C'est du sang???? 0.0 [PV Keiji]

Deuxième jour dans cette prison infernale… Et Charlie gardait ses petites habitudes de duchesse. Ses rencontres jusqu’à maintenant ? Elle avait d’abord retrouvé une ancienne amie à elle, une certaine Diva Handcott qu’elle n’avait pas croisé depuis sa déportation forcée (remarque, sinon, ça ne serait pas vraiment une déportation xD) dans la maison de redressement en Allemagne. Enfin… Au moins maintenant, elle parlait aussi bien l’Anglais que le Français et L’Allemand ! Enfin, il y avait eut ça, cette blondinette alors amaigrie avec laquelle elle avait revisité el passé en prenant une bonne douche bien revigorante qui lui apprit plus tard qu’elle était… Enceinte. ENCEINTE ?! 0.0 OMFG ! Comment pouvait-on accepter de porter un bébé ici ? Et puis même, un bébé ça suppose… S’en occuper ou au moins, savoir quoi en faire par la suite. Comment un petit être innocent comme ça allait survivre dans un château aussi sordide ? Néanmoins, elle ne s’était pas posé plus de question, ce n’était pas elle qui portait un gnome dans le tiroir n’est-ce pas ? Bon… De toute façon, elle ne pouvait pas avoir de môme. Elle ne pouvait plus… Depuis qu’elle eut ses règles pour la première fois à 11 ans, la belle prit soudainement peur… Une peur de bleue de grandir. Elle ne voulait pas devenir femme. Elle refusait de voir son corps changer ! C’est comme ça qu’elle tomba dans l’anorexie puis dans la boulimie. Aujourd’hui, elle mangeait… mais elle vomissait à peu près tout ce qui passait par son estomac. Et comme le savent tous ceux qui sont allés à l’école au moins jusqu’à 14 ans, quand le corps ne reçois pas ses nutriments nécessaires, il bloque ce qui lui paraît le moins « indispensable » en premier et va puiser dans les réserves et dans les muscles. Et voilà, cela faisait prêt de 4 ans que Charlie n’avait plus eu ses ragnagnas. Elle trouvait ça pratique et ne s’inquiétait nullement des conséquences cardiaques ou autres. Elle était encore jeune après tout, tout cela lui vaudra des problèmes lorsqu’elle aura atteint 40 ans ! Mais rien n’était vraiment sûr, il suffisait qu’elle mange à nouveau normalement pendant un mois et c’était reparti ! Rah, dure la vie…

Mais passons… Comme seconde rencontre ? Le beau et… Ténébreux Shean. C’était ainsi qu’elle aimait se le représenter dans sa tête, ce garçon cynique, froid mais pas si méchant tant qu’on le caresse dans le sens du poil. Elle l’aimait bien oui… Mais elle ne le connaissait pas encore vraiment. Le revoir serait une aubaine… De toute façon, il y avait de fortes chances qu’ils se recroisent très bientôt étant donné qu’elle lui devait toujours quelque chose. Et oui, comme il ne l’avait pas violée, elle lui avait promis qu’en échange, elle lui donnerait bien mieux. Et c’est ce soir qu’elle comptait le faire à condition qu’elle trouve quoi se mettre… il allait être ravis le petit bonhomme ! Si seulement la naine retrouvait son chemin U_u En effet, elle avait quitté son dortoir tôt dans la matinée – vers 6 heures – et s’était dépêché de trouvé de quoi manger pour ensuite avoir la force de se préparer toute la journée aussi bien psychologiquement que physiquement. Ce n’était pas comme si elle allait courir un marathon mais presque… Or elle avait aussi une heure de chant ce jour-là et deux autres de piano. Bon… Il lui faudrait jongler avec les minutes. Revêtissent une jolie petite robe aux couleurs printanières, elle enfila ensuite des bas blancs immaculés qui lui serviraient de collant puis deux petites chaussures d’écolière. N’était-elle pas craquante ainsi vêtue ? Enfin, elle emprunta le couloir de la salle menant à aux douches et se coiffa. Elle avait dormi avec des bigoudis sur la tête, lui donnant – une fois détaches – des allures de poupée Anglaise. Elle se noua ses ravissantes boucles en arrière à l’aide d’un nœud s’accordant avec sa robe puis, satisfaite, termina par un petit coup de blush sur les joues, histoire d’avoir bonne mine. Ayé, elle était prête à attaquer la journée !

Refermant sa trousse de toilette, elle écouta son estomac gronder. Affichant une mimique blasée, elle se retint de lui filer un coup de poing et s’en alla au moment ou une autre fille entrait dans la pièce. Sans le vouloir, elle la bouscula… mais ne s’excusa pas pour autant non mais. L’autre ne trouva pas ça très à son goût et manifesta son mécontentement en l’attrapant par le col :

« Nan mais toi c’est bon, t’es grillée la crevette ! »

Charlie tenta de la mordre mais ça ne menait à rien, au lieu, elle se prit une gifle mémorable qui lui arracha un cri de douleur mais surtout de honte. Mais… on n’avait pas idée de la traînée ainsi ! O.O Savait-elle a qui elle avait affaire ? Charlie De Volanges ! Princesse et unique digne héritière de… Bon, elle s’en fichait. Okay…
A peine 3 minutes plus tard, après s’être fait traîner dans des escaliers, on l’envoya valser dans une autre salle qu’elle ne connaissait pas.

« Tiens ! Restes-y ! » Gueula la fille avant de lui claquer la grosse porte de métal au nez.

La blondinette se redressa et… Commença pas épousseter sa robe. Non, elle ne répondit même pas, trop intriguée par cet endroit… Lorsqu’elle se retourna, elle ne vit presque rien. Il faisait bien trop sombre… Plissant les yeux, elle s’avança à tâtons jusqu’à toucher quelque chose de dur… C’était quoi ça ? Approchant son joli minois de l’objet en question, elle sentit alors l’odeur du sang. Immédiatement rebutée, elle fit un saut en arrière d’au moins un mètre et bouscula autre chose. Cette fois, cela fit un bruit monstrueux de métal rouillé qui s’abattait sur le sol, à tel point que la donzelle dût se boucher les oreilles… Mais où était-elle tombée ?? Essuyant ses doigts sur le pan de son vêtement, elle entendit encore autre chose. Un bruit venant de derrière elle. Ravalant sa salive elle afficha tout de même un minuscule sourire genre « Ahah, même pas peur… »

« Bon ça va hein, assez joué ! J’suis seule ici oui ou crotte ?! C’est franchement pas drôle ! Et j’vous préviens j’suis armée et super dangereuse alors m’approchez pas ! »

Hum… vachement crédible.

Charlie avait toujours eu peur du noir. Depuis toute petite chaque fois qu’elle se retrouvait par un moyen ou un autre dans une pièce sombre ou pire, dans une forêt en plein milieu de la nuit… Elle se mettait à paniquer. C’était sa phobie, et une phobie d’ailleurs normalement commune à tous les enfants… mais pour la plupart, elle disparaît. Avec le temps… Avec l’âge et la sagesse. Or en ce qui concerne notre princesse, elle n’avait hélas pas cette chance. Aujourd’hui encore elle craignait les coins obscurs. Autant vous dire que dans cet endroit, ce château lugubre, elle était servie ! Descendre des escaliers sans savoir ce qui se trouve au début, au milieu ou à la fin la terrorisait, et son imagination débordante n’ajoutait rien de bon à tout cela. En effet, vers 13 ans, elle en avait fini avec ces histoires de fantômes… C’est aussi à cet âge là qu’elle devint friande des films d’horreurs. Durant une année entière elle ne regarda qua, sans qu’elle n’en ressente le moindre effet secondaire. C’est un matin, un matin comme les autres, que tout cela changea. La journée passa rapidement, mais contrairement aux autres jours, elle craint le soleil qui s’affaissait péniblement dans le ciel, laissant la place à au satellite naturel de notre belle planète. C’est à partir de ce soir qu’elle imagina se réveiller entourée de zombis friands de chair humaine, ou encore, que le Boogyman se cachait sous son lit. Depuis lors, elle ne sort plus ni une main et ni un pied hors de son matelas, de peur que quelqu’un – quelque chose – ne s’en empare. Pourquoi pas une main squelettique ? Ou ce fou qui a tué le chien d’une petite fille pour écrire en lettre de sang dans son garage « es-tu sûr que c’est ton chien qui t’a léché la main ? ». Hein ? Et s’il était là lui aussi ? Ou pire ! Si elle se faisait poursuivre par un esprit vengeur ou quelque chose comme ça. Un tueur psychopathe ! Jason ! Freddy Krueger ! L’Homme citrouille ! Le cavalier sans tête ! L’épouvantail de jardin d’à côté qu’une sorcière malveillante à réveillé !! Ahhhhhh !!! Bon, comme vous pouvez le constater : le noir n’était pas son ami. Bien au contraire.

Mais cette salle… Qu’est-ce que c’était au juste ? Pourquoi cette odeur épouvantable de sang ? Et ces objets tranchants ? Qu’est-ce qu’on pouvait bien faire ici, caché de tous ? Egorger les cochons pour le dîner. C’est ça ! Elle était tombée dans la réserve du boucher ! Non, très franchement elle n’y croyait qu’à moitié. Terrorisée, la belle tentait tout de même de garder un minimum de sang-froid tant qu’elle n’aurait rien entendu de suspect. Or c’est évidemment ce qui se produit au moment où elle fit tomber je n’sais quoi qui rebondit sur le sol en un boucan monstrueux. Elle avait d’abord sursauté en poussant un petit cri de surprise, Puis elle s’était collée au mur de façon à ce que personne ne puisse lui planter un couteau dans le dos, pas même Dracula ! Sauf que Dracula plante ses dents dans le cou, on est d’accord… Les bras maigres de l’aristocrate se mirent à trembler, comme deux petits bâtons de chair qui attendaient le pire. Il ne faisait pas chaud non plus ici… En aucun cas cette atmosphère pouvait être considérée comme… Rassurante ou chaleureuse. Tournant son visage devant, derrière et sur les côtés, elle attendit que quelqu’un se manifeste. Et de préférence… Pas le monstre de Frankenstein. C’est alors qu’une flamme vive vint lui brûler l’épaule, comme une étoile éphémère que l’on aurait étouffée entre deux doits. Elle disparue aussi vite laissant la petite héritière en train de se frotter la peau vivement, la mâchoire serrée. La surprise avait été si grande… Qu’elle n’avait même pas pu crier. Au lieu de ça, son cerveau avait fonctionné au ralenti et il lui fallut quelques secondes pour qu’elle réalise que seule une présence non extoplasmique eut été capable de faire ça.

« Tu as l'air de l'avoir mise en colère... quel crime mérite donc pareil châtiment? »

Une voix… Masculine qui plus est. Et non loin d’elle encore en plus. Charlie reprit une grande inspiration en s’agrippant aux pierres qui formaient le mur crasseux derrière elle. Sa poitrine la faisait souffrir, annonçant un prochain moment de panique. Elle se trouvait au bord de la crise phobique, mais qui était là ?! Un Gobelin ? Un Orque ? Un farfadet ? Et pourquoi l’avait-t-il brûlée et… mais… Sa robe ! C’est en glissant deux doigts dessus que la délicate petite poupée remarque que le pan avait été découpé… Une ligne droite, et précise. L’énervement, la colère lui monta au nez alors qu’elle empoigna au hasard quelque chose entre ses petites mains. De haut de ses 1m55, elle eu tout le loisir de se rendre compte que, ce qu’elle venait d’empoigner était au moins 2 fois plus grand qu’elle. Fronçant les sourcils elle le jeta plus loin pour se jeter sur une table. Elle ne voyait rien mais ses mains réfléchissaient pour elle en fouillant un peu partout, faisant tout tomber autours d’elle en un vacarme métallique, encore une fois. Enfin elle réussit à s’emparer d’un long couteau… plutôt pratique. C’est au même moment qu’elle tendit le bruit sec mais aigu d’un loquet que l’on ferme. Non ! Cette ordure venait de les enfermer tous les deux dans un 8 Clos terrible ! L’enfer… C’est les autres… Aucun doute là-dessus.

« E-écoutez je… Je n’ais rien fait d’accord ? On n’se connaît même pas et tout ce que j’voulais c’était monter me couch… ME DOUCHER je veux dire ! Et j’ai bousculé cette fille sans l’faire exprès et voilà, elle m’a envoyé ici. J’vous en pris, allumez la lumière… Je n’vous veux aucun mal c’est promis. Vous m’entendez ? »

Son souffle ce fit plus haletant au fur et à mesure qu’elle parlait, et sa voix s’éteignait progressivement. La peur du noir était terrible… Et paralysante. Au bout de nerf, Charlie ravala difficilement sa salive tout en se mordillant la lèvre inférieure avec insistance. Elle avait la sensation d’être dans un trou noir, ou dans une boîte plus exactement. Une boîte qui se resserrait petit à petit… Clignant plusieurs fois les yeux, comme si cela allait servir quelque chose, elle reprit :

« Où étes-vous ? N’est-ce pas un peu… un peu lâche de s’en p-prendre à une gamine aveugle ? Oh si vous v-voulez me faire du… Du… Du mal, ce sera facile, on n’peux pas dire que je sois très… Très costaude. »

Elle avait rit, mais d’un rire purement nerveux, un rire jaune aussi… Son arme toujours brandie en avant, elle fit en sorte de donner quelques coups en cercles un peu partout autours d’elle afin que cet individu ne l’approche pas. Est-ce que tout cela allait servir à quelque chose ? Peut être pas… Mais elle refusait de céder à la souffrance. Comment vaincre une phobie ? L’affronter. Reniflant, Charlie laissa tomber une petite larme sur sa joue pâle…

« Pourquoi vous faites ça… Pourquoi ? C’est si amusant de me faire peur ? J’ai l’air d’une blondasse cruche par-dessus la marcher ?! LAISSEZ-MOI SORTIR !! »

Toujours son arme à la main, elle courue droit devant jusqu’à trouver la porte sur laquelle elle se cogna violemment et tenta de l’ouvrir plusieurs fois par des gestes brutaux et guidé par l’angoisse. Non… C’était fermé. Le p’tit con !

Ah oui, le noir peut s’avérer un véritable allié en certaines circonstances… Mais en l’occurrence, Charlie n’en voyait pas l’intérêt dans sa propre situation. Elle tremblait à l’idée que cet homme puisse être juste à côté d’elle et la surprendre n’importe où et n’importe quand. Ça pour sûr, il devait bien s’amuser ce barge ! Que pouvait-il y avoir de plus drôle pour une chauve-souris que d’observer trembler comme une feuille sans déjeuner ? Non, elle n’allait ni mourir et ni être blessée ! Ou du moins, elle allait se battre pour ne pas terminer ainsi. Elle n’était pas de ces hystériques qui gueulent jusqu’à crever les tympans de leurs adversaires, mais plutôt de ces filles qui tentent un travail sur soi sans toujours y parvenir mais… c’était déjà un début. Quelle angoisse… Comment sortir d’ici maintenant que cette maudite porte était fermée ? En plus, elle s’était à moitié assommée dessus en fonçant comme une dégénérée. Okay, au moins, son interlocuteur n’avait pas eu le loisir de se marrer en découvrant sa tronche déconfite et blasée ainsi que les petits oiseaux qui tournaient autours de sa tête. Ses mains tremblantes tentèrent tout d’abord de trouver une quelconque serrure ou un cadenas qu’importe ! Mais rien… Cette porte était scellée on n’sait comment. Elle tenta alors de dénicher fébrilement un bouton magique qui éclairerait toute la pièce. Encore une fois elle pouvait se brosser Martine : RIEN. Bordel de cul d’poule ! 0.0 C’que c’était mal foutu les prisons d’aujourd’hui ! Se tassant sur elle-même, la belle grinça des dents en jetant des regards furtifs mais toujours aveugles de droite à gauche. C’est alors qu’elle aperçue une pointe incandescente rouge, plus loin devant elle… Ecarquillant ses yeux bleus, elle tenta d’identifier cette source qui disparue aussitôt. Non ! C’n’était pas une diode électroluminescente (à répéter 20 fois de suite sans se tromper +OUT+) mais plutôt le bout d’une cigarette allumée. Ce gars n’était pas loin… A moins qu’ils ne soient plusieurs. Dans le brouillard, voilà où elle était, un brouillard infernal.

Ravalant une énième fois sa salive, l’héritière De Volanges se rendit compte qu’elle avait déjà la gorge sèche et qu’elle transpirait. Il fallait qu’elle se calme où son cœur allait lui faire faux bond d’ici une petite demi heure. Elle allait tenter un déplacement lorsqu’un bruit de glissement sec, comme du métal froid et acéré contre du fer lui scia les oreilles ainsi que les entrailles. Un instant, elle crue qu’elle était morte. Ayé, fini, game over. C’n’était même pas la peine de cligner des yeux puisque fermés ou ouvert, elle y voyait aussi bien. Sa gorge se noua, ses sens se brouillèrent et un petit cri ressemblant à un gémissement contenu s’échappa d’entre ses lèvres entrouvertes. Mais qu’est-ce qu’elle avait fait sincèrement pour qu’on lui en veuille à ce point ?! D’abord cette pauvre traînée qui l’envoyait valser ici et ensuite ce dingue qui jouait avec des couteaux et des fourchettes ! >_< c’était Halloween c’est ça ? Où était-elle simplement dans un cauchemar ? Mais ouiii ! C’est ça !! Elle dormait tout simplement ! Et d’ici quelques heures ce maudit rêve aura disparu et elle s’éveillera dans son lit, en compagnie de toutes les autres pensionnaires. Ah si seulement ce pouvait être vrai… Néanmoins, cette pensé suffit à la déstresser un ridiculement peu… Jusqu’à ce que son hôte ne reprenne la parole en lui ordonnant de jeter son arme. Ah ? Ah oui c’est vrai elle avait un… Une… Qu’est-ce que c’était d’ailleurs ? Dans un reflex soudain, Charlie voulue approcher ce qu’elle tenait de son visage de façon à l’identifier jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce serait vraiment stupide de sa part surtout si elle se le plantait dans le crâne. Sans même insister, elle obéit en détachant un à un ses petites doigts crispés du manche. L’objet tomba à terre…

Il ne lui arrivera rien ? C’est drôle… mais elle en doutait un peu quand même. Et ce n’était plus la peine de lui présenter les lieux ! >_< Elle avait vaguement compris où elle se situait maintenant ! Quand à savoir qui il était… Elle s’en moquait comme de son premier tampax mais bon… Se mordant rageusement l’index pour oublier sa phobie, Charlie commença à avancer… très doucement. Petit pas par petit pas. Elle progressait vers le centre de la salle sans savoir ce qui l’attendrait là-bas. Tant pis, ce serait toujours mieux que de rester scotché à une porte qui ne s’ouvrait pas !

« Euh… Tu es… Un gentil qui aime faire croire qu’il est méchant pour faire flipper les blondes dans mon genre peut être ? Non ? »

- Celle qui t'a précédée... ne peut plus en témoigner. Je te laisse une chance. Celle qu'elle n'a pas su saisir. Parviens à me convaincre que tu vaux mieux qu'elle et je te laisse sortir.

Ah ! D’accord… Oui donc non monsieur n’était pas particulièrement aimable. Arfeuh ! Mais que faisait-elle ici déjà ? Ah oui ! Les douches… Euh pardon, une chance ??! Mais une chance de quoi ? Que voulait-il qu’elle fasse ? Qu’elle lui danse la Polka ? Lui chante une berceuse ? Lui apprenne une pièce de Shakespeare ? Lui déroule un débat philosophique ? Lui parle de la seconde Guerre Mondiale en France et de ses répercutions Mondiale ? De la Russie Soviétique ? L’Allemagne nazis ? Le Football ? La Rugby ? Nietzsche ? Kant ? Descartes ? Aaaaaah mais c’était quoi ça ??? Se rendait-il compte qu’il ne lui donnait aucun élément pour se défendre alors qu’il jouait sa vie là, en l’occurrence ?! Si elle était prête ?? Euh… Joker ! Alors j’ai le droit à un appel, à l’avis du Public et au Dico c’est ça ? +ZBAF+ Nom d’une balle en mousse ! Il allait la rendre folle… Charlie avançait toujours malgré tout jusqu’à toucher quelque chose de dur… Et de froid. Et continua de tâter avec ses mains jusqu’à ce qu’elle reconnaisse la texture de sangles en cuir, les même qu’on avait utilisé sur elle pour la punir en Allemagne. Elle recula… Respirant bruyamment.

« Mais… mais comment voulez-vous que je sache ce qu’elle valait ? Je n’sais même pas de qui vous parlez ! Je… Je n’suis qu’une fille comme une autre sinon que j’adore la littérature… ça compte ça ? Je n’suis personne en particulier seulement… Ah mais je n’sais pas ce vous me demandez ! Ça veut dire quoi en plus ? Je suis sûr que vous ne la connaissiez même pas ! Oui je suis une fille pleine de vie mais j’ai une peur bleue du noir ! Youpi on est content ! La dame elle a peur du noir ! »

Riant comme si elle fut totalement inconsciente, elle fit un autre pas en avant et glissa sur quelque chose de visqueux. En tombant, elle ne se loupa en aucun cas puisqu’elle se reçu le bord du lit dans le menton, se mordit la langue violemment et atterrit sur les fesses avec en prime, une paume dans cette texture bizarre… Ouch alors ça… ça faisait très, très, très… trèèèèès mal. Ouvrant la bouche pour évacuer le sang de sa blessure à la langue, elle se dépêcha d’arracher un morceau de sa robe pour le glisser à l’intérieur afin d’arrêter l’hémorragie mais resta comme deux ronds de flan sur le sol… Reprenant une respiration régulière… Même dans un moment pareil, elle arrivait à se casser la gueule. Brave fille

Mais elle ne comprenait RIEN ! Rien de RIEN du tout ! Qu’est-ce qu’il lui demandait bon sang ?! De lui réciter une poésie ou de prendre une arme et de le combattre ? Binh non puisqu’il venait juste de lui demander de lâcher ce qu’elle tenait entre ses mains… Donc ? Alors pourquoi se montrer ainsi ? Qu’attendait-il d’une fille aussi… Banale que la petite aristocrate ? Pour sûr ! Elle devait bien avoir des tonnes et des tonnes de choses en plus que cette fille qu’il avait… Tué ? Oui… Mais elle aussi devait la surpasser en quelques domaines ! C’était stupide… juste stupide. Et enfantin aussi. Ce jeu ne l’amusait pas tout bonnement parce qu’il n’y avait pas de règle ! Et quand il n’y a pas de règle on peut tricher. Or il n’y avait rien que la jeune femme détestait plus que la tricherie. Depuis tout à l’heure il s’amusait en la menaçant avec son petit briquet à la con et en lui tranchant les entrailles avec ses phrases pseudo mystérieuses sensées lui indiquer « la voie ». Vous savez, un peu comme dans ces gros livres que l’on trouve dans toutes les religions. Quand un Dieu vous guide jusqu’au bon chemin avec des phrases qui ne veulent strictement rien dire version maître Ioda. Et là, elle était Luke Skywalker en train de nager dans du purin ! Et oui, et même pas le droit d’emprunter son sabre laser que déjà on lui ordonnait de le lâcher sous peine de lui trancher la gorge… ou du moins de lui faire quelque chose qu’elle n’apprécierait pas. On en était là, dans cette grande – ou petite – salle de torture plongée dans le noir. Ami des chauves-souris bonjour ! Qui était cet homme ? Un monstre tellement laid qu’il n’osait pas se montrer ? Ou un simple sadique qui joue avec ses victimes comme un gosse avec ses petites voitures ? La belle optait plutôt pour la deuxième solution. A tous les coups elle avait affaire au cinglé d’Anguish qui se croit inventif mais qui reste un vulgaire vilain comme on voit dans les séries télévisées Américaines ! Mais ça, elle n’allait pas lui dire… Sauf envie suicidaire. Il ne fallait pas vexer monsieur ou monsieur deviendrait méchant. Enfin, encore plus quoi ! Bref, elle se comprenait.

Toujours assise sur le sol, Charlie avait enfin put retirer le morceau de tissus de sa bouche, sa langue ayant arrêté de saigner. Mais elle n’était pas plus rassurée que ça. Il n’était pas loin… Elle avait beau passer pour la cruche de première, elle sentait sa présence. Dans le noir, lorsque la vue n’est plus d’aucun secours, l’ouïe et l’odorat s’affinent… C’était bien connu. Bien sûr, la donzelle n’avait pas passé assez de temps en de sombres coins pour véritablement développer ces propos, néanmoins elle savait se concentrer… Tremblante, elle tenta de se soulever à l’aide de la table… Ou du lit, mais retomba bien vite au sol lorsqu’elle sentit le contacte de doigts sur son bras. Réticente, elle poussa un cri de surprise avant de se laisser à nouveau tomber sur les fesses. Ravalant son « aï » qui aurait été plutôt mal placé, elle se contenta de se recroqueviller sur elle-même lorsque la même flammèche que tout à l’heure glissa sur son épaule, lui laissant le temps d’apercevoir en ce flash de clarté, le visage de son agresseur qui était… juste à côté d’elle. Tout bonnement terrorisée, Charlie remua ses bras dans tous les sens avant de se relever bien vite sur ses jambes et de se cogner à autre chose. Une armoire ou une étagère… Quelque chose comme ça. « - Imbécile... c'est de toi qu'on parle pas d'elle... quelle importance tout ça? Ca t’est égal si je t'envoie dans le noir pour l'éternité? Amuses-moi un peu, allez! » Alors là s’en était trop. Ivre de colère, l’aristocrate avait dépassé le seuil de la peur pour pénétrer celui de l’impatience inconditionnelle. Serrant la mâchoire et grimaçant, elle repoussant d’un geste furieux ses cheveux en arrière et essuya le sang qui avait dégouliné de son menton pour lui répondre avec toute la nonchalance possible :

« Mais merde qu’est-ce que tu veux à la fin ?? Que j’te supplie de pas m’tuer ? Ça servirait à quoi ?! Si tu veux l’faire tu l’feras de toute façon non ? BON ALORS ??! Il est où le problème gros frustré ?? Monstre moi ta gueule au moins ! Et Arrête de te prendre pour un Dieu bordel, tu crois franchement pouvoir me tenir ici pour « l’éternité » ? Mais t’as fumé ?? Tu m’saoules, j’suis pas ta bête de cirque c’est clair ?! C’que j’fais j’le fais que pour moi et rien à cirer que t’ais sur le dos 30 ou 40 000 meurtres ! Rah les meurtriers ! Ils se croient tout permis décidemment ! Tous les mêmes ! »

Elle s’apprêtait à s’emparer à nouveau d’une arme lorsque la voix de son interlocuteur la coupa dans son élan :

« - Je t'ai dit de lâcher ton arme!! C'est pas pour que t'en prennes une autre! »

Hein ? o_O

« Mais j’ai même pas enco… » Avait commencé à rétorquer Charlie lorsqu’un rire se fit entendre.

Quoi ?? Ils n’étaient pas seuls ici ?? Encore plus effrayée que tout à l’heure, et alors qu’un cri déchirant remplaça l’écho sadique, l’héritière De Volanges tenta de fusionner avec le mur en se plaquant contre ce dernier, comme une mouche sur un pare-brise. Rah ! Pourquoi ça ne marchait que dans les dessins animés ça ? >_< Elle aurait pourtant tant voulue se fondre au décors pour qu’enfin on la laisse tranquille… Quoi que ce n’était pas tellement elle qui était en train de se faire… Euh… Abîmer. Lorsque tout bruit cessa, on ‘entendit plus qu’elle qui ravalait sa salive pour là 14 ème fois depuis qu’elle était ici. Oui oui, elle était encore là, toujours présente. Et non, elle ne tentait pas de s’enfuir à nouveau, surtout pas après ce qu’elle venait de… D’imaginer d’après les bruitages dégoulinants. Y’avait-il encore quelque d’autre ici ? Mystère… Toujours est-il que s’en était fini des boniments et qu’elle n’allait pas jouer encore bien longtemps à la poupée de monsieur et le tout pour ses sarcasmes déplaisants ! Il refusait qu’elle s’arme ? Elle n’allait pas le faire. Oh non, non et non… Mais elle allait affronter sa peur et…

« Bon, okay mon coco, on arrête de jouer à la dînette et on pose sa petite cuillère. Maman va t’apprendre la vie ! »

S’avançant d’un pas assuré de l’autre côté de la pièce, elle en déduit après avoir tâter un peu partout autours d’elle… Qu’il n’était pas là. Qu’importe ! Un infime bruit à quelques mètres de là l’informa de sa position. Et c’est sans plus attendre qu’elle se jetta sur lui. Elle avait bien faillit le manquer mais heureusement, elle réussie à lui enserrer la taille avec ses bras et même à le faire tomber par terre. Elle n’était pas dangereuse… Lui si. Mais il n’allait pas la tuer… Pas encore, il devait être trop intriguée par ce qu’elle manigançait. Elle lui donna sa première gifle :

« PRIMO : On ne joue pas avec les interrupteurs surtout quand ça fait chier maman parce qu’elle aimerait bien SE DOUCHER tranquillement !! »

Deuxième gifle :

DEUXIO : On joue pas avec les couteaux, les fourchettes et les produits dangereux à ton âge ! et surtout, ON N’ASSASSINE PAS SON COPAIN DE BAC A SABLE !!! »

Et une troisième gifle :

« TERTIO !! … On ne parle pas comme ça à sa maman ou c’est au lit sans manger et PRIVE DE DESSERT ! Je demande du RESPECT pour avoir ressemblé à une baleine pendant neuf mois tout ça pour te mettre au monde sale gosse! J’suis clair ? »

Il voulait qu’elle l’étonne ?? Et bien voilà, c’était fait. Et non, Charlie n’était pas folle. Juste à cran. Ras la cacahuète de se faire mouliner dans tous les sens ! Surtout par un petit merdeux dans ce genre. Et oui, maman venait de punir son fils adoré ! Sur ce, elle se redressa sur ses genoux et essuya la sueur sur son front, haletante. Pouah… ça faisait quand même sacrément du bien.

La vie était cruelle avec certaines personnes plus qu’avec d’autres… Et Charlie devait être bien chanceuse comparé à tous ces cinglés enfermés dans cette prison de briques. Elle avait grandie dans le luxe après tout, et même si elle avait reçu une éducation à en perdre la tête, elle restait une fille cultivée et intelligente. Mais a quoi allait lui servir ses études de Lettres ou de philosophie ici ? Toutes ces personnes… Elle ne voyait que le mal dans leurs yeux. Et elle aurait beau s’en protéger comme elle avait fait jusqu’à présent, elle ne parviendrait pas à y échapper éternellement. C’était écrit, ou prévu… Elle devrait vivre un enfer car c’était pour cela qu’on l’avait envoyé se faire oublier à Anguish. Si au moins… Elle avait quelqu’un à qui avouer ses faiblesses… Mais non, et plutôt deux fois qu’une ! Non seulement elle devrait ravaler ses problèmes, mais en plus en supporter d’autres. Jusqu’à ce qu’elle ne craque et finissent par devenir comme eux : folle. Surtout pas ! Elle ne céderait pas à cette voie de facilité. Quitte à affronter la terreur, ses pires phobies et même à souffrir. Elle refusait de terminer dans un asile où personne ne viendrait lui rendre visite. D’ici là, elle serait morte d’anorexie sans aucun doute. Cela lui rappela cette histoire… Des jeunes femmes envoyés dans des maisons de corrections en Angleterre, entretenues par des religieuses. Les tortures mais surtout l’humiliation qu’elles subissaient quotidiennement. Devrait-elle en venir à se pendre elle aussi ? Non.. Ce n’était que le début, et si elle pensait déjà à cela, d’ici deux ou trois semaines, le nom de mademoiselle De Volanges serait rayé des listes ! Mais elle était déjà faible, inutile d’en faire plus ! Il suffisait déjà de la forcer à avaler un poulet entier et vous la détruisez sans problème ! Faites-là donc manger et elle en crèvera de l’intérieur ! Les couteaux… Les lames en général.. C’était d’un banal et d’un sadisme vieux jeu.

Toujours assise sur le jeune homme, Charlie venait de lui envoyer 3 gifles dans la figure et en était très satisfaite. Il le méritait bien ce fils de chien ! Comment osait-il s’en prendre à elle de cette façon ? Ignoble et grotesque personnage ! Qu’il aille donc rôtir en enfer ! Néanmoins, elle aurait pu le tuer si elle avait eut une arme. Or elle s’était convaincue de ne pas le faire. Après tout, il ne lui avait encore rien fait sinon jouer avec ses nerfs. Peut être était-il simplement fou qui sait ? Elle ne devait pas lui faire de mal, ce serait succomber à ses passions. Les passions qui étouffent l’homme et le rende par nature… mauvais. Ainsi donc, elle s’était contenter d’user de ses mains en ajoutant à cela un monologue fort particulier que seule elle aurait eut l’idée de gueuler ainsi. Chose qui sembla satisfaire notre hôte puisqu’il s’exclama. Il avait approché son visage de celui de l’aristocrate qui sentit son souffle rebondir contre sa peau humide. Elle ne tremblait plus… Mais elle avait tout de même peur. Qu’allait-il faire ? Il ne pouvait tout de même pas la violenter alors qu’elle venait de lui épargner sa misérable vie… Si ? Retournement majeur de situation : il venait d’inverser les rôles en la chevauchant à son tour. Maigrelette et petite comme elle l’était, il n’y avait aucune chance pour qu’elle puisse se tirer de là avant qu’il ne se dégage. Quoi… Pourquoi ce silence oppressant ?

« C’est vrai ? » Se contenta de reprendre Charlie d’une voix naïve en rapport aux précédents dire de son camarade, persuadé que, une fois satisfait, il la laisserait tranquille.

Elle n’eut pas le temps de continuer que déjà une douleur aiguë lui transperça les entrailles. Elle ne sut pas immédiatement de quoi il s’agissait et pour cause, elle n’avait encore jamais été poignardée. C’est seulement au bout du second coup qu’elle compris. Se tordant de douleur elle ne put cependant pas crier, sa gorge était comme obstruée par quelque chose. Pourquoi faisait-il ça ? POURQUOI ?? Alors qu’elle avait fait ce qu’elle avait pu pour au moins l’amuser, la faire passer pour une dingue, se sauver la vie ! Son petit corps souffrait déjà de ses propres maltraitances… mais Aujourd’hui un autre se chargeait de raccourcir sa vie de façon rédhibitoire. La belle se sentit se vider de ses forces tant la douleur lui aspirait les muscles. Elle eut beau essayer encore, aucun cris ne sorti de sa bouche. Au lieu, elle préféra lever doucement ses petites mains et les déposer sur le visage du tueur. Ainsi, elle l’observa du bout des doigts, les yeux mi-clos et mouillés. Elle fit de la même façon que si elle avait voulue pouvoir le redessiner de mémoire… Chaque trait du garçon lui était maintenant reconnaissable… Il devait être beau. Oui, c’était un beau garçon. Une petite bouche tiède, une peau lisse et des cheveux soyeux, fins. Sans pouvoir s’en empêcher, Charlie esquissa un petit sourire admiratif. Il y avait des gens tellement magnifiques ici… Qu’elle aurait aimé rencontrer en bien d’autres circonstances…

« - Ravi d'avoir fait ta connaissance. »

L’interpellée cligna ses paupières lourdes à ces mots… Et reposa ses bras le long de son corps en recrachant un mince filet de sang.

« Vous avez une… Jolie voix… » S’enquit-elle en inspirant profondément.

Elle était déjà repartie dans sa bulle. C’n’était pas commun de dire ça à celui qui vient de vous blesser. Mais Charlie appartenait à un tout autre monde dans lequel elle venait de rentrer. C’était une sorte de bulle à part où plus aucun mal n’existait et où même Keiji devenait un ange radieux. Le dernier visage qu’elle verrait ? Non ! Elle n’allait pas mourir ! Et si son cœur en avait déjà vu des vertes et des pas mûres, il allait quand même faire l’effort de tenir le coup ! L’asiatique s’était relevé, permettant à Charlie une meilleure respiration. Immédiatement, elle toucha cet endroit douloureux puis, au moment où une faible lumière éclaira son paysage, avait soulever sa main couverte de sang juste devant son visage pâle. Ah… Il ne l’avait pas loupé. Et tout ça pour 3 malheureuses gifles. La petite Anglaise ria intérieurement tout en se notant quelque part dans sa tête que plus jamais elle ne devrait baffer un homme. Oui, tant pis pour les projets de ce soir, Shean allait la détester et se sentir trahit. Et la prochaine fois qu’ils se verraient, il la violerait sans hésiter… Mais ! Elle tiendrait sa promesse. Quoi qu’il arrive elle rejoindrait sa chambre avec le diable au corps, et ils feraient l’amour toute la nuit pourquoi pas ? Euh… Ce n’était peut être pas le moment adéquate pour penser à ça… --'

Quoi ? Elle avait foutu le bazar et monsieur n’était pas content ? Mais qu’il aille donc se faire voir ! Il n’avait qu’à l’allumer cette fichue lumière au lieu de jouer à l’esprit macabre de la salle des tortures ! Charlie gémit en voulant se redresser. En cet instant, elle constata que sa robe était belle et bien foutue. Petit salopiot ! Elle allait lui démonter ses braguettes et ses caleçons, il allait comprendre ! Puisant dans ses dernières forces, elle rampa silencieusement jusqu’à lui, ramassa un petit poignard qu’elle avait dut faire tomber en se payant tous les meubles tout à l’heure puis le planta juste entre les deux jambes de son bourreau, pile sur ses bijoux de famille tout en le fusillant du regard, de la hauteur de son pied sur lequel elle s’appuyait de son autre main.

« A… Mène moi à L’infirmerie… Ou j’t’enlève tout c’qui fait d’toi un mec… Fils de pute. » Siffla-t-elle entre ses dents tout en appuyant plus encore l’arme sur les fameuses bourses.

Un seul geste suspect… Un seul, et elle lui faisait bouffer ses couilles…

Non… La vérité c’est qu’elle n’avait pas tellement cru à l’efficacité de ses paroles. Mais c’était là à peu près tout ce qui lui était venu à l’esprit alors qu’elle se frayait un chemin dans les limbes de son esprit. Partagée entre ses angoisse et sa peur croissante du noir. Ce garçon n’avait aucune morale, et habitué à la violence ou non, il venait de poignarder deux fois la petite Anglaise qui suffoquait maintenant. Une seule question lui revenait sans cesse : pourquoi ? Mais pourquoi quoi ? Elle le savait très bien au fond, il était fou… Tout simplement. Un timbré qui s’amusait à torturer une fille dont il ne connaissait même pas le nom. Qu’importe, puisque son but était de s’amuser ! L’enfoiré ! Et combien de temps encore ce jeu allait-il durer ? Mais surtout… Allait-il la laisser crever sur le tapis comme cette fille avant elle ? Encore une fois, elle préférait mourir la gueule ouverte sur un tas de fumier plutôt qu’ici, en compagnie de cet individu sans cœur. Elle en avait un, un cœur. Un petit organe tout mou d’ailleurs… Que l’on avait brisé plusieurs fois et qui avait fini pas s’effriter. Elle l’avait reconstruit d’elle-même, pendant ces années où elle s’était retrouvée enfermée dans ce cloître Allemand. Mais il était hors de question qu’on y touche cette fois ci… Plus de haine, plus d’amour, plus de peine. Elle devrait vivre jusqu’à ce qu’il se meurt lui aussi et qu’il lui faille en racheter un… ou bien le voler. Toujours est-il qu’elle souffrait toujours, allongée comme un animal sur ce sol devenu poisseux par son propre sang. D’ici quelques temps, si on ne l’emmenait pas se faire soigner… S’en était fini de l’héritière De Volanges ! Qu’attendait-il ce malappris ? Qu’il pleuve de la morphine ?? Charlie s’était cambrée plusieurs fois dans l’espoir d’estomper sa douleur. Mais rien n’y faisait. Au lieu de ça elle écouta son interlocuteur rire puis lui répondre.

Mais que devait-elle en avoir à cirer qu’il veuille être chanteur ? Son humour était d’un… Commun à faire peur. Elle venait de se prendre deux couteaux dans le ventre et tout ce qu’il trouvait à lui dire… C’était une vieille plaisanterie que lui-même ne devait pas trouver particulièrement plaisante. La belle ne vit que des flammes autours d’elle lorsque la lumière fut. Il lui fallut quelques instants avant qu’elle le retrouve le sens des réalités. Toujours couchée, elle tourna sa tête à droite, puis à gauche… Avant de pousser un long gémissement. Que quelqu’un vienne ! Que quelqu’un l’aide ! Mais par pitié pourquoi ne pouvait-elle pas avoir de la chance pour une fois ? Diva !! Quelqu’un ! N’IMPORTE QUI ! Et pourquoi pas un prince hein ? Et, son prince qui débarquerait sur son fidèle destrier et trancherait la tête de ce salopard avant de l’emporter dans son château magique, là où ils vivraient éternellement heureux et sans enfants (parce que les mômes… c’est juste chiant.) Elle soupira d’aise à cette pensé jusqu’à ce qu’elle recouvre les pieds sur terre. Allo Allo ! Il était temps de quitter les étoiles ! Elle agonisait, et tout ce qu’elle trouvait à faire, c’était de rêver. Bof…

Mais les choses sérieux n’allaient pas tarder à commencer, et Keiji avait enfin dut se rendre compte qu’il n’était pas tombé sur la première cruche venue lorsqu’il sentit la lame se placer pile sous sa braguette. Pauvre garçon, il allait la sentir passer celle-là. Et oui, chez ces chers mâles, il suffisait de les tenir par les coucougnettes et c’était comme promener son chien avec une laisse. Ah ! Il avait beau ricaner, il était évident qu’il craignait le pire dans cette histoire. Et que ferait-il s’il perdait sa virilité ? Il la tuerait oui… mais après ? Non seulement il avait très peu de chance de s’en sortir vivant, mais en plus il devrait continuer à supporter ce monde cruel sans même pouvoir baiser sa copine ou ne serai-ce que se masturber. Ouille… L’idée même peu faire frémir n’est-ce pas ?

« Je pourrais éventuellement réfléchir à cette proposition si tu baisses ta main. Je ne peux rien faire là. C'était bien tenté mais tu ne t'en sortiras malheureusement pas de cette manière là, reconnais-le... »

La prenait-il pour une idiote ? Oh que oui, monsieur se croyait supérieur après avoir fait joujou avec ses lames et maintenant, il croyait qu’elle n’avait même pas pensé à ça. Mais que voulait-il qu’elle fasse alors ? Qu’elle reste là allonger à attendre qu’il ait gentiment rangé tout son matos ? C’est ça ? Qu’elle se la joue chienne domestique jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus de ses jappement et l’achève ? Fils de P… Il méritait qu’elle ne réfléchisse même pas et le castre sur le champ ! Or… Ce n’était pas une idée bien judicieuse… Charlie en avait tout à fait conscience. Néanmoins, elle n’avait pas le choix… Sa main crispée sur le poignard, elle prenait un malin plaisir à le faire frémir en rapprochant la lame jusqu’à ce qu’elle gratte le tissu de son pantalon.

« Ta gueule ! Ferme ta putain de gueule où je te jure qu’après ça tu pourras même faire chanteur d’opéra !! »

Oui, une petite voix fluette… ça lui irait peut être bien qui sait ? Elle reprit…

« Ecoute bien… J’ai peut être l’air conne, d’une blondasse sans intérêt mais… Mais là tu vois c’est ta misérable vie que je tiens derrière ce couteau… Un geste tu m’entends ? Un geste me suffirait à te faire amèrement regretter ton petit jeu de tout à l’heure. Continues de jouer avec moi mon gars, et tu n’pourras bientôt plus enculer les mouches ! »

Elle resserra encore son emprise, lui montrant bien qu’elle ne plaisantait pas. Plus maintenant. Jetant un coup d’œil à la porte non loin d’eux elle lui dit :

« Ça va c’est clair ? Impeccable… Alors maintenant tu vas faire exactement ce que je te dis où tes bourses vont décoller aussi sec de ton froque. Tu vas te diriger vers la sortie que t’as eu la gentillesse de bloquer tout à l’heure… Et tu vas la déverrouiller ! Mais ATTENTION ! Je resterais accrochée à ta jambe mon coquin, et ce, jusqu’à ce que tu montes ces fichues marches avec le poids de ton erreur et que tu m’amènes à cette fichue infirmerie ! Tu m’entends ? Je n’lâche pas tes bijoux d’famille des yeux, et pense bien que ma main peut très vite déraper… Ce serait dommage quand même… un si joli garçon… Sans plus rien dans le slip. »

C’était plutôt clair non ? En gros il allait devoir faire la route jusqu’au lieu indiqué avec elle accrochée à la patte, le poignard toujours entre les cuisses. Avait-il le choix ? Pas vraiment non… Charlie n’aurait aucune pitié cette fois ci, et elle ne le quittait toujours pas des yeux. Dans son regard, une étincelle flottait comme la flamme d’une bougie. Qu’il se taise… Et obéisse !

Peu plaisante ? Et c’était le cas de le dire ! Charlie avait une détermination de fer, et jamais elle n’accepterait de se faire malmener par un bouffon pareil ! Il ne tenait pas à la vie ? Dommage… parce que elle OUI ! Quel sale petit prétentieux ! Mais c’était fini de jouer, elle le tenait par le pantalon et il ne risquait plus de s’enfuir avant qu’elle ne l’ait décidé. Alors ? ça faisait quoi de se retrouver prisonnier par sa propre victime ? Hein ? Oh, mais à l’origine elle ne lui voulait aucun mal. Cette demoiselle ne demandait jamais rien à personne… Sauf quand on la cherchait. Quand on cherche, on trouve. Et bien soit ! Il venait déterrer la garce qui dormait depuis son arrivée en ces lieux. Et oui, une véritable petite peste sans le moindre sentiment qui pouvait alors faire le pire sans une once de regret. C’est lui qui allait bientôt regretter le temps où il pouvait encore donner du plaisir à une femme ! Voyons le bon côté des choses : il ne risquait plus d’avoir d’enfant comme ça, ni même d’en imposer un à une autre prisonnière. Ce qu’il ne semblait pas comprendre, c’est que Charlie n’était pas là pour lui faire des menaces mais plutôt pour lui faire explicitement piger ce qu’elle allait lui faire subir s’il n’obéissait pas. Ce n’était pas clair ? Oh moi je crois que si… Et Keiji était loin d’être stupide. Fou, complètement barré, mais pas con. Seulement s’il ne se remuait pas un peu plus l’arrière train, il en subirait les conséquences ! La donzelle le tenait toujours comme un animal en cage. Son poignard bien placé, elle reprenait une respiration lente, montrant qu’elle n’avait plus peur. Non, plus d’angoisse, plus rien… juste de la colère et de l’amusement de lire ainsi dans les yeux de son interlocuteur autant de surprise que de joyeuserie. En cela il voyait en elle une fille intéressante ? Tant mieux… ou tant pis. En fait la principale concernée s’en foutait. Elle avait mal au ventre et continuait de perdre son sang. Bientôt il aurait gagné à force de lui répliquer des phrases sans importances. Cherchait-il à gagner du temps ? Sans doute… Comme ça elle sera morte avant même qu’il se soit dirigé vers cette fameuse porte.

Oui enfin ça c’était à condition qu’il soit tombé sur la plus abrutie des garces ! Or c’était loin d’être le cas. L’héritière De Volanges l’observa sortir une cigarette de sa poche et l’allumer. C’était clair : il se moquait d’elle. Ou alors… Il ne tenait pas vraiment à sa virilité. Inconscient et prétentieux petit crétin, elle allait lui montrer qu’ici et tout de suite, c’était elle qui dictait la loi du bout de sa lame.

« - M'enfin... j'ai des principes tu comprends. Je n'aime pas agir contraint et forcé. »

Charlie poussa un soupir d’ennui. Monsieur n’aimait pas que l’on entrave ses principes. Monsieur fumait sa petite clope tranquillement et monsieur oubliait qu’il jouait la vie de son entrejambe. Très bien… Alors Monseigneur allait être servi. Elle ricana doucement en glissant sa main libre le long de la jambe de Keiji afin de se redresser encore un peu. Levant son joli minois vers lui, elle lui offrit son plus joli sourire en guise de simple réponse, un peu genre « Mais oui mais oui, je comprends toutafay Darling ». Puis elle lui envoya un baiser imaginaire avant de rétorquer d’une voix calme et douce :

« Oui moi aussi j’ai des principes… Tout le monde en a. Mon premier étant.. »

Elle appuya d’un geste vif avec son arme sur les bijoux de famille du bourreau de façon à lui faire goûter le fruit de son impertinence. Elle n’avait pas enfoncé trop loin ni trop fort. Mais tout le monde sait à quel point cet endroit est hyper sensible chez nos amis les mâles. Ainsi donc, un peu de sang empourpra le jean du garçon et la belle pu reprendre sur le même ton :

« … De ne pas me faire poignarder par un pékinois enragé. »

Elle lui mordit ensuite furieusement la cuisse tout en lui tranchant chaque tendon derrière ses chevilles. Et oui, il n’avait pas réagit, alors il allait morfler. Keiji se retrouvait à terre, et devait peut être – on en doute – commencer à se dire qu’ail aurait mieux fait d’ouvrir la porte. Charlie lui grimpa dessus, comme une lionne et prit sa tête entre ses paumes, après avoir vérifié qu’il n’avait pas encore un fichu truc pointu dans les mains. Elle souleva son crâne puis l’abattit violemment contre le sol sans cesser de le dévorer de ses prunelles brillantes.

« C’est bien mon grand, t’as gagné le gros lot ! Non seulement tu n’peux plus marcher mais j’ai aussi bien envie de te couper la langue ! »

Elle s’empara de sa cigarette encore incandescente, tira une fois dessus puis souffla la fumée au visage du malappris avant d’écraser le mégot sur son front.

« Tu vois, maintenant sois tu obéis et j’te traîne jusqu’à l’infirmerie pour que tu puisses de nouveau faire usage de tes jolies gambettes, sois on reste ici et on baise comme des chiens pour enfin crever l’un sur l’autre comme un couple d’amant sataniques ! Qu’est-ce que t’en dis ? Pas mal hein ?! »

Sur ce, elle s’empara violemment de ses lèvres et mordit dedans comme une bête sauvage jusqu’à ce qu’un filet de sang ne s’en échappe. Entre-temps, elle avait donné un coup de talon dans la table derrière elle faisant tomber quelques outils autours d’eux. S’emparant de deux clous rouillés, elle les planta dans chacune des mains de l’asiatiques puis se mit à rire.

« Mon beau torturé, tu ressemble à l’un des ces écorchés… tu sais, ces œuvres de Dürer ! Ah… Tu n’dois pas connaître ignorant et futile individu que tu es ! »

Toujours en possession de son poignard, elle le plaça sous la gorge du jeune homme puis commença à onduler son bassin contre le sien. Elle n’avait plus rien à perdre maintenant, autant s’en donner à cœur joie et faire tout ce qu’elle voulait. L’exciter, l’amuser, l’effrayer, l’agacer… De par quelques doigts, elle fit glisser les bretelles de sa robe tâchée qui descendit jusqu’à sa taille sans un bruit, dévoilant sa poitrine encore pudiquement recouverte d’un soutien-gorge en soie noir. Là elle appuya un peu plus la pression de la lame contre cette gorge nue et fit rebondir son souffle sur la pâle figure du beau brun.

« Incorrigible… Mon pauvre amour, nous mourrons donc ainsi vulnérables… Quelle tristesse ! Ô quelle peine ! C’est ça que tu veux ? Du drame ? Du sang ? De la poésie ? C’est d’accord, faisons des vers mon ami, jusqu’à ce que mort s’en suive ! »

Evidemment, elle n’était pas d’accord et ce qu’elle voulait, c’est qu’il réagisse. Il devait s’y connaître assez pour savoir que les blessures qu’elle venait de lui faire n’étaient pas anodines. Bientôt ses chevilles seraient irrécupérables si cela n’était pas soigné encore chaud, et ses mains allaient être paralysées d’ici peu. Quant à ses précieuses bourses… Aucun rapport pendant à peu près 3 semaines et il pourrait à nouveau courir sans hurler de douleur.

Y’avait-il marqué « je n’veux pas mourir vierge » sur son front ? Oui ? Non parce que c’n’était absolument pas dans son idée. Le sexe était le dernier des soucis de notre jeune ingénue qui puisait déjà dans ses réserves pour ne pas geindre sans cesse de douleur. Depuis le début elle avait pris sur elle… Encaissant d’abord sa phobie puis les coups et l’humiliation. Maintenant c’était à lui de réaliser qu’elle avait majestueusement bien repris le dessus. Il devait souffrir à son tour… Pourtant ce n’était pas ce que l’on pouvait lire dans ses yeux. Reprenons depuis le début si vous le voulez bien : Charlie l’avait menacé de lui trancher les couilles et était finalement passée à l’action mais de manière moins sévère puisqu’elle l’avait simplement écrochée. Elle lui avait ensuite découpé les tendons de la cheville puis mordu la cuisse et enfin, elle le surplombait majestueusement de tout son corps, lui plantant un clou dans chaque main, écrasant sa cigarette sur son front et lui déchirant la lèvre inférieure. Hum… Et il n’en avait toujours pas assez ? En accomplissant chacun de ses gestes, la belle avait manqué de s’effondrer sous la douleur, mais lui… Lui restait là, à ravaler ses gémissements et à la regarder faire comme s’il observait un évènement magique et plaisant. Etait-il complètement cinglé ? Mais… Cinglé cinglé dans le sens où plus rien ne pouvait l’en sortir, même les meilleurs psychiatres ? Ou simplement masochiste ? Toujours est-il qu’il l’effrayait presque. A croire qu’il s’agissait d’un robot. Mais non, le sang qui s’échappait de ses blessures comme des serpents venimeux lui prouvait le contraire. Pour Miss De Volanges, il avait presque l’air d’un petit garçon qu’elle maltraitait ce qui lui fit mal au cœur… Mais il n’était pas un môme ! Il était une crapule qui l’aurait déjà tué si elle n’avait pas réussie à le piéger !

C’était plus fort qu’elle… L’admirant de ses grands yeux bleus, elle ne laissa pas pour autant couler la colère – trop puissante pour être ainsi oubliée – mais elle glissa doucement les doigts de sa main gauche sur ses joues salies par toute cette poussière. Son visage recelait de la pitié oui… Mais surtout une envie irrésistible d’en finir tout de suite. Comment un homme pouvait-il en arriver à un tel degré de violence ? Que lui était-il arrivé dans son enfance pour qu’il soit ainsi rongé ? Oh, loin de Charlie l’idée d’amorcer une psychanalyse Freudienne, simplement… Elle se posait des questions sans cesser de caresser son visage. Il avait pourtant tout d’un ange si on y faisait attention. Il était beau, avait une peau claire, des yeux puissants et de longs cheveux. La jeune femme cligna plusieurs fois des paupières, les lèvres entrouvertes, la respiration lente… Que faire maintenant ? Elle refusait de mourir ici… Elle ne voulait pas mourir ! Mais voilà… Seules deux solutions étaient arrivées à elle : faire confiance à cet être sans moral et le laisser rouvrir cette porte au risque qu’il se charge de la torturer plus encore au lieu d’obéir ou prendre les devants et se venger tout en espérant que quelqu’un ne vienne. Bon déjà : il était hors d’état de nuire… C’était étrange tout de même. D’un côté elle aurait aimé se retrouvée seule ici et mourir en silence mais de l’autre… Elle était rassurée qu’il soit là, avec elle… Alors qu’il était le seul responsable de ses blessures. Non, elle n’était pas masochiste. Seulement elle avait toujours eu peu de la solitude et plus encore de terminer sa vie toute seule dans un caniveau.

« J'obéis à quoi? Ta proposition de tout à l'heure... fallait pas m'abîmer ma jolie... je peux plus t'ouvrir la porte du paradis maintenant! »

Elle ne répondit pas… Non, se contentant de soulever son visage dignement l’air de dire « prends-moi pas pour une conne, j’suis au courrant. » Binh oui, c’était tout de même elle qui l’avait cloué au sol (dans le sens propre comme figuré xD) et c’était encore elle qui menait la danse. Se mordillant la lèvre, elle leva les yeux vers le plafond noir encre afin de ravaler quelques larmes. Ce n’était pas le moment de pleurer ! Ou plutôt… Si, mais elle ne le ferait pas. Tant pis, si cette pièce devait être sa tombe, et bien soit, c’était toujours mieux que la cuisine ou les toilettes… La donzelle avait fait glisser de ses épaules les seules attaches qui soutenaient sa robe… Dévoilant son buste mince et recouvert de sang. Elle usa d’un peu du tissu pour essuyer le plus gros mais n’approcha pas des plaies encore trop récentes et profondes. L’hémorragie était moins forte… mais ça ne voulait rien dire. Elle avait déjà due perdre beaucoup trop. Mais alors que la rancœur allait l’obliger à foutre une nouvelle gifle à son interlocuteur, ce dernier dit quelque chose qui la coupa net dans son élan…

« Ca te va bien... »

Quoi ? Mais... Hein ?! o_O Pourquoi disait-il ça ? Et surtout : de quoi parlait-il ? Charlie se redressa d’un coup, déposant ses deux mains sur le torse de l’asiatique et le dévisagea. Le peu qu’elle connaissait de lui, lui fit comprendre qu’il ne parlait sûrement pas de son sous-vêtement. Mais alors ? La colère peut être ? Sa hein envers lui ? Il aimait ça ? C’était ça qu’il lui demandait tout à l’heure ? Oh bah… ‘fallait l’dire ! Elle l’aurait tout de suite fait ! Elle se pencha sur lui et déposa son front contre le sien, chatouillant la figure du garçon de ses longs cheveux bouclés. Elle ferma les yeux un instant et souffla à plusieurs reprises… tremblante. Cette phrase lui avait fait mal, mais elle ignorait pourquoi. Mais ça lui avait aussi fait tellement plaisir ! Encore une longue histoire tout ça… Une longue histoire sans réelle importance. Néanmoins, elle parvint à esquisser un doux sourire et à l’embrasser sans le mordre cette fois. Mais pourquoi agissait-elle comme ça ? Parce qu’elle voulait faire l’amour ? Non, même pas. Parce qu’elle était soudainement tombée amoureuse de son agresseur ? Sûrement pas ! Non… ça restait mystérieux remarquez, dans une pareille situation, on ne sait jamais comment nous allons réagir. C’n’était pas banal d’embrasser ainsi son bourreau ? Oui mais est-ce que ça l’était de se battre dans une salle de torture et de jouer avec les couteau en un bain de sang ? Ici peut être… Dans la vie de tous les jours non.

Elle prolongea ce baiser jusqu’à ce qu’une douleur lui cisaille les entrailles. Sa blessure… Encore et toujours. Elle eut un soudain rejet de sang par la bouche qui vint éclabousser la bouche qu’elle venait de chérir, puis elle se laissa tomber sur le ventre de Keiji… Respirant avec difficulté.

« Hh… Alors c’est ça… ? On va mourir tous les deux ? »

Elle serra ses poings et cracha une nouvelle fois la visqueuse texture qui cette fois alla s’étaler sur le sol… Quel gâchis… S’éteindre à 16 ans.

« Non je n’veux… Pas. Et je ne mourrais pas ! »

D’un geste habile, elle arracha les deux mains du jeune homme des clous qui les retenaient immobiles et sans faire attention à la douleur qu’elle avait pu lui faire subir, elle le tira par le bras en même temps qu’elle se hissait elle-même vers la porte. Parler ? Pourquoi faire ? Il fallait agir où ils y resteraient ! Il avait besoin d’elle pour réparer ses jambes et elle de lui pour ouvrir cette porte… Une fois être parvenue à cette dernière, la belle se laissa tomber sur les fesses et essuya le sang qu’elle avait sur le menton avant de pointer la serrure du doigt.

« O-ouvre… Cette… Putain… De porte. » Articula-t-elle en le fixant sévèrement.

Son poignard toujours en main, elle appuyait la point contre la pomme d’Adam de monsieur avec une certaine insistance.

« Je ne le répèterais pas… Et je préfère te tuer avant de mourir aussi plutôt que de te supplier, crois-moi… ! »

Et c’était vrai. Il avait le choix après tout. Elle pouvait le tuer et tant pis pour elle. Malgré tout, elle refusait catégoriquement de se soumettre à lui à nouveau.

Mais comment faisait cette fille pour s’en sortir ainsi ? On ne pouvait pas dire que c’était là sa meilleure prouesse m’enfin voilà. Les faits étaient là. Elle avait réussis à éviter un viol mais aussi une torture inhumaine de la part de ce monsieur. En fait, elle n’en faisait absolument pas exprès, trop occupée à garder la vie sauve mais surtout, à rester naturelle. Charlie avait toujours été – depuis toute petite – une personne bien particulière. Non pas dans le sens où elle éveillait l’esprit intellectuel de chacun… Plutôt leur curiosité. Disons seulement qu’elle se trouvait toujours à des milliards de kilomètres de… La plaque. Vous savez, ces moments où l’on vous dit « écoute ma fille, t’es complètement à côté-là… » Ouai, bah elle c’était exactement ça, sauf qu’elle s’y trouvait beaucoup plus éloignée que n’importe qui d’autre. Elle était loin d’être stupide, elle se trouvait d’ailleurs garnie d’une éducation remarquable. Elle était capable de vous jouer une pièce de Musset ou de Shakespeare comme ça ou de vous réciter du Baudelaire comme s’il elle eut été sa sœur. Sacré numéro que ce petit bout de femme pas plus haute que trois misérables pommes. Elle en cachait, sous ses airs de poupée fragile, de la détermination… N’est-ce pas ? Cet instant le prouvait. Même le ventre percé à deux endroits, elle continuait à surplomber son interlocuteur de sa présence… Même si cela ne l’amusait guère. Ce qu’elle voulait ? Sortir d’ici… Et au plus vite ! Ne plus rester confinée dans une petite pièce sombre telle que la salle des tortures. Les couteaux et les machettes… C’n’était pas tellement son truc. Elle qui préférait les vêtements colorés et la poudre. Mais quand allait-il se décider à les libérer tous les deux ? N’avait-il aucune considération pour sa propre vie ? C’est ça ? Il ne représentait rien à ses yeux ?? Et encore une fois : Pourquoi ? S’en devenait abrutissant. Qui était ce garçon ? Qu’avait-il vécu pour se rendre dingue à ce point ? Et pourquoi n’acceptait-il aucune faiblesse de sa part ? Elle l’observait encore… Encore et encore… Non, il ne lui faisait pas pitié, et elle ne lui dirait jamais ça. Non pas par compassion mais parce qu’elle ne le pensait pas. Il était dur et froid comme l’acier… Pouvait-on encore seulement le nommer en temps qu’être humain ? Ou n’était-il plus qu’une machine de guerre, créée pour survivre et pour blesser. Savait-il aimer ? Aimer ! Une femme… ou même un homme si ça l’inspirait plus ! Mais c’était important pour différencier les Hommes des animaux. Alors ? Remarque, elle pouvait parler elle, avec sa vie amoureuse aussi plate et désertique qu’un désert de sable. Pfff… Monde de m*rde.

Assez d’attendre ! Assez de cracher du sang ! Charlie sentait ses forces l’abandonner minute après minute. S’en devenait pire que stressant. Elle était en train de mourir à petit feu, voilà tout. Tremblante, elle avait plusieurs fois vomis encore avant de libérer Keiji de ses liens pointus. Là, elle avait du puiser profondément dans son énergie restante pour l’amener jusqu’à la porte ; lui ne faisant aucun effort. C’était comme tirer un corps inerte, aussi lourd… Et plus difficile encore puisqu’il n’y avait pas ces fameux 21 grammes que chaque individu perdait instantanément lorsque leur cœur cessait de battre. 21 grammes c’était rien… mais ça paraissait énorme lorsqu’on se retrouvait dans l’inconfortable situation de la donzelle. Haletante, elle s’était laissé retomber sur ses fesses et avait fini par retirer intégralement sa robe qui diminuait l’élasticité et la souplesse de ses mouvements. N’ayez crainte, elle n’était pas encore toute nue. Elle gardait ses sous-vêtements tout à fait corrects ainsi que ses bas blanc devenus gris voire rouges par la poussière et le sang. Il ne faisait pas froid et pourtant, elle grelottait comme si elle s’était trempée dans une baignoire de glaçon. Ça n’annonçait rien qui vaille, surtout qu’elle commençait aussi à avoir une sacrée envie de dormir… Ne pas… Fermer les yeux. Non, pas maintenant, elle allait s’en tirer… Et lui aussi ! Voilà ! Parce que quoi qu’il ait osé lui faire, elle était incapable de le laisser mourir… Et même si ça pouvait paraître bizarre, c’était comme ça et pas autrement !

L’aristocrate avait gardé son couteau pointé contre la gorge de notre ami qui ne semblait pas vouloir réagir. Ce mec était décidemment désespérant >_< ça marchait même limite mieux lorsqu’elle ne le menaçait p… Oh mais ! *éclair d’intelligence* Et si c’était ça le problème ? Et s’il refusait d’agir sous la contrainte ?! Ce serait compréhensible… Un têtu comme ça avait dut rencontrer quelques situations… peu enviables et avoir décidé que dorénavant, mourir s’avérait plus respectable que céder.

« Peut être que je pourrais l'ouvrir si tu retires ce poignard de mon cou. »

Ah ? Aurait-elle visé juste ? La jolie blonde écarquilla un instant les yeux l’air complètement ahurie, les lèvres entrouvertes avant de reprendre conscience et de lâcher précipitamment son arme… Qu’elle reprit alors immédiatement avant que ce petit malappris ne s’en empare ! Sait-on jamais… Néanmoins, elle le garda dans son poing sans le menacer pour autant… Son regard luisant défiant celui du bel asiatique.

« V-voilà… T’es cont… »

Elle n’eut pas le loisir de mettre un point à sa phrase que déjà elle fut prise de petites convulsions avant de commencer à cracher ses poumons comme si on venait de lui faire respirer du poil à gratter. Evidemment, à chaque contraction de ses abdominaux elle souffrait le martyr alors imaginez un peu… Se pliant en deux elle enfonça ses ongles dans le parterre faisait apparaître plusieurs tâches rouges sur les pavés au fur et à mesure qu’elle suffoquait. Voyant que ça ne se terminait pas, elle eut pour ambition de se trancher la gorge elle-même afin de mettre fin à cette insupportable douleur. C’était comme si 10 000 crochets pointus lui déchiraient les entrailles en même temps et qu’elle ne crevait pas. Mon Dieu, mais pourquoi ne crevait-elle pas ?? Non ! Non elle n’allait tout de même pas abandonner maintenant, ce serait… Rangeant ! Elle usa d’un effort considérable pour jeter son dangereux couteau plus loin, comme pour éviter de faire une bêtise puis releva son visage vers celui de son bourreau. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, elle ne l’implorait pas du regard… En vérité elle le fixait seulement, comme pour s’assurer de sa présence à ses côtés. Complètement perdue, elle tendit la main et empoigna la manche du garçon pour se rapprocher de lui. L’hémorragie au niveau de son abdomen se remit à couler mais sa rage de toux cessa enfin, laissant une Charlie complètement épuisée et ensanglantée sur les genoux du jeune homme.

Repliée ainsi sur elle-même, elle paraissait encore plus petite que d’habitude et… Totalement inoffensive. Elle n’avait visiblement plus la force ni de se défendre et ni de bouger. C’était à peine si elle pouvait parler. Pourtant, une petite voix cassée sortie de cette bouche gonflée par la souffrance… En direction de Keiji, le seul ici présent avec elle.

« Si tu m’aides… Je… Je… Dis-moi ce qui te ferait… Plaisir… Je te jure que je le ferais.. » Avait-elle murmurer en un souffle court en laissant une toute petite larme s’échapper de sous sa paupière.

Elle avait eu si mal qu’était prête à tout maintenant pour qu’il ouvre la porte et les emmène tous les deux à l’infirmerie, là où ils pourraient reprendre des forces, allongés dans un lit confortable. Cette pensé même de douceur fit frissonner la belle qui s’endormait de plus en plus…

« Je suis fatiguée… Dis, si je dors… Tu restes avec moi ? »

Question… Assez inattendue. Ah mais ! Il fallait la comprendre aussi ! Elle ne comprenait même pas ce qui lui arrivait et se sentait plus molle que jamais. Son cœur cognait douloureusement contre sa poitrine et elle entoura la nuque de l’autre pensionnaire de son bras afin d’approcher sa tête de la sienne pour que leurs regards se fondent… Là elle sourit doucement et ferma les yeux sans pouvoir les rouvrir.

« Bonne nuit… » Souffla-t-elle enfin en un dernier soupire de délivrance…

Son bras retomba le long du dos de Keiji, comme un membre en caoutchouc sans le moindre muscle. Notre Charlie s’en moquait, elle était déjà partie ailleurs, dans un monde bien à elle… Sa bulle secrète.

Il était difficile de véritablement comprendre la situation ainsi que les réactions pour le moins étranges des deux jeunes gens prisonniers du contexte. Charlie n’avait presque plus l’espoir de s’en tirer vivante, elle agonisait sur place et malgré tous ses efforts, Keiji ne réagissait pas, préférant l’observer se mouvoir dans tous les sens jusqu’à ce que l’épuisement ne la couche par terre. Elle n’avait plus tellement mal maintenant qu’elle était en proie à un sommeil lourd et imbattable… Elle avait surtout peur. Peur de rester là à moisir jusqu’à ce que quelqu’un de la trouve. Elle e avait assez vu pour savoir que le jeune homme avec elle était… Particulier et surtout sans cœur. Il pouvait très bien l’abandonner sans une once de remord. Il allait le faire ? Elle n’en savait rien. Rien du tout. Mais elle voulait qu’il l’aide… Parce qu’elle le méritait. Parce qu’elle s’était battue avec rage jusqu’ici pour survivre et ce, sans verser des larmes de crocodile ou encore le supplier de l’achever. Non, elle avait décidé que son envie de vivre était la plus forte et qu’importe qu’elle soit terrorisée ou en colère. Ainsi donc, elle s’était écroulée contre son interlocuteur, la tête en avant. Maintenant, elle crevait de froid, et le contacte chaud du corps de l’asiatique ne suffit pas à la réchauffer un tant soit peu. Trop dur… Mais au moins elle n’était pas seule. Leurs regards s’étaient croisés et leur sang se mêlait… Un sang rouge foncé et brûlant. Concordant avec leur humeur. Charlie avait tenté plusieurs fois de reprendre la parole mais la crainte de tousser comme tout à l’heure lui trancha net toute autre tentative. Il suffisait que ça recommence et elle préférait se trancher la gorge elle-même plutôt que d’espérer y survivre. Allongée mais surtout recroquevillée sur elle-même comme un nourrisson, elle se chantait une chanson intérieurement tout en écoutant la respiration tranquille du jeune homme. Son bras avait entouré sa nuque, comme un moyen de ne pas le perdre de vue, et elle avait crispé sa main poisseuse sur son col, inspirant par à-coups. Elle aurait voulu lui demander « Dis, tu vas me laisser là ? » Mais elle n’en fut pas capable. Seul l’avenir allait lui donner une réponse. Soit elle ne se réveillerait pas, soit elle ouvrirait de nouveau les yeux. Guérir, se sentir bien, ne plus avoir mal… Toutes ces idées paraissaient irréelles… Mais c’était possible ! Pour cela, il devait ouvrir cette porte et les mener à l’infirmerie ! Et presto ! En même temps, il ne pouvait plus marcher, comme allait-il faire pour la porter elle aussi ? Ah… il y avait plus de 90% de chance qu’il la laisse ici… Et sans remord. La petite aristocrate réprima une grimace de tristesse. L’idée même de s’être battue pour rien lui faisait mal au cœur. Ce serait… injuste.

Et bien oui, oui elle cherchait sa présence. Quoi qu’il en pense et quoi qu’il ne dise… c’était ainsi. La donzelle ne voulait pas qu’il parte, se savoir seule l’effrayait plus que n’importe quoi d’autre. Elle lui en voulait, oui, évidemment… Mais le temps de la bagarre était terminé, et elle s’était bien vengée non ? Tout de même… C’est qu’il était amoché le petit gars. Sûrement ne comprenait-il pas cette façon qu’avait Charlie de ne pas le lâcher des yeux, sûrement trouvait-il cela absurde… Qu’importe.

« Je m'en souviendrais. »

L’interpellée eut le temps d’écouter sa bref réponse avant de plonger dans un profond sommeil. Elle lui devrait quelque chose, s’il la sortait d’ici, elle avait juré. Mais maintenant c’était presque trop tard. La belle avait décidé de s’endormir. Le genre de sommeil auquel un mourrant ne doit pas céder. Mais voilà, perdue dans son imagination, la jolie demoiselle ne ressentait même plus le moindre souci. Elle était entourée de couleurs et souriait largement. C’était un peu enfantin comme vision des choses. Voire… un peu « Alice au pays des merveilles. » Avec un lapin blanc, un chat de toutes les couleurs, des fleurs qui parlent, des cartes à jouer qui courent etc… Sa bulle. Mais il n’y avait pas que ça. Elle y ajoutait aussi un mélange de tous ses Walt Disney préférés ainsi que son prince qu’elle s’était façonnée elle-même. Pas le cliché blond du genre John Smith. Plutôt un beau brun ténébreux, un peu sauvage, mais très amoureux. La passion, la fougue, l’intelligence, la curiosité et l’humour se lisaient dans ses beaux yeux noirs. Brrrr… Qu’elle chance ! Et tout ça rien que pour elle !

Etait-elle morte ? Aucune idée… Est-ce qu’on rêve quand on est mort ? Morphologiquement parlant c’est impossible. Mais sommes-nous assez prétentieux pour savoir ce qui se trouve après la vie ? Mais non, pas de panique ! Charlie était toujours parmi les vivants ! (Qui vient de siffler ?? =O +OUT+) pourtant, il allait lui falloir un bon moment avant de capter cette évidence. Comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve, elle ouvrait tranquillement les yeux, d’abord éblouie par la lumière au plafond. Fronçant les sourcils et grimaçant d’inconfort, elle bougea un peu sous les couvertures lorsqu’une petite douleur aiguë au niveau de la ligne abdominale la contraint à rester immobile. Clignant plusieurs fois des yeux, elle commença par tenter d’émerger en plaçant le décor… Des murs blancs, une odeur de désinfectant infecte et… Et un gros silence. Contrairement à une personne normale qui aurait commencé à paniquer en se demandant où elle était, Charlie se mit à bailler comme une grenouille, la bouche graaaaande ouverte, poussant un long soupire. De petites larmichettes apparurent au coin de ses yeux et elle les essuya d’un revers de la main. Elle était toute propre… L’infirmière avait due la nettoyer. Mais ce qui lui mit la puce à l’oreille fut surtout son accoutrement : toute nue à l’intérieur d’une chemise blanche XXL, suffisant pour lui arriver à mi cuisse. Les manches étaient bien trop grandes mais elle n’y fit pas plus attention que cela. C’est à ce moment précis que lui revinrent en mémoire toutes ses mésaventures de ces dernières heures… Ainsi que le visage du garçon… L’asiatique. Elle ne l’avait pas imaginé tout de même ! Il existait bel et bien non ?

Se redressant sur ses fesses, la jeune femme écarquilla grand ses yeux en observant une silhouette au bout de son lit. Une silhouette sombre… Le temps de se frotter les paupières, ayé, elle y voyait mieux… Oh mais O.O C’était monsieur de son rêve ! Il existait donc vraiment ! Franchement, elle aurait put sauter de joie si elle avait complètement oublié dans quelle situation cet idiot l’avait mise. Cependant elle était en vie non ? D’ailleurs, si elle était ici… c’est qu’il avait du… La… Noooooon ??! Il l’avait sauvé ?? Charlie manqua d’en tomber à la renverse, heureusement elle se rattrapa à son drap. Repoussant ce dernier, elle replaça une mèche de ses cheveux propre derrière son oreille puis s’agenouilla sur le lit, en direction du fameux japonais.

« Je suppose que si je suis ici… tu y es pour quelque chose. Mais je n’aurais jamais cru qu’en plus de ça tu resterais à côté de moi… Voyons, tu te tâtes à savoir s’il faut m’étrangler pendant mon sommeil ? Trop tard, j’suis réveillée. »

Elle avait dit ça d’une petite voix douce mais tinté d’un peu d’amertume malgré tout. Néanmoins, c’était l’ironie qui se percevait plus à travers ces mots. Elle restait méfiante, mais pas tant que ça… Le fait d’avoir frôlé la mort dans les bras de ce garçon avait cassé une barrière… L’héritière De Volange se frotta la tête avant d’écarter le haut de sa chemise de son buste afin de regarder discrètement les bandages de son ventre. Arg, elle ressemblait à une vraie momie. Replaçant le vêtement, elle redirigea toute son attention vers Keiji…

« Au fait, tu t’en fiche sûrement mais, j’m’appelle Charlie. »

Elle baissa un instant les yeux puis s’approcha encore un peu de lui, hésitante mais convaincue à la fois. Là, elle remarqua à son tour ses blessures… Elle sourit brièvement :

« En fait tu es comme moi : petit, mais solide ! »

Elle rit doucement et naïvement en laissant ses jambes battre dans le vide. Pourquoi était-elle de si bonne humeur alors que ce type avait voulu la tuer ? Non… pas la tuer… mais au moins lui faire du mal. Etai-ce le fait d’être encore là ? Il faut dire que notre donzelle croquait la vie à pleines dents… pourquoi d’en cacher, elle avait toujours été comme ça. Seulement maintenant Keiji le savait, derrière cette face candide se cachait une volonté de fer… Quoi qu’il ne dise.

Il n’existait peut être pas de raison précise au fait que Keiji est miraculeusement sauvé notre petite aristocrate. Ou plutôt, il en existait tellement qu’il s’avérait impossible de faire le tris. Toujours est-il qu’il restait impossible de savoir ce qui lui était passé par la tête, et si lui-même l’ignorait, ce n’était sûrement pas Charlie qui allait trouver. Elle et ses rêves, ses utopies… La version qu’elle préfèrerait serait qu’il ait eut un soudain excès de conscience devant ce petit bout de femme qui s’endormait dans ses bras et que, attendrit, il se soit persuader de la sauver quoi qu’il en coûte ! Bon, normalement dans les histoires, c’est le prince qui éveille sa princesse d’un baiser amoureux… En l’occurrence, ce n’était pas trop le cas. A l’inverse monsieur introvertie était resté de l’autre côté du lit à attendre on n’sait quoi, l’air peu aimable. Pourquoi fallait-il toujours qu’on lui casse ses rêves ?? Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir de la chance pour une fois ? Quoi ?! Elle n’était pas mignonne c’est ça ? Repoussante ? Ou étai-ce du au fait qu’elle l’ait sérieusement blessé. Euh… ça pouvait jouer. Bien qu’elle se persuada que son interlocuteur n’était pas très doué pour ce qui était de décrire ses sentiments. En avait-il seulement ? Un être humain sans humeur… Quelle tristesse ce serait ! Imaginez un peu que vous restiez de glace aussi bien devant un accouchement que devant un meurtre ! Misère de misère… c’était anti-littéraire ça ! Charlie pouvait toujours continuer de se faire des films ou d’espérer le prince charmant, bientôt elle réaliserait qu’elle resterait seule… C’était comme ça. En fait, il y avait deux types de fille : les filles qui attirent les mecs, celles qui pleurent tout le temps pour un oui ou pour un non mais comme elles font la vaisselle et qu’elle sont mignonne et toute douce… On leur pardonne. Puis il y avait elle, les filles comme Charlie. Un peu hors norme, à côté de la plaque, parfois violente et garce, mais cachant un cœur d’or et parfois de cruelles faiblesses. Sauf que celles-là… Elle pouvait toujours se pomponner, elles effrayaient. Bon et bien soit ! Qu’importe ! Elle resterait telle qu’elle s’était faite et vive l’intégrité ! Et si elle devait frôler la mort pour se réveiller à côté d’une statue de marbre qui s’avérait aussi être son assassin + son sauveur… Et bien voilà, c’était fait ! Elle ne s’en sentait pas mieux pour autant.

Assise dans son lit encore, elle s’était pour ainsi dire… Prit un Vent. Mais un sacré vent hein, je dirais même un cyclone en pleine poire. Elle avait essayé de relancer la conversation en révélant même son nom mais Keiji sembla s’en moquer comme de sa première victime. Binh… mais quoi ?! Il lui interdit même de penser qu’ils étaient pareils, comme si cela eut été une insulte pour lui. Elle s’était endormie… Evidemment qu’elle s’était endormie ! Il lui avait percé le bide à deux endroits et elle faisait tous les efforts possible et imaginables pour l’apporter jusqu’à la porte afin qu’il se décide enfin à l’ouvrir ! L’avait-il oublié ça ?? Mais c’est vrai qu’il faisait preuve d’une résistance physique assez peu commune pour une petit mec pareil. Il ne devait pas dépasser Charlie de plus de 10 cm, ça faisait drôle de ne plus se sentir aussi naine tout d’un coup. Néanmoins, les paroles froides du japonais réussirent à stopper net les efforts de mademoiselle De Volanges qui se ravisa en se mordillant la lèvre. Alors pourquoi restait-il ici si ce n’était pas pour lui parler ? Qu’attendait-il ? Que l’infirmière revienne ? C’est ça ? Elle devait lui apporter un médicament peut être ? C’était peu probable… Mais alors, c’était à elle qu’il en voulait. Ah ! Il voulait qu’elle le remercie en lui faisant un gros bisou ! C’est ça ! Mais bien sûr… La belle grimaça rien qu’à cette idée. C’était bien son genre à ce petit bout de nippon, comme s’il était là pour recevoir des boniments. Elle passerait plus pour une idiote à faire ça qu’autre chose.

Elle capta son tout petit et minuscule sourire. Oui ! Elle en était sûr et certaine : il avait sourit ! Pourquoi ? Mystère et boule de gomme… Mais il en était capable dans d’autres circonstances que lorsqu’il dépeçait ses victimes, c’était déjà pas mal. Bon… le silence commençait à être pesant là. On n’était pas dans un enterrement bon sang ! Puisque tous les deux étaient en vie ! Alors inutile d’afficher ces gueules de déterrés. On aurait dit deux gamins que l’on vient de punir après qu’ils aient fait une grosse bêtise. L’adolescente jeta un coup d’œil à son silencieux chevalier tueur/sauveur et soupira de façon à ce qu’il l’entende. Elle s’ennuyait à mourir maintenant… Coincée dans sa large chemise d’Homme ! Elle devait avoir l’air d’un clown, ne lui manquait que le maquillage et le pif rouge. Bof, pour ça il suffisait de lui faire boire une gorgée de Whisky et c’était parti ! Enfin quand même ! Ils n’allaient pas rester là comme deux ronds de flan dans leur soucoupe ! L’idée même fit sourire la blondinette qui s’imagina alors toucher Keiji le faisant gondoler comme de la gelée Anglaise. Et a force de se repasser la scène, elle finit par étouffer un gros fou rire. Hum… Ce n’était pas l’moment.

« On dirait un couple sur le point de se séparer. » S’enquit-elle en haussant les épaules et elle baissant les yeux sur ses genoux.

C’est vrai ça, cette atmosphère pesante, ce silence, cette gêne… Charlie appuya une moue lassée, les lèvres en avant comme si elle allait embrasser l’homme invisible. Jouant avec ses petits doigts, elle finit par en avoir par-dessus la tête de tout ça et quitta son lit pour remettre les pieds sur Terre. Ça faisait combien de temps qu’elle dormait ? Et qu’elle heure était-il ?? Jetant un coup d’œil à l’horloge au dessus de l’encadrement de la porte, elle fut surprise de constater que toute sa journée s’était passée en un éclaire : déjà 21 heures ??? Bon, mais c’était gênant de se promener comme ça avec aussi peu de fringue sur les épaules et même pas de petite culotte ! D’ailleurs, elle était où sa culotte ? 0.0 Argue… Qu’un seul moyen de le savoir hélas… Se tournant timidement vers le jeune homme et roulant des pouces, la donzelle s’approcha de lui tout doucement avant de bafouiller :

« Euh.. Dis… je sais que tu veux pas me… me parler mais, elle est ou ma petite culotte… ? »

Ce serait un miracle qu’il ait compris sa phrase… vraiment ! D’ailleurs, la belle rougie d’un seul coup, honteuse. C’est que… ça ne se faisait pas tous les jours de demander à un garçon avec lequel on vient de se fritter violemment où se trouvait ses sous-vêtements. En particulier quand on est une fille. Mais oubliant tout ça, elle se força à se concentrer sur les bandages que Keiji avait autours des mains. Elle ne regrettait pas son geste mais tout de même, c’était elle qui lui avait fait ça. Wow !

« Je te dois quelque chose, tu m’as sauvée et je veux tenir la promesse que je t’ais faites… » Dit-elle en effleurant du bout de son index une longue mèche de cheveu de l’asiatique.

Deux personnes complètement différentes… Et c’est le moins que l’on puisse dire. Mais oui, Charlie avait toujours été hyperactive comme fille. Il faut dire que son éducation avait été assez ardue. Impossible de se coucher après 21 heures mais aussi de se lever passé 7 heures. Du piano, de la danse, encore de la danse et toujours de la danse. Les études, les devoirs, le cheval bref. Une véritable princesse dans son château. De l’énergie, elle en avait à revendre… Mais ça, il est vrai que ça pouvait surprendre. D’abord lorsque l’on voyait son physique de petite puce et ensuite dans cet endroit où tout le monde était plus ou moins mort. Il suffisait de le regarder lui : L’asiatique. Il n’était pas mort non, mais il vivait en en côtoyant tous les jours. Jamais le jeune Anglophone n’aurait pu faire ça. Elle qui préférait à la limite parler à un platane ! Qu’on la prenne pour une fille, une cinglée, une idiote ou même juste une inconsciente, elle s’en fichait bien. Tous ces gens ignoraient sa vie tout comme elle ignorait la leur. Non jamais elle ne jugeait qui que ce soit, par contre, elle pouvait donner son avis. En l’occurrence, Keiji était… Euh… Bon sachant qu’elle ne connaissait même pas son prénom et qu’il ouvrait la bouche trois fois dans l’heure… Il était mystérieux et dangereux. Mais avait-il autre chose. Ce qui était hélas sûr, c’est que la donzelle refusait de baisser les bras devant un tel silence. Elle voulait connaître mieux ce masque de solitude et folie. Y’avait-il quelque là-dessous ? Etait-il né ainsi où les circonstances avaient-elles fait… leur travail, Toutes ces questions et évidemment jamais de réponse. En même temps, aller demander à un sourd si un aveugle les observe… Bon. Et lui ? Qu’elle vision avait-il d’elle ? Sans doute comme tout le monde, à ses yeux elle était d’abord zarbi, puis franchement trop dans son petit monde.

Oui bon d’accord, le fait de ne pas s’être endormi recelait quelques avantages comme… ne pas perdre de vue ses affaires. Or il se trouvait que Charlie avait effectivement perdue conscience l’espace de quelques misérables heures. Mais elle ne regrettait pas d’avoir dormis comme un bébé, elle pétait la forme maintenant ! Rougissante, elle avait donc dût demander à son interlocuteur introverti où se trouvait au moins sa culotte. Il n’avait pas compris. Arf… tant pis, elle ne répèterait pas. Trop la honte. Et puis cette chemise était très bien, elle cachait tout et sans l’alourdir. Juste qu’elle ressemblait à une vielle bique au chômage dedans. Le genre qui se lève à 14 heures de l’aprèm’, qui va chercher ses baignés et les bouffes devant ses jeux vidéos. Une vraie no life quoi. Passons… Elle avait – comme un réflexe – prit entre ses doigts une longue mèche de cheveux du petit bonhomme tout en lui adressant une deuxième nouvelle. Ouh… Ils étaient abîmés (XD) mais c’était tout doux et agréable à… VLAN ! En un minuscule alignement de mots soudaine, le japonais réussit à glacer l’aristocrate qui resta figée deux ou trois secondes.

« Tes affaires. Là bas... »

Avant qu’elle n’ait le temps de faire quoi que ce soit, Keiji lui attrapa le bras, comme pour qu’elle l’écoute avant d’aller vaquer à plus important. L’Anglaise tendit l’oreille en levant les yeux au plafond. Elle s’était sauvée toute seule ?? Oui bien sûr, d’ailleurs elle avait toujours un mode « pilote automatique » pour les coups durs >_<
Ah bien… C’était trop aimable… Faisant volte-face, Charlie enjamba plusieurs mètres de carrelages pour se retrouver nez à nez avec une chaise sur laquelle avaient été pliés ses sous-vêtements. Magie ! Esquissant une mimique de satisfaction profonde et de soulagement, elle s’en empara et glissa son regard vers le nippon plus loin, l’air de chercher un coin pour les enfiler. Ah ! Là-bas ! Il ne la verrait pas ! Enfin… c’était juste pour le principe, quelque chose lui soufflait que cette brave personne n’était pas non plus un voyeur. Nom d’un chien ! Mais il avait tous les bons principes du gentleman et pourtant il était une crapule ! Allez comprendre… La jeune femme enfila d’abord sa culotte puis retira les manches de sa chemise pour glisser les bretelles de son soutien-gorge qu’elle agrafa en quelques mouvements adroits. Super, il y avait même ses bas redevenus blanc comme neige ! Elle les enfila et se trouva fort plus vêtue qu’à l’allée. On aurait dit une petite fille en collant ayant volé une chemise à son papa. Elle était revenue vers son lit et avait ramassé la couverture qu’elle avait précédemment laissé tomber puis la plia avant de la déposer soigneusement sur le matelas. Tout en agissant, elle chantonnait doucement et gaiement… Jusqu’à ce que…

« Et pour ta promesse, on verra plus tard. Je n'ai rien besoin maintenant. »

Effectivement le petit oiseau se tue dardar. Traduction : Bon écoute t’es gentille mais là tu m’gonfles plus qu’autre chose alors dégages. P’tit con ! Depuis tout à l’heure elle faisait des efforts pour détendre l’atmosphère et monsieur… monsieur se permettait des remarques désobligeantes ? Charlie fulminait de l’intérieur, c’était limite si la fumée ne lui sortait pas par les oreilles. Elle crispa ses doigts sur la couchette avant de se tourner furtivement vers son interlocuteur et de le regarder de haut, lui était toujours assis. D’un geste adroit, elle plaqua ses deux mains sur les joues de monsieur et colla presque son visage au sien, yeux dans les yeux.

« Bon alors écoute ! Un peu de gentillesse et de courtoisie dans ce bas monde ne ferait de mal à personne ! T’as faillis raccourcir ma vie de 40 bonnes années et tu te permets toujours de m’adresser la parole comme si j’étais ton robot domestique ! Ça va oui ?! C’est pas un peu fini de se comporter comme un gamin névrosé du « j’kiff pas ma life et j’le montre parce que c’est cooooool.. » ?! Je te répète que je te suis trèèèèès reconnaissante de m’avoir amené jusqu’ici alors que je t’avais agrafé les mains, coupé les pieds et troué le slip, maintenant si tu ne supportes pas que je te parle franchement ou que je te touche, Pourquoi t’es resté ?? »

Pour la regarder dormir peut être ? Elle était jolie quand elle dormait ? Ou étai-ce juste un instant de nostalgie ? La petite blonde fini par lâcher son interlocuteur et inspira un bon coup avant de lui tourner le dos et de s’assoire de nouveau sur son lit. Son ventre la faisait souffrir, elle n’aurait pas dut s’énerver comme ça. Plaquant une main sur l’emplacement de ses boyaux, elle ferma les yeux et laissa l’oxygène pénétrer tranquillement ses poumons.

« Vas-t-en maintenant si tu bas rien à me dire… C’est vrai ça, j’vois pas pourquoi tu devrais rester ! Tu n’veux même pas me dire ton nom ! Tu veux que j’en fasse quoi ? Du vaudou ?? Je voulais simplement en savoir un peu plus et pouvoir mettre un nom sur ce visage... »

Takashi ? Hideto ? Yuki ? Keita ? Tsss… Pas la peine de se fatiguer, s’il ne voulait pas qu’elle le sache elle ne le saurait pas. Ramenant ses jambes vers elle, Charlie laissa reposer sa tête au bout du lit, là où il était encore frais. Son regard se posa ainsi directement sur les lèvres de l’asiatique, des lèvres abîmées. Oops ! C’était elle aussi qui lui avait fait ça. Mince alors, elle était vraiment partie dans son trip alors ! Euh… Oui, et c’était même pas comparable. Hésitante, elle fini tout de même pas déposer sa paume sur le genoux du tueur, juste en face d’elle.

« Sincèrement, comment as-tu fait pour m’amener jusqu’ici… ? »

Ainsi donc, monsieur n’était pas particulièrement tactile… Si Charlie aimait le toucher ou l’effleurer pendant qu’elle lui parlait, c’était justement pour observer ses réactions. Il ne bougeait pas… Mais souvent, cela l’amenait à répondre à une question précédente ou du moins à ouvrir la bouche. C’était gênant ? Peut être pas non plus… Et il ne devait pas être le genre à se laisser troubler par un simple contacte. Il existait tellement de contactes différents dans le monde. La simple poignée de main pour saluer, le chaste baiser, le coup de poing pour blesser, ou la gifle pour l’enfant. Le baiser amoureux ou même l’acte en lui-même entre deux personnes qui s’aiment ou non. Ça n’a pas trop d’importance selon où on se place. Toujours est-il que cela signifiait quelque chose. Et voilà, Charlie venait de se voir maltraitée pendant au moins une heure – elle n’avait pas retenue la notion du temps dans la salle des tortures – et elle avait rendue cela par de la violence… mais quelque heures après, lorsque la colère du moment se fut évincée, elle redevenait celle qu’elle était lorsqu’on l’avait jeté dans cette fameuse pièce. Une fille plutôt agitée mais sans grande méchanceté. Le troublait-elle ainsi ? A première vue, l’asiatique n’aimait pas ça, qu’on l’approche de trop prêt. Malgré tout, l’Anglaise avait laissé posée sa main sur son genou et ne songeait pas même à la retirer avait qu’elle n’en eut trouvé l’utilité. Ce geste symbolisait beaucoup de choses pour elle et la première : elle avait affaire à un être comme elle. A un être humain. Un Homme qui mange, qui bois et qui respire. Avec des poumons, un cerveau, et même un cœur ! Pourquoi pensait-elle à cela ? Et bien… Tout à l’heure, dans le noir, il ressemblait plus à une bête qu’autre chose. Après, lorsqu’elle l’eut blessé, il lui faisait penser à un robot. Une machine qui ne craint pas la douleur tant qu’on ne touche pas à son unité centrale. Mais là, il y avait de la chaleur qui envahissait sa paume. Celle de ce petit bout de chair qu’elle tenait au travers du tissu de ce pantalon. Il ne devait pas savoir ce qui traversait l’esprit de la donzelle, même pas imaginer tout ce qu’elle venait de décrire de ses pensés. Pourtant c’était comme irréel pour elle et, si elle avait osé, elle aurait directement posé sa main sur son cœur afin de le sentir battre. Non… Elle n’oserait pas. Elle l’imaginait déjà l’assommer et la jeter dans le presse ordure si elle faisait ça…

En attendant, alors qu’elle lui demandait clairement comment il l’avait amené jusqu’à l’infirmerie, le nippon lui offrit une réponse en une phrase correcte en plus… mais ce n’était plus tout à fait ce qu’elle attendait. Ça, c’était tout à l’heure. Néanmoins, elle connaissait dorénavant son nom ET son prénom. Ce qui n’était pas négligeable au fond. Si un jour elle entendait ou voyait quelque part ce nom, elle pourrait comprendre. L’adolescente répéta machinalement les quelques syllabes entres ses lèvres : Keiji Kitade. K& K… Comment lui dire si c’était beau ou laid, puisqu’elle ne définissait même pas le visage de son interlocuteur comme à la normal. Elle avait l’impression qu’il se métamorphosait en fonction de chacune de ses humeurs, de ses expressions. Dans son regard il n’y avait que de l’agitation. Du vent, la mer, le feu, comme vous voulez… mais ça bougeait sans cesse… Charlie restait allongée… Comme ça, elle l’observait, les yeux de nouveaux levés vers sa figure pâle sans avoir à ne faire aucun effort. Un autre silence s’abattit, moins lourd cette fois… Cependant, la blondinette sentit son moral dégringoler. Etai-ce cette façon de devoir parler à un mur ou le regard froid qu’il lui lançait ? Sans expression… Rien. Comme si c’était elle le mur ! Comme si elle n’avait rien en elle qui puisse valoir un minimum de considération. Une feuille blanche… C’est ça ? Elle était une feuille blanche bonne à jeter dans le feu ? Ses yeux devinrent vitreux et elle cessa immédiatement de penser à ça, de façon à ne pas pleurer pour de bon. C’était un point sensible ça… Ce que pensent les autres d’elle était plus important que sa propre vision des choses. Elle ne s’était jamais acceptée ni aimée. C’était commun à énormément de gens on est d’accord, mais on s’en fou puisque là, c’est de Charlie qu’on cause ! Toujours peur d’être inutile, laide et de trop. C’est pour ça qu’elle perdait du poids, comme ça… Elle prenait moins de place dans une pièce et on ne la voyait presque pas, quitte à la confondre au papier peint.

Se mordillant la lèvre, l’aristocrate se redressa lentement. Elle avait encore mal… mais c’était oublié pour l’instant. Enfin, elle retira son emprise du genou de Keiji et renvoya ses cheveux fous en arrière. Soupirant, elle se contenta sur le silence… Espérant ne pas encore avoir à parler pour agiter ce monsieur. Elle voulait lui causer… pourquoi ? Aucune idée. Mais elle ressentait un besoin infini de lui dire des choses futiles, qui ne l’intéresseront aucunement mais… c’était comme ça. Mais peut être valait-il mieux qu’elle s’en aille et qu’elle le laisse à méditer. C’est ça qu’il voulait ? Qu’elle s’en aille ? La demoiselle De Volanges ramena la longe chemise blanche au niveau de ses cuisses et releva les manches trop longues pour elle. S’abaissant, elle ramassa ses chaussons et les enfila. S’ils se revoyaient… Essaierait-il encore de lui faire du mal ? Encore et toujours ces interminables questions ! Elle le saurait assez tôt de toute façon non ? L’endroit état assez restreint pour qu’ils se recroisent… De toute façon, elle avait pas mal de choses à faire dont voir Shean. Elle espérait aussi pouvoir parler à Diva, non pas pour lui raconter ses malheurs mais pour décompresser.

« Bien monsieur Kitade, puisque vous n’ouvrez pas la bouche… »

Elle se pencha sur lui à une vitesse déconcertante et s’empara de ses lèvres comme elle l’avait fait lorsqu’il lui avait dit cette fameuse phrase « ça te va bien » qu’elle n’avait d’ailleurs toujours pas comprises. Il n’aimait pas les contactes physique ? Et bien tant pis ! Elle n’aimait pas quand on la faisait tourner bourrique donc… C’était une punition plutôt soft…

« Je m’en sers… » Murmura-t-elle en mettant fin à cet échange sensuel.

Et bien quoi ? Il était mignon comme tout et avait une petite bouche à croquer. Elle n’allait pas se gêner ! Quoi c’était un meurtrier sanguinaire ? Pouah… c’était comme voir un enfant tuer ses playmobil pour elle, maintenant qu’elle avait faillit être à la place du playmobile. Riant avec légèreté, elle s’était relevée, puis dirigée vers la porte avec un large sourire.

« Bon rétablissement et… »

Lui envoyant un baiser imaginaire un peu provocateur sur les bors

« A un de ces jours, serial killer. »

Puis elle sautilla à l’extérieur sans produire le moindre bruit, contente de son imitation d’Alain Chabat pour ce qui était de prononcer les deux derniers mots de sa dernière phrase.



Hj : Tu réponds et j'en commence un autre ailleurs, ou c'est même pas la peine d'y penser et plus de sujet cette furie? XD