L'art et la manière de s'attirer des ennuis. - Darren -

L'art et la manière de s'attirer des ennuis. Ce qui correspond tout à fait à Eurynome, puisqu'en environ une bonne demi-heure, la demoiselle était parvenue à se perdre dans un endroit on ne peut plus glauque : les catacombes. Oui oui, elle était perdue, perdue, perdue et encore une fois, au cas où vous n'auriez pas encore bien compris : PERDUE. Douée, n'est-ce pas. En plus, elle n'y voyait quasiment rien. Pas de lumière, pas d'air frais, ce serait peut-être même plus rapide de dire pas de vie. Mais, voyez-vous, jeunes gens, Eurynome fait partie de ces gens-là qui ont le chic pour voir toujours le bon côté des choses. Votre grande tante préférée vient de décéder ? Pas de panique, pensez à l'héritage. Vous êtes à la boulangerie, et vous vous rendez compte qu'il n'y a plus de millefeuilles, aka votre pâtisserie favorite ? Don't worry, ça vous évitera de gagner quelques calories non désirables. Et enfin, vous êtes perdue dans un endroit totalement inconnu et pas franchement rassurant ? Pas de problème, au moins, vous qui trouviez que les camarades de ce foutu pensionnat étaient un peu inquiétants, vous êtes sûre de n'trouver personne, puisque vous êtes seule. Ouais, Eurynome était seule, et elle qui, généralement, n'aimait pas énormément la solitude, c'était pas tellement le pied. Sa seule compagnie, pour tout dire, était un rat -enfin, vu le bruit, ça devait bien en être un-, que la demoiselle avait baptisé Jean-Roger. Ce qui était bien, avec Jean-Roger, c'est qu'Eurynome avait l'impression qu'il rôdait autours d'elle. Ou qu'il cherchait à la rendre folle, en couinant tantôt à gauche, tantôt à droite. Allez savoir vous s'il s'agissait bien d'un rat. Si oui, s'il était seul. Non parce qu'Eurynome s'imaginait déjà toute une tribu de rats commandés par un sergent-chef, se mettant en cercle tout autour d'elle pour la bouffer. Ce serait triste comme fin d'ailleurs, finir dégustée par des sales bêtes de ce genre, dans un trou noir comme cet endroit. D'autant plus que personne ne se soucierait d'elle puisqu'elle n'avait pas franchement fait de connaissance pour le moment ici. C'est pas de sa faute, quand elle s'approchait d'une personne qui avait l'air à peu prêt fréquentable, elle se faisait lamentablement jetée, du style «  tu m'parles à moi là ? » ou « si tu m'adresses la parole une nouvelle fois ma jolie, je t'éclate la tronche ». Avouez, y'a mieux comme banalités pour répondre à un « salut » enjoué. Eury devrait donner des cours de bienséances à ces ingrats tiens. Leçon numéro un : comment répondre à une salutation.

«  NAOOON, PITIÉ PAS ÇA, OH PITIÉ NON ! » s'écria soudainement Eurynome, en français. « POURQUOI MON TALON BON DIEU C'EST PAS POSSIBLE» continua t-elle, en hurlant les yeux rivés vers le ciel -et ce même si elle ne le voyait pas. Pourquoi, oui, pourquoi, l'bon dieu en avait-il contre elle ? Déjà, l'emmener ici et faire qu'elle se perde, c'était pas mal. Mais en plus lui casser son talon haut de sa chaussure gauche -notez la précision- c'était franchement abusé. Vraisemblablement, le talon s'était cassé suite à la dangereuse rencontre d'un .. je sais pas trop en fait. Morceau d'os ? Peut-être bien. Eurynome respira profondément, comme elle avait vu faire une nana dans une vidéo de yoga, histoire de se calmer. Ensuite, elle hésita quelques secondes : quitter la chaussure, ou la garder et marcher comme un canard boiteux ? Étant donné de l'état du sol, il était plus convenable de garder la chaussure au pied. Quitte à merder pour marcher correctement. La demoiselle repartie donc de plus bel pour trouver cette foutue sortie, tout en parlant, s'adressant en français, encore une fois au 'dieu', même si elle n'était absolument pas croyante. «  toi, je te jure, dès que j'lâche, je monte te voir et j'te fais ta fête. J'espère que t'auras une bonne excuse pour t'être tant acharné sur moi, couillon. » Toujours aussi aimable, bien entendu.

Hélas, elle n'arrivait toujours pas à trouver la sortie. Ou l'entrée. Enfin, là où elle a fait pour arriver dans cet endroit. Et en plus, elle commençait à flipper sa maman. Elle entendait des bruits. De pas ? Il n'y avait que deux solutions dans sa tête : soit les mêmes rats de tout à l'heure qui ont dû avaler je n'sais quel produit chimique l'encercle de nouveau, étant maintenant des rats mutants géants et encore plus dangereux, soit quelqu'un s'approchait. Eurynome mourrait d'envie de crier : « eh oh, je suis là, j'suis perdue, ramenez moi, je vous en priiiiiie ! ». Mais, elle se disait que si elle criait, cela attirerait les rats mutants dans sa direction. A supposer qu'ils ne l'aient pas entendue s'énerver contre le 'tout puissant', bien sûr. Résultat, la blondinette restait figée, ne bougeant plus qu'un poil ni d'un cheveu à attendre de voir si ces pas venaient à elle ou non. Elle ferma les yeux et se mordillait violemment la langue, stressée par la situation. Oui, si elle avait déjà peur de quelques petits rats -ou d'un visiteur- elle n'irait certainement pas très loin dans ce pensionnat.

Toujours les yeux fermés, Eurynome priait de toutes ses forces 'faîte que ce ne soit pas des rats mutants et encore moins un malade avec un couteau qui veut m'trancher la gorge' bien que n'étant absolument pas croyante. Allez, si jamais il se passait un miracle, je peux vous assurer qu'elle court s'acheter une Bible de suite. Enfin, façon de parler, elle aurait sans doute du mal à en trouver une ici. La demoiselle sursauta violemment quand elle entendit une voix s'adresser à elle. Une voix bien aimable lui proposant de l'aide et se présentant. Imaginez un instant que ce soit un piège, hein, que ce soit un malade ce type, qu'il lui parle gentiment pour la mettre en confiance ? Bizarrement, Eurynome préférerait crever les yeux fermer plutôt que d'assister à la scène. Tordue la demoiselle, je sais. Peu rassurée, elle ouvrit tout d'abord un œil ( ouais, genre elle l'envoie en reconnaissance, tout à fait ), puis constatant qu'il n'y avait pas l'air d'y avoir là un quelconque danger, elle se décida à ouvrir l'autre œil. Le petit blondinet n'avait pas l'air méchant. Eury respira un bon coup, histoire de se redonner confiance en sois et tout. Il s'appelait Darren. « T'aurais une chaussure Gucci gauche ? A talon, tu sais, l'escarpin de cuir noir là ? Je te demande ça, par pur hasard hein » dit-elle avec un accent français prononcé. Depuis son arrivée en Amérique, la demoiselle avait remarqué que bon nombre d'américains n'aimaient pas les français. Pour une raison qui lui était encore inconnue d'ailleurs. « Oh et je m'appelle Eurynome. » ajouta t-elle lorsqu'elle se rendit compte que, mal polie comme elle était, elle avait tout bonnement oublié de se présenter à son tour. Au pire, ce n'était qu'un nom, mais tout de même.

En construction et vraiment désolée du retard