Le premier pas... {Pv Keiji} TERMINE

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Le premier pas... {Pv Keiji} TERMINE 02hz1

Keiji Kitade && Sasha Campfire

Sasha dormait paisiblement contre le torse de son frère, Aaron, bercée par sa respiration lente et régulière. C'était la toute première nuit qu'ils passaient sur cette île, et ce n'était pas très rassurant. Ils avaient allumé un feu histoire de se réchauffer et de s'éclairer un minimum. C'est vrai qu'il ne faisait pas très chaud. Heureusement qu'ils avaient leurs affaires avec eux et que la jeune russe avait put enfiler un gilet par dessus sa robe sinon elle serait frigorifiée. Et puis il y avait la chaleur de son frère contre elle.
La nuit était calme, on entendait des grillons, la mer un peu plus loin et le bruit du vent dans les feuilles. L'île paraissait paisible, calme et presque accueillante si on faisait abstraction de ce que lui avait dit Rueben. Un pensionnat de fous dangereux, voilà sur quoi ils étaient tombés. Loin d'être terrifiée, cela aiguisa plutôt la grande curiosité de la jeune femme qui trouvait même ça cool à partir du moment bien entendu où on ne venait pas l"égorger. C'était une sacrée aventure comme elle les aimait ! Une espèce de polar ou de film d'horreur bien comme il faut. Pas tout à fait quand même.
Sasha remua dans son sommeil, soudainement réveillée par un rayon de soleil. La nuit était passée, le matin venait tout juste d'arriver. Elle se redressa lentement, passant une main dans ses cheveux blond pour repousser ceux qui s'étaient glissés devant ses yeux et s'étira.

Elle se leva en silence, prenant soin de ne pas faire de bruit pour ne réveiller personne et à pas de loup, prenant ses ballerines qu'elle avait enlevée dans une main, elle s'éloigna du petit groupe, enfila ses chaussures et marcha en direction du château. Oui, le jeune homme de la veille lui avait bien dit de ne jamais approcher cet endroit. Seulement voilà, elle avait une faim de loup et ils n'avaient pas prévu de quoi manger pour tout ce petit monde, c'est à dire 12 personnes. Il fallait qu'elle trouve à manger et si possible, prendre une douche. Jetant un dernier regard derrière elle, Sasha partit à l'aventure...
Elle ne marcha pas bien longtemps, mais prenant tout de même le temps d'observer tout ce qu'il y avait autour d'elle. Vraiment étrange... les fleurs étaient laides, le sol pauvre, et puis tout était si sombre... un vrai film d'horreur en fin de compte. Il y avait même un horrible cimetière. N'ayant plus froid, elle ôta son gilet et le garda dans sa main.
Elle pressa le pas, cherchant une autre entrée que celle principale. Autant faire ça dans la discrétion non ?

Ayant contourné le grand bâtiment, elle aperçut enfin une sorte de cours et une petite porte au bout qui menait à l'intérieur. Prions maintenant pour qu'elle soit ouverte ! Sasha regarda autour d'elle pour voir s'il n'y avait personne et s'avança jusqu'à la porte. Elle posa la main sur la poignée et à ce moment là, la porte s'ouvrit. Poussant un cri de surprise typiquement féminin et dans un réflexe purement irréfléchit et instinctif, elle frappa l'individu qui tentait de sortir. Se rendant compte de sa bêtise, elle mit une main devant sa bouche, confuse :

- Oh pardon ! Mon dieu ! Je vous ai fait mal ? Je suis désolée, vraiment désolée je... j'ai prit peur, vous allez bien ?

Elle était sidérée de ce réflexe idiot. C'était à cause de Rueben ça avec ses histoires de tueurs et de violeurs ! Ça la mettait peut-être plus à cran qu'elle ne le croyait. Serrant son gilet contre elle, elle regardait avec inquiétude l'asiatique face à elle.

Keiji sortait tout simplement d'Anguish. Rien de spécial, c'était une journée comme une autre, le soleil s'était levé il y a peu, il était allé prendre une douche bien tranquillement, il s'était préparé, habillé soigneusement comme tout les matins puis il était allé déjeuner. Sa journée était encore paisible, ce matin il n'avait croisé personne à part le cuisinier. Keiji n'était pas du genre à discuter, ils se connaissaient très bien et ne parlaient que s'ils avaient quelque chose à attendre de l'autre. Pas de rencontre dans la salle de bain non plus aujourd'hui! Le vide, à croire que tout le monde dormait encore et pourtant non loin de là, quelqu'un remuait et bientôt leur chemin allait se croiser... D'ailleurs ce moment arriva. Alors qu'il pensait sortir dans la cour et que pour cette raison, il ouvrait la porte, brusquement sans qu'il ne puisse faire quoique ce soit une petite main gracieuse fonça sur lui. Celui-là, il l'avait pas vu venir, c'est sûr! Il fut surpris, s'attendant à tout sauf à cela. Il se prit donc clairement le coup. Reprenant vite ses esprits malgré tout, il chercha l'origine du coup bien sûr et il découvrit une jeune fille totalement inconnue. Il ne comprit qu'après la raison de ce salut inhabituel mais regretta quelque part de telles excuses. Non pas qu'il aimait se faire frapper mais il fallait avouer que ça faisait un bout de temps que ça lui était pas arrivé, quelques coups face à quelqu'un qui se débat c'est vrai mais rien de plus. Depuis combien de temps ne s'était-il pas vraiment battu avec quelqu'un? Ca lui rappelait quelques souvenirs d'un seul coup. Une excitation qu'il était presque en train d'oublier. Ah, Kristinna, irremplaçable cette fille! Mais tiens c'est vrai, c'est lui même qui l'avait tué, c'est bête hein? Trop tard pour le regretter maintenant! Non, sans rire, ça l'avait lassé à un moment donné ces combats ridicules néanmoins les gens ici maintenant avaient le sang froid, même pour se défendre ils prenaient plus la peine de lever le poing. Enfin, peu importe, c'était inattendu et plutôt comique mais ça s'arrêtait là!

Keiji ne fit aucune remarque par rapport à ces propos remplis d'excuse et de surprise mal contrôlé, pas de commentaires pour le coup, rien du tout, comme si elle n'avait rien dit ou qu'il ne s'était rien passé. Non pas qu'il cherchait à le nier ou quoique ce soit de ce genre, simplement il ignorait complètement la jeune fille pour l'heure. Enfin la minute. En fait, c'est surtout ses mots qu'il ignorait, quoi de plus stupide en même temps? Avait-elle besoin de se confondre en excuse? Elle l'avait frappé sous le coup de la surprise et alors? On allait pas en faire un drame non plus! C'était pas bien grave, il allait s'en remettre! Pas besoin de le reluquer avec cet air là. La situation était plutôt amusante en réalité, c'était le sentiment intérieur de Keiji mais à l'extérieur il ne montrait rien, aucune émotion, rien. Il fit quelques pas dehors laissant la porte se refermer derrière lui. Il se sortit une cigarette et l'alluma. Après la seconde bouffée, il se tourna vers la jeune fille et l'observa quelques secondes en silence. Ensuite, il regarda en l'air, puis autour de lui, avant de replonger un regard inexpressif sur elle... Enfin, quelques mots firent leur apparition... Son ton de voix était aussi froid que son regard, un regard perçant néanmoins, pour autant il était calme, tranquille, il n'y avait pas d'agressivité, rien de plus que s'il lui demandait l'heure.

- D'où tu sors comme ça?

Elle n'était sûrement pas tombée du ciel. Nouvelle? Non, elle avait par la tête des nouveaux... même des plus naïfs... quoique, c'était pas impossible non plus, même le plus probable en fait. Keiji n'était pas au courant de ce qui s'était passé sur l'île. Il ignorait qu'un groupe de touristes venaient de débarquer et il faut avouer que ce n'est pas une chose qu'on peut deviner! Donc oui, elle devait être nouvelle. Quoique... sa réaction était quand même louche. Une de ses ombres qui passent son temps à se cacher? Possible. En même temps, elle n'avait pas l'air réellement paniquée plutôt surprise du geste qu'elle n'avait pas su maîtriser. Curieux? Un peu, bien sûr. Après tout, cette petite blonde tombait à pic... il n'avait justement rien à faire... aucun programme... tout était donc envisageable! Qu'allait-elle pouvoir lui proposer? Au moins, elle ne semblait pas dans l'état de Rueben. Tiens, c'est drôle. En y repensant, elle devait sans doute faire partie du même arrivage, pendant un bout de temps il n'avait jamais rencontré de nouvelles personnes et voilà qu'en deux jours deux nouvelles têtes, oui ils avaient du arriver en même temps, qui sait peut être même qu'il y en avait d'autres, voilà une bonne nouvelle, cela voulait dire que la vie était de retour à Anguish... ce qui signifiait surtout... que le sang allait pouvoir se remettre à couler... quel bonheur! Enfin, de la chaire fraiche!!!

Sasha mordillait sa lèvre inférieure anxieusement derrière son gilet. Non mais franchement quelle idée ! Maladroit comme tout comme d'habitude ! Frapper un pauvre gars qui n'avait rien demandé à part prendre l'air et elle débarque en le frappant sans prévenir ! Non vraiment elle était la dernière des empotées sur ce coup ! Elle s'attendait sans aucun doute à ce qu'il se mette en colère et pourtant... non. Le jeune, plus âgé qu'elle à vue d'œil, se contenta de la regarder d'un air froid. La jeune fille frissonna et baissant un instant les yeux en rougissant. On ne peut pas dire que ce regard soit sympathique, il était même plutôt effrayant. Lentement, elle osa pourtant relever son petit nez pour le voir sortir une cigarette. Sans un mot, pas un seul. Cela surpris la jeune russe d'ailleurs, avait-il l'habitude de se faire ainsi accueillir ? Peu probable... muet ? Ah peut-être on sait jamais... ou alors ça lui était complètement égale. Il pouvait tout aussi bien la frapper d'une seconde à l'autre pour se venger. Quelle imagination !
Dans tous les cas, Sasha resta coite, observant avec attention l'étrange physique de son vis à vis. Asiatique, avec des vêtements peu communs, pour elle en tout cas, et puis... ce maquillage... pour un garçon c'était quand même... incongru non ?

trépignant sur ses petits pieds, Sasha finit par baisser ses mains et descendre son gilet pour découvrir son visage. C'était quand même plus poli et moins idiot.
Le jeune homme sembla regarder autour de lui. Sasha fit de même, comme pour tenter de comprendre ce qu'il cherchait exactement. Elle entendit alors enfin le son de sa voix, une voix grave et un peu sèche qui lui demandait d'où elle sortait.
Ah... oui... fallait s'y attendre à ce genre de question. La jeune russe avait pas pour habitude de sortir des salades et n'en voyait de toute façon pas l'utilité. Elle lissa sa robe d'un air encore un peu gênée puis répondit :

- Je suis perdue. Enfin... notre paquebot de croisière à eu un soucis mécanique et... moi et quelques autres on a prit une navette de secours pour chercher de l'aide et ... et on s'est retrouvé ici. On... on veut pas vous ennuyer c'est juste que... la navette en question a disparue et on est coincé sur cette île, on a rien à manger et je pensais... enfin... que quelqu'un ici pouvait peut-être nous venir en aide ?

Elle pinça ses lèvres roses, redoutant la réponse d'avance. Ce garçon appelé Rueben lui avait dit que c'était un pensionnat où résidaient des tueurs, des violeurs et des fous alors elle n'était pas très rassurée. Ça se comprenait, ce gars là par exemple n'était pas très aimable au premier abord.

La jeune fille semblait mal à l'aise, intimidée, elle ressemblait à une petite fille, même si on peut pas dire que Keiji rencontrait beaucoup d'enfants, pas assez pour faire la comparaison, peu importe. Elle avait néanmoins quelque chose d'attirant, peut être ce petit côté naïf. Elle ressemblait à ses filles qu'on rencontrait dans un autre monde, un temps révolu... insousciente. Keiji fronça les sourcils au fur et à mesure de son discours. Voilà qui avait de quoi soulever la curiosité... même celle de Keiji, pourtant c'était rare de l'intéresser avec de la simple vie quotidienne, bravo donc! Faut dire que là elle avait quand même tiré le pompom. Qu'est-ce que c'était que cette histoire? On entrait pas et on ne sortait pas de l'île comme ça, c'est bien connu. En tout cas tout ceux qui avaient essayés avaient échoué, tout le monde ici le savait et c'était pas que des ragots pour effrayer la populasse. Keiji ne s'était pas donné la peine d'essayer pour sa part n'en voyant pas l'intérêt mais nombreux étaient ceux qui l'avaient fait. Autant dire que s'ils entendaient parler de ce genre de choses, beaucoup d'entre eux courraient se jeter droit dans la mer avec le peu d'espoir que cette nouvelle pourrait leur rendre. Faut dire que pour beaucoup de pensionnaires, une telle nouvelle avait de quoi faire foncer les foules. Imaginez un peu, un groupe de touristes perdus sur l'île, forcément des secours allaient être mis en place pour venir les récupérer. Peut-être alors pouvait-on avoir une chance de fuir avec eux, pas vrai? C'était peut être leur seule et unique chance de quitter cette île un jour. Des occasions comme celles là, il n'y en a qu'une. Keiji pouvait l'imaginer mais pour sa part il n'avait jamais eu l'envie de partir d'ici et ce n'était pas cette nouvelle qui allait le faire changer d'avis. De toute manière, ce qui pouvait exister ailleurs, il l'avait oublié. Volontairement.

Bref, la jeune fille lui demandait de l'aide en toute innocence. Keiji ne reprit pas la parole directement. Il laissa au contraire le silence s'installer de nouveau entre eux, il était très calme ce matin comme si la machine n'était pas encore bien mise en route. On pourrait dire qu'il réfléchissait à cette situation inédite mais c'était peu probable qu'il aille si loin. Cueillons le jour... n'attendons pas demain pour croquer le fruit bien mûr, qu'importe si certains disent que le temps le rendra meilleur... Au bout de quelques minutes, Keiji se plaça face à la jeune fille, fixant son regard. La prenait-il pour une folle délirante? Vous allez me dire ça aurait été possible mais là encore ce n'était pas ce qui l'intéressait. Il la regardait voilà tout, ensuite seulement le verdict tomba. Il acquiesca doucement puis prit de nouveau la parole.

- Suis-moi.

Tout simplement. Keiji prit une nouvelle bouffée de sa cigarette puis ouvrit la porte par laquelle il venait de sortir, entrant il la garda ouverte pour l'encourager à le suivre. Tire la chevillette et la bobinette cherra. A moi petit chaperon... vas-tu me suivre? Mais non... je ne vais pas te manger!

Sasha passait son petit gilet de main en main, un petit peu nerveuse. C'est vrai, Rueben n'avait pas pu mentir, et si ce bâtiment était réellement remplie de tueurs, d'assassin et de fous en tous genre, elle préférait se méfier de ce qu'elle disait et de ce qu'elle faisait. Elle avait mal commencé en frappant ce garçon. Il avait l'air louche en plus... bon pas seulement parce qu'il était asiatique, maquillé et tout mais surtout à cause de son regard et de son étrange comportement. Il disait rien, il fumait et la regardait avec un air sévère et froid. Du coup, elle fuyait parfois son regard, baissant son regard sur le sol ou bien ailleurs, autour d'elle, essayant de paraître le plus naturel possible, sauf que c'était pire. Dans le pire des cas, elle ferait demi-tour et ne resterait pas à l'ennuyer ou quoi que ce soit d'autre, elle retournerait bien vite voir son frère et éviterait de s'approcher de cet endroit à l'avenir. Si Aaron et Dimitri apprenaient qu'elle s'aventurait autour du pensionnat, ils ne seraient vraiment pas content. Aaron serait surtout très inquiet, mais Dimitri, lui, se mettrait en colère. Il valait mieux éviter ça. Dès qu'il s'agissait d'elle, les deux jeunes hommes n'étaient jamais d'accord. Dimitri préférai sévir et lui faire la morale, alors qu'Aaron était plus doux avec elle. Mais elle les aimait tous les deux, c'était le principal, même si elle avait sa préférence pour Aaron, un futur historien.

Le silence était de plus en plus pesant pour la jeune fille. Mais elle vit une sorte de curiosité dans les yeux de l'asiatique lorsqu'elle fit part de son problème. Ils ne devaient sans doute pas l'habitude de voir des gens inconnus débarquer ici sans prévenir à cause d'un espèce de naufrage. Peut-être qu'il allait lui dire de se débrouiller. Sasha tritura une dernière fois son gilet dans ses mains lorsque le jeune homme se rapprocha d'elle pour lui faire face; Elle eut un petit mouvement de recul, sans bouger pour autant, et rougit légèrement en n'osant pas fixer son regard, préférant regarder en biais, intimidée. Soudain, il lui demanda de le suivre. Sasha fut extrêmement surprise, puis soulagée. Il acceptait de l'aider ? Formidable !
Le jeune homme entra par la porte d'où il était venu, la laissant ouverte pour l'inviter à en faire de même. La jeune russe hésita quand même. Ce n'était pas ce qu'on appelait "se jeter dans le gueule du loup ?". Oh et puis zut, si ce garçon voulait l'aider, il ne la laisserait pas entre de mauvaises mains.
La jeune fille se glissa donc à son tour dans l'enceinte du bâtiment, refermant derrière elle la porte grinçante.

La première chose qu'elle fit, c'est de regarder autour d'elle pour voir à quoi ressemblait l'intérieur. C'était sobre, un peu sombre et nullement très accueillant mais enfin... pour l'instant rien à voir avec un manoir hanté plein de toile d'araignées et de murs fissurés. Elle regarda aussi en l'air rapidement, puis reporta son regard bleu sur l'inconnu.

- Où allons-nous ?

Autant le savoir, même si dans tous les cas, elle le suivrait en aveugle. Sasha se rendit compte qu'ils n'avaient pas fait les présentation. Mais elle ne le fit pas. Elle n'avait pas franchement l'impression que cet asiatique était pressé de connaître son identité.

Comment ça on va où? Mais elle est bien curieuse cette petite! Et la surprise alors, qu'est-ce que t'en fais? Keiji haussa les épaules et continua sa route. Elle allait bien le voir après tout, non? Ouvre grands les yeux déjà sur ton chemin et fait aller ton imagination, peut être que tu trouveras toi-même la réponse! Ces jeunes quand même! Incapable de se débrouiller seul! Faut tout faire à leur place! Même penser! On se demande comment ils ont été élevés, à quand l'ère des robots? Enfin, c'est leur problème et puis c'est plus drôle comme ça. N'empêche, drôle d'histoire... Keiji entraîna ainsi dans le silence la jeune fille au travers de différents couloirs. Il ne chercha pas à l'embrouiller, ni à lui faire des petits pièges, on avance tout simplement. Personne sur leur chemin, enfin... si... une petite rouquine, mais il fallait avoir des yeux de lynx pour avoir perçu son apparition. Aussitôt les avait-elle aperçue qu'elle avait disparue, il y avait de la haute compétition de cache-cache dans les environs, la concurrence est bonne toujours! Ben oui, on s'amuse bien à Anguish, qu'est-ce que vous croyez? Faut pas écouter les ragots! Surtout ici! Sinon, je vous dis pas, on passe pas la journée, que des mises en garde à la mord moi le noeud! Du bidon! Promis! Restez vous même et tout ira pour le meilleur des mondes, voilà la recette! Enfin, voyez vous même!

Keiji tourna à droite, puis à gauche... les lieux n'étaient pas si immense que ça, on finit par arriver là où on voulait en venir. Keiji ouvrit la porte sans crier gare et la poussa à l'intérieur. T'as écouté la leçon, t'as bien retenu le chemin, petite fée? Ca peut être intéressant, tu me croiras ou non mais c'est dans la cuisine que tonton Keiji t'as amené, et oui! Tu vois qu'on est pas des monstres ici! Enfin, traine pas trop dans le coin quand même, d'autres surveillants pourraient se montrer plus cruel. T'as pas le droit de venir par ici. L'accès est réservé. Retiens-le, même si tu ne peux pas le deviner! Enfin, la petite blonde n'est pas quelqu'un qui craint le danger n'est-ce pas, à moins qu'elle soit juste un peu naïve... du genre je vois la vie en rose...

L'heure du repas approchait, par conséquent la cuisine n'était pas complètement vide. Un cuisinier... en train de se la couler douce, c'est pas comme si les pensionnaires avaient une chance de manger à l'heure, même pour les surveillants en faisait pas vraiment l'effort, terminer de feuilleter un magazine est tellement plus passionnant! Un simple coup d'oeil, pas de remarque suffit à noter l'entrée dans ces lieux fermés. Comme quoi, ça paraît pas si compliqué d'enfreindre les règles ici, cela dit, tout le monde n'a pas les mêmes droits... Pour autant les voir a du lui permettre de se souvenir soudainement qu'il avait un petit travail à accomplir s'il voulait conserver son droit d'être ici. Il s'est donc mis au fourneau... La viande qu'il sortait avait une forme un peu étrange et une peau parsemé de petits grains de beauté, louche, n'est-ce pas? Voire peu appétissant... Keiji ouvrit les frigos des pensionnaires, en sortit quelques restes de la veille qu'il mit dans une assiette et déposa sur une table avant d'encourager la jeune fille à déguster... c'est-ce qu'elle voulait non? Alors, allons-y. Pour sa part, il voulait l'observer un peu encore pour décider de quelle manière il comptait prendre son dessert.... Il se prit donc un petit verre pour dire sans doute de l'accompagner.

Le cuisinier lui demanda s'il avait besoin de quelque chose mais Keiji nia d'un nouveau signe de tête, pas très bavard ce matin dites donc pourtant ils se connaissaient bien, m'enfin Keiji n'avait jamais été du genre à venir échanger des petites blagues matinales! Cela dit, un silence comme ça... à se demander s'il avait pas avalé sa langue pendant la nuit! Les yeux par contre fonctionnaient bien... Il posait toujours ce même regard lourd sur la blonde. Ca devait l'amuser ou alors il attendait quelque chose, quoiqu'il en soit, voilà la situation. Bon appétit surtout!

Sasha s'attendait à une réponse, mais elle n'en n'eut aucune. Elle fronça les sourcils, non pas méfiante à ce point mais plutôt parce que le silence du garçon la surprenait. Elle qui était si bavarde forcément... c'est vrai tout de même, si les hommes avaient une langue c'était pour s'en servir à leu guise et à qui mieu-mieu, comme elle faisait. Mais certains au contraire semblaient avoir peur qu'elle ne s'use. Ou se coupait des autres de cette manière. Pourquoi faire ? Bah, ça ce n'était pas son problème. Cet asiatique avait sûrement ses raisons, on espérait seulement que ce soit une bonne et non une mauvaise. La seule façon de le savoir, étant donné que son guide n'était pas très loquace, c'était de lui suivre. Et Sacha était loin de se retrouver terrifiée à l'idée de pénétrer dans les profondeurs mystérieuses du pensionnat, au contraire ! C'était tellement... excitant ! Les risques étaient réels, elle en était tout de même consciente mais après tout, elle pouvait prétendre se défendre un minimum !
Elle suivit donc l'asiatique, toute aussi silencieuse. On entendait que leur pas dans les couloirs sombre et rien d'autre ou bien un grincement de temps en temps. Sasha avait les yeux rivés partout, son regard se promenait en tout sens, en direction du plafond, du sol même, à droite à gauche... elle était effectivement bien curieuse. Elle ralentissait même devant certaines portes ouvertes pour jeter un œil dans la pièce sans réellement pouvoir comprendre ce qui s'y trouvait. Elle allongeait ensuite le pas pour ne pas perdre de vu son guide. Quel endroit étrange... mais c'était tout de même un peu mieux que l'annexe dans laquelle on les avait logés en attendant.

La jeune russe analysait également son chemin, enfin elle n'était pas paranoïaque non plus, c'était juste au cas où elle serait obligé de revenir seule ou bien de sortir seule aussi, on ne sait jamais. Retiendrait-elle tout ? Ces couloirs se ressemblaient tellement... un coup à droite, un coup à gauche, en tout cas l'asiatique avait de connaître les lieux comme sa poche et n'hésitait jamais sur son itinéraire. Il devait être ici depuis un bout de temps.
Quelques petites minutes plus tard, ils parvinrent enfin devant une porte, et son guida la poussa dans la pièce. Elle ne put réprimer une petite exclamation de surprise. La cuisine ! Pas une petite cuisine en plus... c'était grand ! En revanche ça ne brillait pas beaucoup mais elle n'était pas maniaque. Lorsqu'elle aperçut un cuisinier, vaguement occupé, elle esquissa un grand sourire et lui fit un petit signe de la main.

- Salut !

Pas de réponse, le cuisinier partit soudain s'occuper de sa cuisine, plus particulièrement à la cuisson d'une viande rouge. Sasha perdit son charmant sourire et grimaça. Elle détestait la viande rouge ! C'était un détail. L'asiatique lui présenta plusieurs mets qu'il posa sur une surface et se servit un verre. La jeune fille allait le remercier mais le cuisinier la devança pour demander au jeune homme s'il avait besoin de quelque chose. Ils étaient vraiment gentils ici ! Elle n'aurait pas cru... et Rueben qui parlait d'un pensionnat où ils étaient tous fous et dangereux. Il avait sans doute exagéré un peu pour la dissuader de venir trainer ici. Bon et bien peu importe désormais puisqu'elle y était à présent. Elle se contenta donc d'un vague sourire à l'intention de l'asiatique et se servit un verre à son tour qu'elle but tranquillement. Il devait y avoir assez de nourriture dans cet endroit pour nourrir aussi les naufragé, c'était une bonne chose, ils ne mourraient pas de fin.
Sasha se pencha sur l'assiette et inspecta ce qui s'y présentait. Ce n'était que des restes mais au moins, ça se mangeait. Un morceau de volaille, des carottes grossièrement coupées, des petites tomates rondes, ça suffirait.
La jeune russe prit une des tomates et l'apporta à sa bouche. Elle avait très fin mais n'avait pas pour habitude de se goinfrer. Elle mangea donc lentement, appréciant son estomac enfin rempli, prenant quelques gorgées de sa boisson de temps en temps.
Lorsqu'elle eut terminé, elle s'essuya la bouche avec une serviette et tandis un sourire à l'asiatique qui jusque là n'avait pas dit un mot.

- Merci c'est vraiment gentil. Vous... vous croyez que je peux en amener aux autres ? Parce qu'ils n'ont pas mangés non plus et... enfin il n'y a rien à manger à l'annexe et les autres n'osent pas venir ici.

Elle pencha sa jolie tête blonde sur le coté, souriant à l'asiatique en le fixant de ses yeux bleus. Elle avait cette manie de tirer son air angélique à chaque fois qu'elle demandait une permission. Généralement c'est ce qui faisait qu'elle obtenait ce qu'elle voulait. Mais il ne fallait pas se méprendre, c'était tout à fait innocent, elle ne se servait pas de ça pour manipuler, c'était juste une petite manie. On verrait bien si ça fonctionnait ici aussi. Mais il était peu probable qu'on les laisse mourir de faim de toute façon.

Plus il la regardait et plus il sentait sa haine grandir. Cette fille était tout ce qu'il n'aimait pas voir : la fraicheur, l'innocence, l'épanouissement dans la simplicité. Elle prenait le temps de déguster, elle semblait tout apprécier, même sa présence ici dans cet endroit, elle ne semblait pas contrariée, comme si toute expérience, découverte, était bonne à prendre. Comme s'il y avait une solution à tout, que la vie était belle. S'il avait autant de ressentiment face à tout ça, c'est sans doute tout simplement parcequ'inconsciemment elle représentait le monde extérieur. Ce monde auquel il n'avait jamais pu appartenir. C'était pas cette idée là le problème mais plutôt que cette image lui renvoyait un tas de choses qu'il avait plaçé dans la catégorie passé oublié et qu'il n'avait pas franchement l'intention de ramener tout ça au grand jour aujourd'hui. Elle était ces filles qu'il voyait à l'époque dans la rue. Elle était celle qu'il avait tué. Son premier meurtre. Le plaisir de ce sang sur ses mains. Le plaisir de l'acharnement. De la souffrance. Jusqu'au dernier souffle... La beauté ensanglantée. La douleur, la haine. La vie. La mort. Il s'y retrouvait. Dans cette ruelle. Il entendait ses cris... il voyait son regard. Il eut un sourire pour lui-même. Elle mangeait toujours. Elle continua jusqu'à la dernière bouchée avant de reprendre la parole.

Son petit air angélique marchait sans doute dans la plupart des cas néanmoins il y avait un risque qu'en face de quelqu'un d'aussi insensible que Keiji elle se trouve face à un échec. Dans tous les cas, Keiji n'avait absolument aucune intention d'aller nourrir ces petits naufragès qui se cachaient dans leur coin. Qu'ils viennent donc s'ils ont vraiment faim! On verra bien comment on les accueillera! D'ailleurs, pour l'heure, il était bien loin de s'en préoccuper, tout ce qui l'intéressait était cette petite blonde aux yeux bleus, rien de plus. Il s'avança donc vers elle puis s'appuya sur la table pour lui répondre, posant son regard si sombre dans le sien, si clair.

- Non. Tu ne peux pas.

Keiji débarassa la table tranquillement comme pour se laisser du champ libre. Il se trouvait à présent plutôt du côté de la porte, peut être pour l'arrêter au cas où elle chercherait à fuir. Le désir était monté en lui en la regardait agir, il n'avait plus l'intention de laisser échapper sa proie. Le cuisinier jeta un oeil vers eux avant de retourner à sa cuisson. Le regard de Keiji s'était durci encore, glacial et menaçant à présent. Elle était encore assise, il était proche d'elle. Il lui fallut peu de temps pour l'atteindre. Il attrapa sa splendide chevelure blonde qu'il tira sèchement en arrière pour étirer la douceur de son cou, admirant les courbes qui s'offraient alors à lui, maîtrisant ses revendications de gamine par sa force. Il y passa la main doucement puis plus fermement, l'envie qu'il pouvait avoir de l'étrangler était perceptible. Il commença d'ailleurs... regardant sa peau si blanche rougir... puis relâcha son étreinte. Il avait beau ressentir l'envie de la tuer, là tout de suite, mieux valait refouler ses ardeurs et prendre plutôt du plaisir dans le jeu. On ne fait rien d'un cadavre, vivante elle se montrerait sans doute bien plus amusante! Il déchargea pourtant sa pulsion en claquant la tête de la jeune fille dans l'autre sens contre la table. Se glissant jusqu'à son oreille, il lui glissa quelques mots...

- Pense à toi avant de penser aux autres... si tu veux les revoir...

Il la relâcha alors complètement reculant pour lui laisser un peu de marge de manoeuvre, soyons juste! Allez, doucement Keiji, pas de précipitation! On prend son temps, on la laisse plaisanter un petit peu elle aussi!

- Lève-toi maintenant! Debout!

Non, décidément la patience n'était pas son fort aujourd'hui. Faut dire qu'il commençait à en avoir un peu marre de la monotonie! Il y avait des chances qu'elle ne le trouve plus aussi gentil, pas vrai? Tant mieux, il avait tendance à ne pas trop apprécier ce genre de compliment. Il ne supportait pas non plus ces gens emplis d'illusions. Qu'elle pourisse à Anguish! Non, il ne la tuerait pas! Il regarderait cette jolie fleur faner lentement... et il l'y aiderait.

Si elle pouvait ramener quelques vivres à ses compagnons, ils seraient contents. Sauf ses frères qui allaient lui faire une sacrée morale. Et elle qui avait promis de ne pas s’approcher de cet endroit ! Oh et puis de toute façon, il ne lui était rien arrivé jusqu’à présent, pas de raison que cela se complique brutalement tout de même. Cet asiatique était froid et peu bavard, mais pas bien méchant. C’était l’idée qu’elle avait de lui pour le moment bien sûr. Elle fit donc une demande toute bête, celle de ramener un peu de nourriture à l’annexe, exposant un joli sourire pour appuyer sa requête. Il s’avança alors vers elle avec un regard si froid que Sasha perdit immédiatement son sourire et l’observant approcher avec inquiétude. Il s’appuya sur la table et lui répondit sèchement qu’elle ne pouvait pas. La jeune russe, paralysée par ce regard si sombre, avala lentement sa salive, et commença d’une voix craintive :

- Mais… pourquoi ?

Pas de réponse, le jeune homme commença à débarrasser la table où elle venait de manger. Pour sa part, la demoiselle resta timidement sur sa chaise sans comprendre, triturant le pan de sa robe, bien embêtée. Elle qui pensait leur ramener de quoi manger un peu… et se faire pardonner auprès de ses frères… son but tait voué à l’échec. Quel dommage ! Elle eut un petit soupire désolé et leva les yeux de nouveau sur l’asiatique. Il était proche, tout proche soudain qu’elle poussa un petit cri de surprise qui se mua en gémissement de douleur quand il renversa violemment sa tête en arrière en l’agrippant pas les cheveux. Elle leva ses deux mains jusqu’à celle de l’asiatique qui tenait sa chevelure et tira dessus, mais sa force était bien meilleure que la sienne et il lui faisait trop mal. D’une voix plaintive et suppliante elle gémit :

- Je vous en prie… arrêtez, vous… vous me faîtes mal !

Pourquoi réagissait-il si violemment face à cette pauvre demande ? Pourquoi ? Qu’avait-il dit ou fait de si mal pour qu’il se mette autant en colère contre elle ? Etait-il fou alors ? Etait-il mauvais finalement ? Une main agrippa sa gorge, puis lui coupa le souffle en se refermant dessus. Elle eut un hoquet de stupeur et remua sur sa chaise, les eux tournés vers leu jeune homme qu’elle suppliait du regard. Ses beaux yeux bleus rapidement, se mirent à pleurer.
L’asiatique lui plaqua brutalement son visage contre la table. Elle poussa un nouveau cri, ses petites mains toujours refermées inutilement sur celle du jeune homme. Il lui souffla à l’oreille de d’abord penser à elle plutôt qu’aux autres si elle voulait les revoir. Sasha se mit à sangloter. Mais qu’avait-elle fait pour qu’il la traite ainsi ? Il finit par la lâcher. Tremblante, elle n’osa même pas bouger mais il lui ordonna de se lever.
Lentement, timidement, elle obéit et se leva de sa chaise. Mais elle se mit à reculer, à s’éloigner du jeune homme vers le fond de la cuisine à reculons, les larmes trempant ses joues rosies.

- Je vous en prie, ne me faîtes pas de mal, je n’ai rien fait, dîtes moi ce que vous voulez et laissez-moi partir, s’il vous plaie…

Elle lança un regard humide et suppliant au cuisinier qui l’observa un moment, puis détourna les yeux comme si de rien n’était. Sasha se mordilla la lèvre inférieure et recula jusqu’à se trouver bloquer par un frigo contre lequel elle se plaqua et cacha son visage entre ses mains en pleurant. Oh… pourquoi s’était-elle entêtée à venir ici ? Où était Aaron ? Il allait être tellement en colère contre elle s’il apprenait ça…

Elle posa une question idiote et surprenante. Pourquoi? En même temps pourquoi avait-elle posée la question. Elle aurait pu se contenter de se servir. La politesse... plus personne ne sait ce que ça veut dire ici. Elle reprendra ce genre de propos plus tard... "je n'ai rien fait". Bien sûr que si, elle était au mauvaise endroit au mauvais moment. Il aurait pu lui dire que l'accès à cette pièce était interdit, mais il ne s'était jamais souvenu des règles qui séjournaient ici. De toute manière, là n'était pas la question. Fallait-il avoir quelque chose à se reprocher pour que quelqu'un s'en prenne à vous? Keiji ne l'avait jamais pensé. Elle pouvait se mettre en quatre pour lui plaire, rien ne changerait. Il l'avait décidé là maintenant, point final. Et il la trouvait bien chanceuse. N'envisageait-il pas de la laisser vivre? Quand bien même... elle était libre, jeune et belle! Elle ne connaissait rien à la vie! Plutôt rien à la cruauté de la vie, c'était évident! Cette manière qu'elle avait de le vouvoyer, de demander la permission. Elle lui rappelait ces gens de cet autre monde, un monde auquel il n'avait jamais appartenu. Elle vivait sur une autre planète, il était temps qu'elle réalise où elle était tombée. Elle se trompait de tactiques, elle était complètement déplacée! Et la voilà qui tentait de fuir, qui pleurait, qui le suppliait de la laisser en paix, de ne pas lui faire de mal. De ne pas lui faire de mal? Mais qui était-elle pour oser lui demander une telle chose? En quoi pouvait-elle l'influencer, en quoi pourrait-elle décider de son sort? On dépend de ce que l'autre veut faire de nous! Et pas le contraire! D'où venait-elle? Du ciel? Quelle folie!

- Ce que je veux? Ce n'est pas toi qui m'a demandé quelque chose la première? Tu ne semble pas y tenir tant que ça... tu ne me donnerai donc rien en échange?

Autre perspective qu'il ne comptait pas exploiter avec elle. Peut être lui rappelait-elle inconsciemment quelqu'un pour qu'il agisse ainsi. Avec cette excitation destructrice. Cette blondeur peut être... ou ce regard... oui, il y avait un petit air. Il aurait pu en rire. D'ailleurs c'est ce qu'il fit mais pour une autre raison. Il se moquait d'elle rien de moins. Il se moquait de sa faiblesse, il se moquait de sa peur. Elle avait pourtant si peu à craindre! Sans rire... la pièce était grande, il n'était pas seule, il y avait des armes à la pelle, c'était si simple. Si d'autres avaient pu avoir cette chance dans des occasions bien plus terribles... Ils en seraient presque jaloux.

- Alors tu pleures? Supplie donc... tu crois peut-être que quelqu'un viendra te sauver?

Il l'attrapa par son vêtement au niveau du sternum pour l'amener vers lui nez à nez. Il grimaça de dégoût, se recula levant le poing pour la frapper. Oui, directement, au visage. Rien ne l'arrêta. Le cuisinier se mit à siffloter comme si de rien était, comme s'il était seul dans sa cuisine. Aveugle du spectacle qui se produisait à quelques mètres à peine de lui. On était à Anguish. Personne ne lui viendrait en aide. Et Keiji la frappa de nouveau de ses mains recouvertes de tissus et de bagues. Une fois, deux fois, trois fois, encore et encore. Il n'avait d'autres objectifs pour l'heure que de la meutrir de coups. Se contenter de tabasser quelqu'un, car c'était bien ce qui était en train de se passer, n'était pas dans ses habitudes. Sans doute ne s'arrêterait-il pas là. Ce n'est que lorsqu'il l'eut suffisamment frappée à son goût qu'il la relâcha. Brusquement, brutalement, la cognant contre son frigo. Son refuge. La haine se lisait encore dans ses yeux mais elle devenait comédie. Juste un besoin de se défouler sans doute. Ca faisait longtemps. Personne ne l'affrontait plus... Les gens ici se décourageaient, perdaient confiance. Sans doute. Keiji lui laissa alors quelques secondes de répis. Pendant ce temps son regard se figea, retrouvant une certaine neutralité... froide malgré tout!

Debout, droit devant elle, il rappliqua alors. Sa voix était grave et lourde...

- Encore... Lève-toi!

Elle n'avait pas souffert encore. Keiji ne vivait pas ces quelques coups comme une véritable souffrance. Peut-être était-il un peu trop exigeant avec elle... que connaissait-elle en effet de ce monde? Il aurait du lui laisser plus de temps... il aurait pu. Maintenant, autant qu'elle soit placée dans le bain tout de suite. Peut être commencerait-elle à réagir... ou alors peut être arrêterait-il de lui-même. Comment savoir... il fallait le voir pour y croire!

Sasha n'aurait jamais imaginé que cet endroit renfermaient des assassins et de fous furieux ! Rueben l'avait pourtant mise en garde sur la plage. Elle aurait du lui faire confiance et prendre un peu plus au sérieux ses paroles. C'était un grand défaut chez elle, elle croyait surtout à ce qu'elle voyait et aimait les aventures. Mais celle-ci se transformait en cauchemar ! Tout ça pour remplir son estomac qui criait famine ! Elle avait du se contenter de ce qui lui offrait na nature... en espérant que celle-ci offre quelque chose, parce que les alentours n'avaient pas l'air très fleuris non plus. Que pouvait-elle faire maintenant, coincée dans une cuisine avec un asiatique dangereux et un cuisinier qui faisait comme si de rien n'était !
Le dos appuyé contre le frigo, la jeune fille pleurait son manque de chance. Plus que cela, car c'était bien de sa faute ce qui lui arrivait, elle aurait du écouter Rueben et obéir à Aaron et Dimitri !
L'homme s'approchait d'elle et entre ses sanglots, elle écoutait ses paroles. Lui donner quelque chose en échange ? Mais quoi ? Elle ne possédait rien, et puisqu'elle n'était pas en faute, ne pouvait même pas s'excuser pour réclamer sa clémence. Elle se tenait dans une impasse avec l'incapacité de réfléchir soigneusement.Et le pire était sans doute qu'il avait raison : personne ne viendrait la sauver à moins d'un miracle. Elle continua à se cacher le visage, comme si cela pouvait y changer quelque chose. Ou peut-être se protégeait t-elle contre une attaque.

C'est alors que l'homme l'agrippa et la releva de force. Sasha poussa un cri, sanglotant de plus belle et n'osant pas croiser le regard du fou. Puis il la frappa au visage. D'autres coups suivirent, violents, impitoyables. A chaque fois, Sasha poussait un cri de douleur. Les coups pleuvaient sur elle et elle n'avait aucun moyen de se défendre, à par lever ses petits bras tremblants devant elle. Il la lâcha et la repoussa brusquement. Sasha fut propulsée contre le frigo et se laissa tomber aux pieds de l'appareil. Toute force l'avait quitté alors que ses larmes se mêlait au sang qui coulait sur son visage. Pourquoi lui cuisinier n'intervenait-il toujours pas ? Qui était donc ces montres pour s'en prendre à une pauvre innocente ?
Lorsqu'il lui demanda de se lever à nouveau, la jeune fille se mit à trembler. Elle s'en sentait tout bonnement incapable. Elle ne faisait pas le poids contre cet homme. Sanglotant, elle réussit à dire :

- S'il vous plaie... je ne peux pas... laissez-moi partir.

Elle se recroquevilla, craignant une autre attaque plus violente encore. Que dirait Aaron et Dimitri lorsqu'ils verraient son état ? Si jamais elle s'en sortait vivante. Ils feraient tout pour la protéger et ne manquerait pas d'aller voir cet assassin. Mais il allait se faire tuer s'il le faisait ! Que pouvait-elle bien faire pour éviter ça ?

- Mon frère sera furieux... je ne veux pas qu'il se risque à venir vous voir pour me protéger de vous. Je ne veux pas que vous lui fassiez du mal... dîtes-moi ce que je dois faire, dîtes moi ce que vous voulez mais je vous en prie... arrêtez...

Cela ne servait à rien, peut-être l'énerverait-elle plus encore, mais c'était un risque à prendre. Au point ou elle en était. Et il avait raison, personne en viendrait à son secours ici. Elle était seule, complètement à la merci de cet homme. C'est pourquoi elle cherchait par n'importe quel moyen de s'en sortir.

Qui peut comprendre ou juste imaginer ce que ça peut représenter de se faire ainsi rouer de coups? Juste percevoir vaguement ce qu'elle pouvait ressentir? Uniquement quelqu'un qui l'a vécu lui-même. Cette personne en souffrirait alors tellement que cela lui donnerait des envies de meurtre sur cet autre qui ose faire subir un tel traitement à un être humain comme lui. Quelqu'un qui fait vivre à un autre ce qu'il a lui-même vécu. Généralement, je suis pas très clair, j'ai pas l'impression de l'être cette fois-ci non plus. D'autant que le sentiment à ressortir est plus complexe encore... puisqu'ici une personne est toutes celles-ci à la fois. Pour s'en relever, il faut une main tendue. C'est un long chemin semé d'embuches. Mais c'est possible. Keiji lui était toujours au début du chemin et ne faisait que tourner en rond dans quelques centimètres carrés. Tant qu'il ne découvrirait pas autre chose, il ne pourrait en sortir. Alors il s'abreuvait de ces sentiments paradoxaux : souffrance, dégout pour lui-même d'abord qu'il masquait par celui des autres. C'est ce qu'on appelle un cercle vicieux. Aujourd'hui, plus personne même pas lui-même n'aurait de raison de s'appitoyer sur son sort. Parfois, il pensait qu'il en était sorti, mais à d'autres moments comme celui-là, il se rendait compte qu'il en était encore loin. Et pour être honnête, il préférait faire la sourde oreille à ce genre de constat. Disons qu'il n'en est rien. Si les choses avaient été différentes au tout début... qui serait-il devenu aujourd'hui? Il ne se posait pas la question. A quoi bon? Pour autant, voir quelqu'un comme cette fille réveillait en lui un sentiment d'injustice qu'il n'acceptait pas. Il l'enviait tout bêtement. Inconsciemment... c'est chaque fois ce sentiment refoulé qui faisait ressortir cette haine en lui. Les coups en étaient la seule réponse qu'il avait trouvé pour s'en libérer. Quand on manque de ressources, on puise dans ce qu'on a. Or il n'avait que ça.

Il lui demanda de se relever. Bien sûr qu'elle s'en sentait incapable et alors? Comment faisaient les autres? Comment faisaient les enfants, plus faibles qu'elle à première vue et pourtant porteurs de plus de volonté? Il pensait la haïr, en réalité elle lui faisait presque pitié. Bien sûr qu'elle ne faisait pas le poids contre lui. Elle n'essayait pas. Elle n'avait pas tord. Pourtant elle évoqua alors quelque chose qui le surprit d'abord. Son frère? Ici? Depuis quand on venait à Anguish en famille? Léonie et Arella.... oui, bon c'était rare. De toute manière, la notion de frère et soeur n'évoquait chez lui qu'une envie de vengeance. Pas de sa part, mais de ceux qu'il avait rencontré et c'est ce qu'elle lui décrivait également. Il y avait eut une fois une fille qui s'était fait envoyé ici pour venger sa soeur que Keiji avait tué. C'était drôle quand même. Résultat, il ne l'avait pas laissé faire, elle était morte. Au moins, elle avait su rejoindre sa soeur en retrouvant son assassin. Bref. Qu'est-ce qu'elle disait déjà? Ah oui. Keiji avait toujours trouvé l'idée de vengeance stupide. De toute façon, on ne récupèrera jamais ce qu'on a perdu la première fois alors pourquoi? Les gens continuaient à le vouloir malgré tout, peut être parce que c'était le seul moyen qu'ils avaient trouvé pour se vider de leur haine et de leur peine. On pouvait pas leur en vouloir complètement. De toute manière, tout était stupide dans la vie. C'est bien pour ça qu'il prenait plaisir à voir les gens souffrir. C'était si facile...

Alors qu'elle le suppliait, il s'avança, sa main se serra sur son coup à l'étrangler. Comme pour la faire taire. Il la laissa suffoquer un peu avant de la relâcher. Un petit élan de curiosité.

- Parle-moi de ton frère.

Maintenant qu'il avait cherché à l'étouffer, il lui demandait de parler. Intelligent! Bah, elle avait le droit de reprendre son souffle avant. La question se voulait à double-tranchant. Comme si quelque part... elle l'avait trahi. Qu'il pouvait maintenant s'en intéresser... A croire qu'elle devrait peut être regretté d'en avoir trop dit...

A anguish sans doute, une personne qui se faisait frapper et torturer était normal, quotidien. Mais pour la jeune Sasha, c'était une première. Elle était née dans une famille très liée, protégée par ses deux frères aînés, et même si elle avait prit connaissance de la violence du monde par les journaux télévisés, elle n'avait jamais rien vécu d'aussi violent, d'aussi inhumain. Jusqu'à qu'elle vive cette agression monstrueuse, elle n'avait peut-être pas réalisé toute la méchanceté du monde. Mais d'où venait-elle cette violence ? Son père lui avait raconté une fois, que lorsqu'une personne devient folle et qu'elle devenait dangereuse, c'est qu'elle avait vécue des choses terribles dans son enfance, qui le poussait à se comporter ainsi. Les enfants battus plus tard, battait leur conjoint ou leurs enfants. Un enfant délaissé et abandonné deviendra peu sociable, froid et sévère. Une personne trop longtemps sous estimée aura perdu la confiance en soi... une autre trop gâtée deviendra vantard et orgueilleux... ou vice versa. Tous les malheurs du monde se transmettaient de génération en génération. Ou alors c'était une déficience mentale, une maladie grave. En tous les cas, le violence ne naissait pas par hasard.

Aujourd'hui, Sasha comprenait mieux tout ça. Qu'avait-il bien put vivre cet asiatique pour s'en prendre de sang froid à une gamine colle elle sans aucune raison valable ? Pour lui peut-être, la raison semblait évidente, mais la jolie russe n'y comprenait rien. Pour elle, c'était ce qu'on appelait vulgairement la "violence gratuite".
Elle tremblait, sentant quelques filets de sang couler jusqu'à ses lèvres. Dégoutée, elle grimaça mais n'osa pas remuer pour les essuyer, bien trop terrorisée.
Une fois qu'elle l'eut supplié à mainte reprises, il se pencha sur elle pour l'attraper à la gorge. Privée d'air, Sasha eut un hoquet de stupeur et agrippa le poignet de son agresseur avec ses petites mains. Elle eut beau forcer, il était plus costaud qu'elle et bien plus habitué à ce genre de situation. La jeune fille se voyait déjà mourir quand, enfin, il desserra un peu sa prise pour lui ordonner de parler de son frère. Pourquoi s'intéressait-il à Aaron ? Suffoquant encore un peu tout de même, les joues trempées de larmes, elle répondit :

- C'est... c'est mon grand-frère il... il veut devenir historien et... je tiens très fort à lui, je l'aime tellement, oh je vous en prie ne lui faîtes pas mal !

Que pouvait-elle dire d'autre ? Que voulait-il savoir exactement ? Elle n'en savait rien. Elle avait bien trop peur, elle sentait déjà sa tête tourner tandis qu'elle sanglotait. Aaron aimait les femmes, les soirées... comme tous les jeunes de son âge. Mais elle doutait que cela puisse véritablement intéressé son agresseur.
Sasha serra un peu plus sa prise, enfonçant ses ongles dans la peau de l'asiatique.

- S'il vous plaie... laissez-moi...

C'est alors qu'elle ressentit une douleur contre sa cuisse. Elle se rappela soudain ! Le tournevis que lui avait donné Rueben sur la plage ! Mais... oserait-elle ? Oserait-elle seulement le frapper avec ? Elle avait si peur !
D'un geste mécanique, une de ses mains lâcha prise et descendit, remontant sa robe jusqu'en haut de sa cuisse pour dégager le tournevis coincé de son porte jarretelle. Mais elle se sentait impossible de lui planter dans la peau... elle le frappa donc juste à la tête, de toute ses forces pour qu'il la lâche.
Horrifiée de ce qu'elle avait osé faire, elle lâche son arme et gémit.

Pour autant, ce qu'il avait pu vivre dans le passé n'excusait en rien son comportement présent. S'il avait comme tout le monde était un jour un enfant innocent, il était devenu un monstre. On ne comptait plus le nombre de ses victimes... le nombre de larmes versées, les cris, les morts et les conséquences de chacun de ces actes car rien n'est jamais anodin. Pas sûr qu'il en est conscience pour autant. Bien sûr qu'il savait qu'il faisait souffrir les autres et d'ailleurs il en jouissait mais prenait-il conscience de l'importance et de l'étendue de cette souffrance. Il semblait lui la garder dans un petit noyau autour de lui. En même temps... pourquoi s'en affolerait-il. Ici, c'était effectivement la vie de tous les jours. La violence, la mort même était tellement banalisée. La vie n'avait aucune valeur. Seule la souffrance était mise en avant. Pour survivre ici, il fallait devenir un assassin. Qui osait se balader dans les couloirs sans armes? Pour vivre, il fallait apprendre à se défendre. Impossible de s'en sortir sans cette volonté.

Keiji cessa un instant de la martyriser, lui accordant un peu de répit pour lui faire parler de son frère mais ce qu'elle en dit lui parut un peu léger. Etrange aussi parce qu'en si peu de mots, elle parla tout de suite d'avenir. Historien? Keiji ne pouvait même pas dire vraiment en quoi ça consistait et d'ailleurs ça lui semblait invraisemblable pour la seule raison qu'ici personne n'a d'autres avenirs que la mort. On ne devient rien, on meurt. Pourquoi ce serait différent pour ce garçon? Parce qu'elle l'aimait? Sûrement pas.

- Vraiment? Pourquoi vous êtes ici alors?

Voilà une question qu'il posait rarement. Cela dit, ici, elle devenait presque naturelle dans cette situation présente. Ce n'était certainement pas un petit couple d'assassin ces frères et soeurs là! Elle ne semblait pas non plus réaliser l'avenir qui l'attendait ici, qui était donc cette fille? Elle semblait tomber d'une autre planète.... c'était un peu le cas d'ailleurs. Quand à sa demande... ne lui faites pas de mal... il avait déjà entendu ce genre de choses... si bien qu'il n'en fut pas surpris. Pour autant, ce n'était pas le genre de recommandation qu'il écoutait. Ne faisait-il pas ce qu'il voulait? Ce n'était certainement pas elle qui allait lui dicter sa conduite. Soudainement elle le frappa. Il la lâcha, plus surpris que sonné. En effet, il avait des cheveux épais et puis un petit tournevis... même si c'est fin et balançé avec force ça doit pas être trop terrible pour quelqu'un qui s'est habitué à se battre à armes blanches. Pour autant, ce fut une attaque surprise. Keiji ne s'y attendait pas, disons plus de la part de la jeune fille. Même le cuisinier se détourna trois secondes de sa cuisine pour regarder ce qui s'était passé, lui aussi semblait surpris. Et pour le mieux! Quelqu'un qui se défend c'est toujours plus vivant! Plus sympa! Keiji se redressa d'ailleurs.

Elle avait lâchée l'arme, il se pencha pour la ramasser. Un tournevis! Pourquoi gardait-elle ce genre de choses sur elle? Il n'imaginait même pas qu'on ait pu le lui donner comme arme... pourtant il est vrai que tout était bon à prendre ici. Keiji eut un rire puis se détourna pour aller fouiller dans un tiroir. Il en sortit un couteau pointu, lame large... capable de tuer. Il retourna vers elle.

- Une jeune fille comme toi ne devrait pas jouer avec ça...

Plutôt que de lui planter la lame quelque part, il la pris dans ses doigts et lui en tendit le manche. Il n'était plus menaçant. Son regard même était plus ouvert. Il s'accroupit, observa la lame puis finalement repris le tournevis... l'air sceptique. Brusquement, sans prévenir et avec force, il lui piqua dans la jambe. Il grimaça ensuite, semblant sûr de lui cette fois.

- Vraiment non... pas terrible... laid... prends ça, ce sera mieux.

Il lui tendit le coûteau. Se moquant sans doute d'elle, il lui expliqua le bon geste à avoir, comment utiliser à bon escient l'arme qu'il lui confiait. Il lui mit ensuite dans la main. Il retira doucement ses gants puis sortit ensuite un morceau de tissu avec lequel il essuya le sang sur son visage. Posant sa main sur la sienne pour éviter qu'elle ne lui envoie un coup de couteau, il n'était pas masochiste même si certains en doute. Il glissa alors doucement son autre main sur son visage. Le sang qui s'étale... puis sur cette peau violacée... Il avait un air sérieux mais il fut glacial quand il se releva. Il se recula, s'appuyant sur la table derrière lui.

- Tu peux y aller maintenant. Je te laisse, c'est ce que tu veux... peut-être qu'on se recroisera un jour...

Sasha tremblait comme une feuille. C'était bien la première fois de sa vie qu'elle faisait preuve de violence ! Pour cet homme, peut-être que ce n'était rien du tout, un petit coup de tournevis. Mais pour elle, c'était un comportement grave, une attaque pour nuire, pour blesser, pour faire couler le sang. Certes... le tournevis n'était pas considéré comme un arme mortelle mais pouvait causer de graves séquelles... si on savait s'en servir. Ce n'était pas le cas de la pauvre petite russe qui ne réussit donc pas à faire grand chose. Elle parvint tout de même à le faire lâcher prise, ce qui était déjà pas mal. Laissant tomber alors l'objet, elle se recroquevilla sur elle-même, s'attendant à ce que son agresseur la frappe de nouveau, ivre de rage. Mais il n'en fut rien du tout, au contraire. C'était presque comme si elle n'avait rien fait ! Éberluée, elle regarda l'asiatique avec de grands yeux étonnés, bouche bée devant cette scène étrange. Il avait sans doute l'habitude ici mais tout de même... rester aussi calme après s'être frappé de cette manière, c'était inédit pour elle.
Le souffle court, elle se ratatina encore un peu lorsqu'il ramassa le tournevis pour l'inspecter. Il se mit à rire, amusa peut-être par l'objet, et se leva pour aller fouiller dans un tiroir. Sasha en profita pour passer sa main sur ses lèvres de ses doigts tremblants. Elle les retira, couvert de sang. Elle grimaça et essuya sa main sur sa jolie robe.

L'asiatique revint vers elle avec dans les mains un énorme couteau. Sursautant et le regardant avec effrois, Sasha se plaqua davantage encore contre le frigo dans l'espoir peut-être d'y disparaitre. Voilà qu'il avait décidé de la tuer d'un coup de couteau ! Quelle horreur. Elle leva ses bras comme pour se protéger, se remettant à pleurer. Mais rien ne se passait. Il lui présenta le manche et lui donna l'arme. Sasha fixa le couteau entre ses petites mains tremblantes sans comprendre.Elle leva ses yeux bleus, muette d'incompréhension. Il ne désirait tout de même pas qu'elle se serve de ça ? D'après lui, le tournevis était laid. Alors elle ne devait pas jouer avec un tournevis mais avec cet énorme couteau, oui ?
L'homme se redressa et s'appuya contre une table en lui annonçant qu'elle pouvait partir et qu'ils se recroiseraient peut-être. Ce qui était certain, c'est qu'elle ferait tout pour que ce ne soit pas le cas. Il lui fallut un bon moment, hors d'haleine pour esquisser un geste. Elle attrapa la poignet du frigo qui se trouvait au dessus d'elle et s'en servit pour se redresser. Elle avait mal partout et grimaça. Elle jeta un œil à l'asiatique pour être sûre qu'il n'allait pas lui sauter dessus au dernier moment.

Elle n'était pas belle à voir avec sa robe froissée, son visage ensanglanté, essoufflée, accrochée à la poignet du frigo avec un air plus pâle et terrorisé que jamais. Elle leva le couteau pour l'observer un instant, puis le rabaissa et entreprit de quitter la cuisine. Elle fit seulement quelques pas jusqu'à la porte avant que tout se mette à tourner subitement autour d'elle. Perdant l'équilibre, elle parvint à se raccrocher à quelque chose. Ou plutôt quelqu'un : le cuisinier, qui la retenait maladroitement. Sasha leva ses yeux brumeux vers lui.

- Je vais avoir... besoin d'aide. S'il vous plaie.

Sans trop savoir que faire de se paquet, le cuisinier fit une grimace, embêté. Il allait quand même pas se farcir un aller-retour jusque dehors ! A moins qu'il la traîne jusqu'à l'infirmerie. Trop feignant, il soupira et la laissa glisser à terre avant de défaire son tablier et de s'adresser à Keiji :

- Tu t'en débrouille.

Et il quitta la cuisine en grommelant dans sa barbe. Sasha avait l'impression d'être une véritable toupie. Assise contre le meuble, serrant le couteau contre elle, elle attendait d'y voir plus clair.

(HJ : Ah ! J'ai pas pu m'empêcher de t'embêter en te refilant Sasha sur les bas MDR)

[HJ : Mdr, t'as bien fait!!^^]

Elle était à présent totalement pathétique. Elle avait perdu tout l'éclat qu'elle possédait plutôt. Toute cette beauté, cette innocence qu'elle possédait en entrant. A présent, il ne lui restait rien. Elle était totalement défaite. Oh, il fallait pas s'inquiéter, elle allait s'en remettre. Mais quelque part en elle... elle ne pourrait l'oublier. Elle se trainait à présent, s'assurant qu'il ne cherchait pas à la poursuivre, qu'il ne changeait pas d'avis. Oui, elle avait de la chance, elle s'en sortait bien, il la laissait partir, sans rien lui demander de plus. Il aurait pu pourtant. D'autres n'avaient pas eu cette chance. Le hasard parfois... la vie ne tient vraiment qu'à un fil! Elle parvient à s'éloigner un peu puis s'écroula dans les bras du cuisinier. Keiji eut un sourire à cette scène et pourtant ce qu'il ressentait en lui était tout autre. Pourquoi certains survivent et d'autres meurent à toutes ces attaques? Ce n'était pas un hasard s'il laissait partir certaines... pas juste dans l'espoir de les recroiser un jour. Elle aurait pu se cogner la tête et mourir sur le coup sans qu'il ne l'ait cherché, ça ne s'était pas produit. Le hasard encore... La chance. Le destin? Le cuisinier ne s'appitoya toujours pas sur son sort et l'abandonna comme elle venait de s'abandonner à lui. Keiji regarda l'homme sortir puis la jeune femme. Seule. La percevait-elle cette solitude? Appelait-elle encore à l'aide? Pensait-elle encore à son frère? Espérait-elle toujours? Keiji s'avança. Ses pas raisonnaient dans la cuisine alors qu'il s'approchait d'elle. Il s'agenouilla à sa hauteur. Il lui parla presque avec douceur, relevant doucement son visage pour plonger son regard profond dans le sien. Pas de menace, pas de sous-entendu. Neutre voire un brin attentionné... comment tomber dans ce genre de piège pour autant. Il ne risquait pas de passer pour un prince charmant venu la sauver des griffes du méchant loup! On ne peut pas être les deux à la fois, ça ne marche pas comme ça dans la vie! Sa voix était pourtant presque douce, oui... on pourrait presque y croire.

- Ces gens qui tiennent à toi... où sont-ils? Je vais te ramener.

Tout de suite, vous pensez qu'il veut jouir de leurs réactions lorsqu'ils verront la jeune fille! Enfin, il avait parlé au pluriel mais il ne pensait en réalité qu'au frère qu'elle avait évoqué un peu plus tôt. Vous n'êtes pas capable d'imaginer qu'il pouvait penser ça pour son bien, avouez... après tout comment mieux se remettre de tout ça que dans les bras d'une personne qui vous aime et qui prendra soin de vous remettre sur pieds? Cela dit, vous avez raison. C'était bel et bien la stupeur, l'inquiétude, la panique puis la haine qu'il voulait observer sur ce visage de ce frère bien-aimé. Pourquoi perdrait-il donc son temps à la ramener? Que risquait-elle? Rien. Elle n'allait pas en mourir! Quelques douleurs peut être, quelques courbatures ensuite... rien de bien méchant. Les blessures se refermeront, les hématomes disparaîtront. Des cicatrices? Il y avait des chances que tout disparaissent... sauf peut être... celle du tournevis, mais ce serait rien de bien méchant! Il y avait du bien plus lourd à Anguish. Les corps étaient rarement beau à voir... une agence de mannequinat ici se ruinerait en retouche photos! Mais restons concentré... Allez, une douche, un coup de peigne, une bonne nuit de sommeil et on en parle plus!

Elle était tellement recroquevillée, serrant le couteau contre elle, ce qui faisait quelque part rire Keiji en lui-même, mais ce n'était pas le sujet. Bref, elle était tellement recroquevillée que la seule solution pour l'emmener si elle ne se décidait pas à remuer aurait été de la porter directement, autant dire se bousiller le dos... elle était pas grosse m'enfin... il était pas monsieur super-costaud non plus!! Il pourrait la porter mais pas sur deux kilomètres! Et de toute manière, cette réflexion n'avait aucun intérêt, puisqu'aux yeux de Keiji, fallait pas exagérer, elle pouvait marcher! Il lui tendit donc la main, prêt par contre à la supporter.

- Allez... Viens...

Et puis quoi qu'on en dise, quelles que soient ses intentions, il était bien gentil de lui venir en aide non? Ces jeunes je vous jure! Incapable de reconnaître quoique ce soit!

Ce qui était certain, c'était que la jeune russe était fragile, pas le genre à supporter d'être battue ainsi, ça se voyait. Et oui, il fallait bien que Keiji se rende compte que tout le monde ne peut pas survivre à un coup de couteau ! Sasha en mourrait d'ailleurs certainement sur le coup car son organisme était plutôt faible. Elle avait beau avoir un esprit presque à tout épreuve, elle restait une jeune fille fragile et sans défense. Oh bien sûr avec un peu d'entraînement et d'explication elle aurait put se défendre et sen sortir toute seule mais malheureusement, elle n'avait rien eut de tout ça et ne s'était jamais préparée à ce genre de chose. Elle était bien élevée et savait se comporter de belle manière, mais ignorait comment faire face à une agresseur de ce genre. Certaines ont l'occasion de sortir leur bombe anti-agression... elle n'avait eut qu'un pitoyable tournevis dont elle ne savait pas se servir ! Pas comme une arme en tout cas.
La jeune fille se retrouvait alors dans un piteux état, toute tremblante et dépitée de s'apercevoir que même le cuisinier la laissait tomber. Elle aurait put mourir devant ses yeux, il n'aurait pas remuer le petit doigt ! Pour elle, c'était tout bonnement inhumain bien sûr, elle ne comprenait pas ce genre de de fonctionnement et de mentalité. Pour elle, c'était tout à fait normal et automatique d'aider une personne en danger ! Mais ici, c'était comme un autre monde avec un autre culture, une autre façon de voir les choses. Rien à voir avec le reste du globe même si parfois, même ailleurs, les hommes étaient capable des pires atrocités. Jusqu'à maintenant cependant, elle n'en avait jamais été la victime. Sasha ne connaissait que la douceur et la compassion. Elle apprendrait sûrement très vite comment se comporter en cet endroit, la leçon avait été efficace.

C'est alors que, dans le brouillard de son esprit perturbé, elle entendit des pas approcher, qui ne pouvaient appartenir qu'à l'asiatique sans cœur. Sasha ne tenta pas de fuir, elle se sentait incapable de courir pour lui échapper dans son état. Elle se recroquevilla donc simplement davantage, serrant inconsciemment le couteau avec force dans ses petites mains. Elle le sentit se pencher sur lui, et il prit la parole d'une voix presque douce et gentille. Il lui proposait de la ramener près de ceux qui lui étaient chers. La jeune fille aurait put refuser, de peur que son agresseur s'en prenne aux autres, mais elle se dit que de toute manière, ils étaient plus nombreux, et qu'il serait idiot de refuser. En espérant bien sûr que ce ne soit pas un piège pour l'abattre dans les couloirs. Lentement, elle sécha ses larmes et les filets de sang sur son visage. L'asiatique l'incita à le suivre de nouveau en lui tendant une main. Encore un peu méfiante, elle l'observa, puis leva sa main et se redressa avec l'aide de l'homme. Sa tête tourna encore un peu mais elle réussit à garder l'équilibre et se reprendre un peu. De son corsage, elle sortit un mouchoir blanc avec lequel elle termina de se sécher le visage qui redevint blanc et vierge, même si elle portait encore les marques des chocs. Pourquoi devenait-il soudain sympathique ? Elle se posait la question, elle la posa donc d'une voix timide :

- Pourquoi vous faîtes ça ? Pourquoi voulez-vous m'aider maintenant ?

La réponse après tout avait sans doute une moindre importance, mais elle avait toujours l'habitude de poser les questions qui trottaient dans son esprit. Une vraie petite curieuse même dans les pires moment. Cela montrait aussi que son traumatisme n'était pas trop important non plus. Elle s'en remettrait.

La jeune fille accepta son aide, prenant la main qu'il lui tendait. Il lui donna de la force pour qu'elle puisse se relever et ensuite, il la soutenut pour qu'elle reste debout, tant qu'à faire! Toutefois, la jeune fille ne se contenta pas de profiter de ce petit revirement de situation. Elle osa lui poser la question. Il sourit d'abord pour toute réponse. Est-ce que c'était si bizarre? Evidemment, il n'agissait nullement en raison d'un quelconque remord. Avoir du remord d'ailleurs, voilà une expression dont il ne connaissait absolument pas le sens, du moins c'était un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti. En tout cas, envers quelqu'un d'autres! Pour sa part, c'était différent mais c'est autre chose. Que pouvait-il donc répondre à cela? La vérité? Pourquoi pas.

- Je n'ai pas vraiment l'envie de t'aider.

Pourtant, c'est ce qu'il faisait, on est bien d'accord. Il eut conscience sans doute que cette réponse n'était pas suffisante. Il continua donc alors que de leur côté ils avançaient je suppose, Keiji la laissant choisir son chemin.

- J'aimerais surtout rencontrer ton gentil frère. Puisque tu l'aimes beaucoup, ce doit être quelqu'un d'intéressant. J'aime rencontrer des personnes intéressantes.

Il la regarda de nouveau et s'amusa à ajouter un petit commentaire, comme s'il cherchait simplement à la rassurer, or il s'en amusait juste.

- Juste le rencontrer!!

Avec un petit air d'excuse... non justifié! Jamais il n'avait dit qu'il lui ferait du mal. C'est elle qu'il l'avait sous-entendu plus tôt! Après tout, c'est pas parce qu'il l'avait frappé elle sans raison, qu'il faisait ça avec tout le monde... si? Bon avec beaucoup de monde d'accord, mais pas tous quand même... peut être pas... enfin, presque. Cela dit, l'idée pouvait paraître étrange, il ne risquait sans doute pas de se lier d'amitié avec lui! Bref, peu importe, c'était effectivement ce qu'il voulait, non?

Et puis tant qu'on y était, autant discuter un peu comme de vieux copains non? C'est pas comme s'ils étaient censé se faire la tête durant toute la route.

- J'ai toujours trouvé étrangement amusante cette relation frère et soeur... forte aussi, n'est-ce pas? Ambiguë parfois... Je suis curieux tout simplement, ça ne te pose pas de problème j'espère?

Il ne put s'empêcher de sourire en y repensant. La haine qu'Arella lui avait démontré lorsqu'il avait tué sa soeur alors qu'auparavant on ne pouvait pas dire qu'elles semblaient très proches toutes les deux, Keiji avait même longtemps ignoré qu'elles étaient soeurs et il ne l'a réellement ressenti que lorsque Léonie est morte d'ailleurs! Ah, les histoires de famille! On peut pas tellement comprendre ce qui s'y trame quand on les regarde de l'extérieur! Un frère... une soeur... ça semblait pourtant pas vouloir dire grand chose à la base. C'était intriguant. L'occasion d'en rencontrer ici était rare, raison pour laquelle le phénomène l'intéressait particulièrement et valait donc bien qu'il l'aide... comme quoi, on finit par tout comprendre!

Les endroits de son corps où l'homme l'avait frappé lui faisaient mal, c'était comme des brûlure qui pulsaient sou sa peau, et le sang qui avait coulé de son visage l'avait fait blêmir. Oh elle supportait très bien la vue du sang mais il lui était rarement arrivé d'en perdre à ce point. En général c'était de simples coupures, des plaies après une chute... rien de plus grave que cela. Jamais encore elle n'avait été battue ainsi et c'était un choc tout autant physique que moral. Faible, elle l'était. Contrairement aux jeunes d'ici, elle n'avait pas été élevée à la dure, n'avait pas souffert, et n'était donc pas habituée à cette violence qui la bouleversait. Ce qui semblait quotidien et habituel pour eux était nouveau et terrible pour elle. Elle n'oserait sans doute plus s'approcher autant de cet endroit, ou du moins ne suivrait plus jamais un inconnu jusque dans la gueule du loup comme elle l'avait fait. Combien de fois pourtant lui avait-on répété de ne pas faire confiance aux inconnus ? Une fois de plus, elle avait fait preuve de naïveté t de témérité, elle en avait alors payé les conséquences. Ce n'est qu'en faisant des erreurs qu'on apprend le mieux n'est-ce pas ?
Mais l'aide que voulait soudain lui apporter son agresseur l'étonnait plus encore. Avait-il soudain été prit de remord en la voyant dans cet état ? Elle lui posa donc directement la question.
L'asiatique lui répondit honnêtement qu'en réalité il n'en avait pas envie, mais que son but était de rencontrer son frère don le lien qui les unissait semblait l'interpeler. Aaron était-il intéressant ? Oui. Mais du point de vu de ce fou ? Sasha ne savait que répondre et, folle d'inquiétude, ne pouvait que suivre l'homme qui la supportait. Il insista sur le fait de vouloir seulement le rencontrer, devinant bien que la jeune fille suspectait quelque chose.

Sasha lui lança un regard implorant. Elle espérait qu'il dise la vérité... mais peut-être ne s'inquiétait-elle pas véritablement sur la réaction de cet homme, mais plutôt de celle de son frère. Aaron n'était pas du genre à s'effacer, il ne serait pas content... pas content du tout, et elle avait peur qu'il devienne violent et s'attire des ennuis, se batte et finisse par se blesser. Tout ça serait de sa faute... quelle idiote elle faisait !
La jeune russe resta coite, les yeux baissés et les yeux encore humides. L'asiatique brisa le silence en reprenant la parole pour la questionner. Il était effectivement curieux sur la liaison frère/sœur. Sasha hésita à répondre.

- Vous n'avez pas eu de famille. Si vous aviez eu une famille avec un frère ou une sœur, vous sauriez. C'est de l'amour... vous ne connaissez pas l'amour n'est-ce pas ? Vous êtes de ceux qui l'évite pour rester plus fort. Mais l'amour et l'amitié ne sont pas une faiblesse... Aaron va être fou de rage en s'apercevant de ce qui s'est passé. Mais vous le savez n'est-ce pas ? Laissez-moi à la sortie du château, je continuerais toute seule...

Elle avait dit beaucoup de chose cette fois-ci. Elle redoutait bien trop le moment ou Aaron poserait ses yeux sur elle. Instinctivement, la jeune fille arrangea ses cheveux et plissa sa robe, essuyant une dernière fois son visage à l'aide d'un mouchoir dans l'espoir de gommer ses bleus et son aspect misérable. Ce ne serait certainement pas suffisant...

Lui dire la vérité, c'était risquer effectivement qu'elle ne veuille plus de lui ensuite! Cela dit, il n'était pas convaincu non plus de l'hypothèse contraire, par conséquent il n'avait rien à perdre! Et puis quelque part, elle l'amusait dans ses questions... cherchant la vérité avec naïveté, il n'avait tout simplement pas eu envie de se contenter de jouer la comédie et de sortir n'importe quel mensonge. Pour autant, elle était refroidie désormais, on pouvait s'y attendre. Keiji la laissa parler et compris ce qui la tracassait. La réaction du fameux brother! Les voilà sur la même longueur d'onde! C'était bien ce qui intéressait aussi Keiji, n'est-ce pas? Pour autant, il y allait pour voir, pour le plaisir des yeux pas pour chercher la bagarre! Il y allait comme ombre discrète, s'effaçant après s'être débarrassé de son fardeau. Non pas que ça lui faisait peur, mais ça ne l'intéressait pas franchement! S'il fallait y faire face, il s'en amuserait mais il pouvait se passer de la confrontation directe, ça ne le rendrait pas plus fort.

Elle lui envoya alors en pleine figure qu'il n'avait pas de famille. Dis-donc, elle était voyante aussi? Non, elle devinait tout simplement. Et plutôt bien, ça ne semblait pas être un exercice trop compliqué! Il sourit d'abord, écoutant la suite. Une suite qui le fit rire.

- L'amour... tout le monde n'a que ce mot-là à la bouche!

Il retenu tout de même une de ses idées... pour elle l'amitié et l'amour n'étaient pas une faiblesse. Keiji pensait le contraire depuis fort longtemps! Surtout depuis qu'il était ici d'ailleurs. Et même en s'autorisant à y réfléchir de nouveau, il n'était toujours pas convaincu. Lancer le débat? C'était pas franchement le lieu mais il aurait pu, il préféra pour autant rebondir sur autre chose. Sur le ton de la confidence... après tout, elle ne pouvait pas le savoir mais il ne parlait jamais de son passé. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais!

- J'ai eu une famille. Pas de frère ni de soeur c'est vrai mais une famille quand même... alors j'ai su, j'ai aimé. Vraiment. Mais j'ai oublié. Je ne sais plus comment faire...

On le plaindrait presque, c'est pas mignon? Même pas? Bon d'accord! Il faisait ce qu'il pouvait quand même! Non, je plaisante! On rit, mais il était presque sincère! Regardez comme il s'y prend avec Keira, une vrai catastrophe! Il a su l'aider quand elle était en difficulté, il sait être présent de temps en temps mais il ne sait absolument pas l'aimer! Il est capable de lui faire subir les pires atrocités. Cela dit... je suis pas sûr qu'il cherche à y arriver non plus. Faut dire qu'il n'y a pas vraiment de recette miracle... Quand à tout faire, même les actes les plus stupides, sans aucune réflexion, agir juste par amour, pour le plaisir de l'autre, pour son bien... il l'avait fait, un jour. Il avait aimé, de toute ses forces, aussi longtemps que possible... Allez, passons à autre chose, Keiji allait quand même pas s'éterniser là-dessus, déjà qu'il lui faisait l'honneur d'avoir abordé le sujet! C'était peut être la première fois depuis un très long moment qu'il pensait à cette fameuse famille... Allez, revenons aux frères et soeurs! Les relations parents/enfants, c'est bien plus compliqué!

- Il sera fou de rage oui, à l'idée qu'on est pu faire du mal à cette soeur qu'il aime et veut protéger. Je peux comprendre malgré tout! Il sera tellement en colère qu'il foncerait tête baissée pour la venger ne pouvant pardonner à celui qui l'aura agressée... c'est dans ces moments là qu'on s'y prend le plus mal, tu peux avoir peur...

Oui, ça se lisait sur son visage d'ailleurs. Il remarqua aussi cette manière qu'elle avait essayé de cacher les marques. Et oui, c'est humain mais quoiqu'elle fasse, il s'en rendrait compte au premier coup d'oeil. Il n'imaginerait pas ce qui s'est passé, mais il ne pourra pas se mentir bien longtemps....

- Tu crois qu'il retournera tout Anguish pour me retrouver? Il est fort?

Non, là s'il se moquait, il allait pas y arriver! Au placard, le rire, reprends donc!

- Il ne te quittera plus d'une semelle... il aura trop peur... il sera furieux aussi de savoir que tu prends des risques sans imaginer ce qui pourrait t'arriver. Ca aurait pu être bien pire, tu as eu de la chance!

C'est lui qui disait ça? Ben c'était vrai non? Franchement? Même lui, il aurait très bien pu la tuer, s'il l'avait voulu! Facile, ni vu ni connu! Son frère aurait toujours pu la chercher après ça! Et puis avec tout ce qui courrait à Anguish... une fille seule... qui ne sait pas se défendre surtout!

- Très bien, je te laisse alors! Je ne suis pas inquiet pour toi, je suis sur que tu trouvera les mots pour le calmer.

Ils étaient arrivés à la sortie du château... la sortie, tiens-donc? Une cache-cache partie? Keiji n'était toujours pas au courant pour l'annexe!

- Aaron c'est ça? Soit... j'aurais bien l'occasion de le croiser un de ces prochains jours... je pourrais lui parler de sa petite soeur... A plus tard...

Il ne connaissait même pas son nom en réalité, si? Je crois pas... je sais plus... à vérifier! Quand au reste... ben oui, il se serait fait discret s'il l'avait rencontré aujourd'hui mais comme elle ne voulait pas lui présenter, il risquait d'être moins sensible la prochaine fois! Après tout, elle avait raison, le voir maintenant n'avait pas d'intérêt, ce n'était que du voyeurisme et il savait très bien l'expression qu'il allait avoir, autant se préserver pour une véritable rencontre un peu plus tard! Il la lâcha. Allez, regardons-là s'éloigner quand même! Charmante demoiselle! Vraiment!

Sasha n'avait jamais été réellement amoureuse mais elle savait pourtant de quoi elle parlait. Elle avait beaucoup apprit dans les livres c'est vrai et on pourrait penser que sa vue était donc fausse, mais elle avait également beaucoup observé. Quant à l'amour fraternel, ça n'avait plus aucun secret pour elle, et c'était même plus fort et plus solide que tout autre amour. Elle en était certaine. Elle ne savait pas lire dans les pensées de l'homme mais quelque chose lui disait que rien dans ses intentions ne pouvait être bon. Peut-être ne cherchait-il pas les ennuis mais en tous cas, la jeune russe préférait mieux qu'il la laisse à la sortie et qu'elle se charge du problème toute seule. Elle se sentait déjà un peu mieux, si ce n'est la douleur persistante des coups qu'elle avait reçue. D'ailleurs même encore maintenant elle ne comprenait pas ce qui avait put pousser cet asiatique à la maltraiter de la sorte. Seulement pour le plaisir de frapper ? Quelle horreur... Elle en frissonna de dégoût. Elle analysa par elle-même la situation de son agresseur et pensait être tombé juste, ce qui était à peu près le cas. Cependant, il semblait se plaindre que l'amour soit dans toutes les bouches. Sasha ne répliqua rien mais elle n'en pensait pas moins. Bien sûr que tout le monde parlait d'amour... c'était un sentiment tellement puissant, l'un des seuls que l'Homme ne pouvait contrôler ou mesurer. Et ça en effrayait beaucoup... comme lui par exemple. Il ajouta avec un ton différent qu'il avait eu une famille, sans frère ni de sœur mais qu'il en avait eu une. Simplement il avait oublié ce que c'était d'aimer. Naïve comme elle était, la jeune russe en vint à le plaindre. Elle lui jeta un regard et souffla :

- L'amour ça ne s'oublie jamais. Ça s'enterre au fond du cœur, mais un jour vous verrez, il se manifestera de nouveau, petit à petit... même sans le vouloir.

Ce n'était pas demain la veille avec un individu pareil, mais le fait était là. Un jour ou l'autre, peut-être dans plusieurs années, l'amour lui sautera de nouveau à la figure sans qu'il puisse rien n'y faire. Ce jour là il aura perdu. Il aura perdu le défis qu'ils s'était construit, celui de ne plus aimer pour ne plus souffrir.
Les couloirs lui semblaient indéfiniment longs. Elle s'inquiétait de ce qu'elle pourrait dire à Aaron pour le calmer et l'apaiser... lui qui était parfois si impulsif.
L'asiatique avait raison, il avait pourtant très bien sû analyser le comportement qu'aurait Aaron, ce qui n'aida pas Sasha à se concentrer. Oui elle avait peur mais elle ne l'avoua pas, elle rougit. Il lui posa alors la question si son frère était capable de retourner tout Anguish pour le retrouver et lui faire payer. La jeune fille soupira :

- Je ferais en sorte que ce ne soit pas le cas.

Un bon début...
Finalement il comprenait beaucoup de chose cet agresseur qui n'avait jamais eu de frère et sœur. Il en savait plus qu'il ne le croyait. Oui... après ça elle n'aurait sans doute plus le droit de sortir pendant des semaines ! Quelle angoisse ! Oh il fallait à tout prix qu'elle sache quoi lui dire mais elle se sentait trop étourdie encore pour avoir les idées claires. Finalement, à son grand soulagement, l'asiatique décida de la laisser continuer seule. Elle le regarda un instant, comme pour être sûr qu'il était sincère, puise se tourna en direction de l'annexe, la gorge serrée. Elle essuya une larme du dos de sa main et se dirigea d'un pas traînant vers sa destination, son cœur battant la chamade. Qu'allait-elle lui dire ? Quels arguments utiliser ? Elle n'était plus sûre de rien.

» La Mouche et l'Araignée. Qui est qui ? {Keiji} TERMINE
» Terminus, tout le monde descend. [Keiji] TERMINE
» Ni le premier, ni le dernier !
» Le premier des 400 coups [Cassandre]
» First day [Terminé]