avais bien compris qu'il avait vécu l'enfer et tout ici devait être difficile pour lui. Il avait indéniablement perdu une masse d'être chers, j'imaginais bien à quel point ça pouvait être destabilisant et faire perdre toute fois en ses valeurs premières. Je ne pense pas pourtant qu'il faut abandonner. Plus facile à dire sans doute... Cette idée de rebellion devait être la dernière chance qu'il lui restait et rassemblait sans doute tout ses espoirs. Je pouvais le comprendre.

- Sache juste que si c'est ce que tu avais en tête, ça sert à rien. Tu en perdras plus que tu n'en garderas. Ca soude pas... pour faire ça, il faut être soudé, quoiqu'il arrive. C'est pas simple mais c'est pas impossible. Il faut apprendre à se connaître, savoir qu'on peut vraiment compter les uns sur les autres. Et si malgré ça, la trahison survient... tant pis, tu l'acceptes parce que tu peux la comprendre, parce que tu as confiance, parce que rien n'est simple, que tout le monde fait des erreurs.

J'étais pas certain de le convaincre, je pense qu'il avait déjà son idée là-dessus. Peu importe. Soit lui, soit moi, l'un ou l'autre, on finirait par se rejoindre si on continuait sur cette voie. Penser la même chose. Marcher sur le même chemin. C'était son but, c'était le mien. Je ne le connaissais pas mais j'avais compris que semblait être ses lieux et j'approuvais son projet de le quitter. Je voulais un jour revoir ma famille. Et je pensais sincèrement que personne ne méritait d'être ainsi mis à l'écart, quoiqu'il ait fait. Je pensais vraiment que tout le mal qui existait dans ce monde était à combattre mais pas en éliminant les gens... Je savais aussi que mes idéaux n'avaient aucune valeurs et que dans la réalité ils étaient vains. Jamais le monde ne serait tout rose mais ça n'empêchait pas que je voulais que ma vie le soit. J'en avais assez de voir les gens s'entretuer. Je voulais juste y croire, même si ça devait m'en coûter. Alors oui, je voulais me lancer dans ce projet et garder ce but en tête, une motivation parfaite pour affronter le quotidien d'Anguish.

Darren me fit une tape amicale et m'assura qu'il serait toujours là si j'avais besoin de quoique ce soit, j'ai souris et acquiescé énergiquement pour le remercier. J'adhérais totalement à ce qu'il me disait, cela me semblait le plus sage et le meilleur à faire pour l'instant. Je devais prendre mes marques et apprendre à connaître les habitants des lieux. De toute façon, Rome ne s'est pas construite en un jour. Ce projet prendrait du temps... j'espérais être là suffisamment longtemps pour le voir évoluer et aboutir.

- Maintenant que tu le dis, oui j'ai drôlement faim, c'était un sacré voyage pour arriver ici, si tu sais pas où on est, en tout cas on doit pas être dans une île du Japon!

Je souriais de manière tout à fait sympathique de nouveau. Je voulais croire en lui, autant qu'en son projet!

HJ : désolé c'est très court ^^



HJ : Tu veux qu'on continue en cuisine ? xD

HJ : Dsl du retard! Pour la cuisine, je crois que tu m'y as déjà emmené du coup je poste là-bas si j'ai bien compris... on s'y retrouvera!