Katerina Green

Aylin avait essayé de redresser tout ça, quant à savoir si ça avait marché, elle le saurait bien assez tôt. Sa tentative était peut-être un peu facile, j’avoue ! En tout cas, le jeune homme lui dit qu’il pensait qu’elle ne cherchait qu’à se rassurer avec ses paroles… Comme si c’est ce qu’elle essayait de faire… Elle avait simplement voulu lui montrer qu’il lui avait donné une réponse stupide, à une question tout aussi stupide d’ailleurs, mais bon, on va pas s’appesantir dessus.
Elle n’essayait en aucun cas de se persuader qu’elle s’en sortirai indemne, qu’il la laisserai partir en sautillant joyeusement le long du couloir. Elle ne cherchait pas à se rassurer. Bien sûr elle avait peur, un peu, après tout elle était humaine, non ? Mais cette peur ne la submergeait plus comme elle l’avait fait tout à l’heure. Elle avait réussi à la surmonter, même si elle savait qu’elle pouvait replonger dedans en une seule seconde.

Comme ça ses pseudos paroles rassurantes envers elle-même étaient nulles ? Quel compliment… Au moins il admettait que lui aussi avait dit quelque chose de « nul », puisque qu’il comparait les dernières paroles d’Aylin aux siennes. Cela fit sourire Aylin, un petit sourire moqueur. Lui qui paraissait si arrogant, avait enfin réussit à se dénigrer lui-même… Marrant, ça l’était. Elle avait au moins réussit à faire quelque chose…

Et puis il s’avança de nouveau vers elle. Il était désormais tout près, et elle pouvait parfaitement voir son visage. Sombre, sans aucune émotion. Ou s’il y en avait une, la colère mêlée à de l’impatience. Pas d’ironie moqueuse, plus rien de tout cela. La fuite, la fuite… Comment ça ? Bien sûr qu’elle essayait d’effacer un échange de paroles qui avait mal tourné, qu’elle essayait de revenir en arrière. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Se jeter à ses pieds, demander un pardon ? Il pouvait toujours rêver, et puis cette scène plus qu’étrange la ferait rire plutôt qu’autre chose. Il secoua la tête, doucement, pour bien lui faire comprendre qu’il ne l’entendait pas de cette façon. Il ne voulait plus parler avec elle, du moins pour le moment. Mais alors, qu’est-ce qu’il pensait faire d’autre ?
Aylin n’eut pas le temps de réagir. Elle sentit une main se poser sur sa nuque, rapide, dure. Puis le jeune homme l’attira tout contre lui, c’était une manie ou quoi de se coller contre les gens ? Elle pensait qu’il avait juste l’intention de lui faire un gros calin forcé (xD), mais non. Quand il la rapprocha de lui, elle sentit son couteau plus que tout, effectivement… Il l’avait tenu droit, et celui s’enfonça donc naturellement dans la chair d’Aylin (tout du moins c'est ce que je comprends, dis-moi si je me trompe xD), au ventre plus précisément. Cela lui coupa la respiration une seconde, c’était la première fois qu’elle se prenait un coup comme celui-ci, on peut la pardonner ! Ses yeux grands ouverts, elle ne tenta pas de se dégager. A vrai dire, elle ne pouvait plus bouger pour l’instant. Ca y est, le retour de la statue ! Il la repoussa ensuite contre un mur. Le dos collé à la pierre, elle tenta de se remettre de tout ça.

Le pire, c’est qu’elle n’avait rien pu faire pour y échapper. Elle n’avait pas eu le temps de se dégager, de le frapper pour le dissuader d’agir. Elle avait subi sa colère, voilà tout. C’était ça qu’il l’avait le plus surpris. La rapidité de ses gestes. La précision qu’il avait eue. Et la douleur qu’elle avait ressentie, qu’elle ressentait toujours… Elle essaya d’oublier cette douleur, de la chasser de son esprit. Pourtant elle pouvait sentir le sang qui coulait sur son ventre… Mais il avait vraiment voulu l’embrocher là ! Au moins lui avait-il fait comprendre qu’il n’aimait pas forcément parler… Et qu’il répondait par la violence à tout ce qui ne lui plaisait pas.

Elle voyait qu’il attendait, avec une impatience très bien cachée mais qu’elle pouvait ressentir tout de même en le regardant, qu’elle tente quelque chose. Effectivement, c’était un peu mesquin tout ça… Cela voulait dire que si elle ratait son coup, il se déchaînerait sur elle. Or Aylin était moyennement pour, ça on peut s’en douter. Il la laissait se débrouiller toute seule… Attendant qu’elle perde. Il resta là à la regarder, sans faire aucun geste qui pourrait faire croire à Aylin qu’il recommencerait immédiatement. Aylin le regardait elle aussi, sa respiration légèrement irrégulière, les yeux froids. Il commençait presque à l’énerver… Et ce qu’il pouvait dire n’y résoudrait rien. Bien sûr, elle ne préférait pas ça à la discussion ! Il se moquait d’elle en plus… Quant à son impatience, et bien il allait devoir attendre, parce qu’elle n’avait pas du tout envie de contenter ses attentes. Et puis son petit sourire… Sur le moment, ils s’agaçaient réciproquement semble-t-il, puisque la seule chose qu’elle avait envie de faire c’était de le gifler violemment.
C’est d’ailleurs ce qu’elle fit. Sans réfléchir. Elle se détacha du mur, oubliant la douleur qu’elle pouvait avoir, et le gifla sur la joue gauche. Sans aucune émotion dévoilée, comme il avait pu le faire tout à l’heure. Elle s’était lancée, voilà tout, ne voulant pas lui faire mal puisque sa force n’était pas très développée. Elle avait peut-être envie de lui montrer qu’il l’énervait lui aussi, elle n’en savait rien, de toute façon elle ne savait pas pourquoi elle l’avait fait alors… Ensuite, elle se repositionna contre le mur. Son regard était vide, bien qu’un peu amusé si on regardait bien. Il allait sûrement qualifier sa réaction de stupide. Vas-y, dis-le, te gêne surtout pas…

Et pourtant, elle cherchait activement un moyen de le mettre d’une humeur plus gaie. Mais quelle contradiction… Pourquoi ? Parce que d’un côté, cette rencontre lui plaisait. L’inconnu qui s’offre à vous… Et elle, elle s’était prise au jeu. Si on pouvait appeler cela un jeu… Elle savait très bien, contrairement à tout ce que pouvait dire l’autre, à tout ce qu’il pouvait penser, que tout ce qui se passait était réel… Mais elle n’avait pas envie de prendre peur. Peut-être que finalement, il ne serait pas déçu de cette rencontre. Il y a toujours de l’espoir dans la vie !

- On s’énerve tous les deux, comme c’est marrant…

Pendant qu’elle parlait, un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. Moqueur, comme à son habitude.

- Ne crois pas que j’essaie de me rassurer. Tu te trompes totalement.

Autant mettre les choses au clair. Elle n’aimait pas le fait qu’on la rabaisse, elle se trouvait déjà assez bas comme ça. Si il n’y croyait pas, et bien tant pis, au moins elle le lui aurait dit. Il pouvait faire de ces paroles ce qu’il voulait. Elle n’aurait pas de problème de conscience sur ce point-là.
Elle se redressa quelque peu. Elle se tenait toujours contre le mur, d’un air plutôt décontracté, malgré le fait qu'il l'avait tout de même blessée quelque peu. Qu’est-ce qu’elle pouvait être étrange parfois… Elle changea totalement de sujet quand elle reprit la parole.

- Tu veux que je t’étonnes, pas vrai ?

C’était plus une affirmation qu’une question. Elle avait bien vu qu’il n’avait semblé heureux, ou plutôt amusé, que quand elle avait fait la statue au milieu du couloir, ce qui était pour le moins original. Il voulait donc quelque chose d’inédit, qui l’étonnerait. Malheureusement pour elle et pur lui également, aucune idée ne lui traversait l’esprit à ce moment-là. Si lui il se connaissait assez pour savoir ce qu’il attendait, elle, elle ne le connaissait pas. Et elle n’était pas devineresse, que je sache.

- Non, j’ai toujours pas d’idée. Je ne te connais même pas… Je sais pas comment tu es. C’est comme ça.

Et oui, c’est comme ça, il faut savoir se contenter de ce qui vient parfois. L’imagination rapide, c’était pas son truc, et même si l’envie de surprendre les gens la tenait toujours, là… Elle était complètement à court d’idées. Si cela ne lui plaisait pas, il pouvait toujours reprendre son couteau et continuer ce qu’il avait commencé. Il serait déçu, voilà tout. Mais il pouvait toujours attendre encore un peu, la mettre sur la voie d’une idée, avoir de l'espoir. A lui de choisir. Tiens, elle avait inversé les rôles… Elle lui laissait le choix de ses actions, tout comme il l’avait fait. Ils étaient confrontés à des choix tous deux. Peut-être qu’il ne ressentait pas ça, mais elle si. Et elle attendait, impatiente tout comme lui. Il avait sûrement des raisons d’être impatient, d’attendre quelque chose. Mais elle, qu’est-ce qu’elle pouvait bien attendre d’une rencontre pareille ?

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