Cassandre Ioans

Née au printemps 1993 dans une famille de gitans, Cassandre passe une enfance joyeuse en compagnie de ses frères et sœurs et des autres enfants de la troupe, avec qui elle s'entend très bien. Les longues veillées à écouter ses oncles jouer de la guitare et regarder les plus grands danser et les journées à discuter avec les plus vieux qui ont toujours une réponse à ses questions et à s'amuser à tous les jeux possibles avec les plus jeunes en font une enfant joyeuse de vivre et intelligente. Mais Cassandre est aussi une enfant malchanceuse. Le sort tourne alors que son père vient de réussir à prouver de justesse son innocence dans une bagarre d'ivrognes ayant mal tourné : la petite, alors âgée d'une dizaine d'années, disparaît purement et simplement lors d'une de ses longues promenades solitaires loin du camp. Malgré les heures de recherches actives et de plus en plus désespérées de la famille, puis de l'ensemble de la compagnie, elle demeure introuvable à des kilomètres à la ronde. Déjà brouillés avec la police locale, n'ayant pas jugé utile de déclarer leur fille à sa naissance, ses parents ne peuvent porter plainte et leurs efforts demeurant vains, ils se voient forcés de renoncer à revoir un jour leur enfant.
Enlevée et endormie par des inconnus, Cassandre se réveille chez son premier « maître » sans comprendre ce qui lui arrive. La suite lui enlèvera progressivement tout espoir en l'Humanité et en son futur personnel. Elle passera de main en main une dizaine de fois au bas mot, au fur et à mesure qu'on se lassera d'elle ou qu'on sera obligé de s'en débarrasser pour une raison ou pour une autre (manque soudain d'argent, de place, découverte du pot au roses par la femme ou une maîtresse plus importante que cette gamine-là etc.). Elle tombe enceinte une première fois, et l'avortement pratiqué artisanalement et en cachette lui laisse une longue cicatrice et un nouveau traumatisme. De plus, il lui est visiblement à présent impossible de donner la vie : depuis cet épisode d'expérimentation chirurgicale, chaque grossesse se solde rapidement par une fausse couche.
Rachetée finalement par le marquis de Méliany, car malgré sa cicatrice et sa santé détériorée par ledit avortement, elle reste particulièrement jolie, elle plaît également à son fils aîné et récolte de la dispute qui s'ensuit quelques coups et une nouvelle cicatrice en forme de croix penchée au milieu de la poitrine, blessure faite à moitié par le père, à moitié par le fils, et charmant souvenir qu'elle est priée de rester fidèle à celui qui la possède. Mais l'habitude des coups la rendant relativement indifférente à cette nouvelle mésaventure, quand elle rencontre un certain M. Illan qui se comporte avec elle de manière étonnamment respectueuse et douce, il parvient facilement à la séduire et lui promet de la libérer prochainement. Confiance rapidement déçue puisque quelques mois plus tard, la pauvre Cassandre se rend compte à l'occasion de la découverte de sa liaison par le marquis qu'Illan agissait uniquement dans le but de nuire à M. de Méliany, qu'il déteste cordialement.
M. le marquis aurait simplement pu revendre sa jeune esclave, mais, en homme plein de ressources, il préfère trouver un moyen de lui faire comprendre définitivement qu'elle n'a plus rien à faire dans ce monde. La tuer ne lui suffit pas, et pour se venger il connaît un moyen très simple, parfaitement confidentiel, et que ses relations politiques lui permettent facilement d'obtenir : la prison d'Anguish.

Si souvent, voire la plupart du temps ses pensées peuvent se lire directement sur son visage et dans ses yeux comme si elles étaient imprimées noir sur blanc dans un livre (que ce soit parce qu'elle est incapable de les cacher ou parce qu'elle veut bien les laisser voir, mystère), Cassandre est globalement quelqu'un d'assez renfermé qui n'a pas tendance à aller d'elle-même vers les autres. Bien qu'elle ne refuse pas de répondre aux questions qu'on lui pose et à discuter, elle prend peu la parole. Elle n'est pas du tout démonstrative et préfère observer les gens ou les écouter avec une attention sincère que de devoir leur exprimer ce qu'elle pense ou ressent. Avoir son avis sur un point peut s'avérer un exploit olympique si elle ne souhaite pas en discuter, en particulier quand il s'agit de la faire décrire ses sentiments. De même, elle peut être en profond désaccord avec vous sans que vous ne vous en doutiez le moins du monde. Et inversement. Cela soit par indifférence, soit par crainte : elle trouvera le plus souvent que donner son avis est non seulement totalement inintéressant, mais aussi potentiellement dangereux. Cependant, elle n'est pas d'un naturel particulièrement méfiant, accordant facilement sa confiance à ceux qu'elle en juge dignes. Elle a par ailleurs une légère tendance au syndrome de Stockholm dont certains ont déjà su profiter. Elle vient volontiers en aide à autrui gratuitement, mais évite de se mettre en danger autant que possible et reste quasiment toujours prudente : pour bénéficier de son soutien inconditionnel, vous devrez faire partie des personnes dignes de confiance citées un peu plus haut, auquel cas ses sentiments l'emporteront aisément sur sa modération habituelle. Elle est assez rêveuse et ne craint pas la solitude, mais s'intégrera sans grande difficulté à un groupe s'il l'accueille, sa gentillesse, sa douceur et sa modestie en faisant une compagne agréable. De plus, habituée à se soigner elle-même et à avoir besoin de le faire régulièrement et parfois en urgence, elle essaye de se débrouiller pour avoir toujours de quoi procurer sans condition des soins à quiconque lui demandera de l'aide pour une blessure. Sa loyauté sélective mais forte et rapide à gagner en fait également un soutien qui peut s'avérer utile. Elle est très peu rancunière, ce qui ne veut pas dire pour autant qu'elle oublie le mal que telle ou telle personne lui a fait, juste qu'elle ne vous en tiendra (apparemment) pas rigueur. Peu colérique, elle risque néanmoins dans les moments de grande tension de démontrer qu'être désespérée n'empêche en rien de continuer à se battre. Elle réagit cependant beaucoup plus violemment quand ce sont non pas elle, mais ses amis ou connaissances qui sont menacés.

Cassandre est de taille moyenne, environ 1m70, mais a l'allure d'une allumette : tout vêtement porté par elle donnera l'impression d'être trop grand, c'est une règle universelle. Si elle est fine, elle est cependant relativement musclée pour son poids. Par un mystère encore inexpliqué, elle a de la poitrine malgré son gabarit. Elle a la peau légèrement hâlée, ce qui fait d'autant plus ressortir ses deux cicatrices blanchâtres, l'une au bas-ventre, l'autre en forme de croix penchée au travers de la poitrine, qui va presque de son épaule gauche à son flanc droit en largeur, et mesure environ deux fois moins en hauteur. Elle est invisible pour peu qu'elle ne porte pas de vêtement trop décolleté. Ses doigts sont fins, peu adaptés à la vie dans les bois, ses ongles fragiles donc assez courts. Elle se tient la plupart du temps droite, et est constamment tendue, en alerte. Ses gestes sont hésitants et rapides, comme si elle craignait de les regretter. Son visage est fin, elle a un front arrondi et un nez droit, des lèvres fines également et d'une carnation assez foncée. Ses yeux vont du brun très sombre au noir d'encre suivant la lumière, grands, et sous le coin extérieur de l’œil gauche se trouve un petit grain de beauté. Ses sourcils sont droits, puis après un angle net retombent et s'affinent, leur contour est net. Elle arbore le plus souvent une expression neutre ou légèrement mélancolique et sourit peu, d'un sourire qui par sa douceur accentue encore l'impression de tristesse que donne généralement son visage. Ses cheveux sont d'un brun clair, uniforme, et sont très bouclés, sans tout à fait être frisés. Le meilleur mot pour qualifier leur texture serait « mousseux ». Ils donnent envie de plonger la main dedans mais, attention, il n'est pas dit que leur propriétaire apprécie que vous les tripotiez.

Cassandre a eu la malchance d'être séduite et ainsi manipulée à son insu par M. Illan, un des pires ennemis de M. de Méliany. Quand ce dernier, personnage politique méconnu mais influent auquel elle appartenait, et à qui elle était donc censée devoir fidélité, s'en rendit compte, Cassandre aurait pu subir de nombreux châtiments divers et variés, mais son marquis de propriétaire décida finalement qu'une punition exemplaire et définitive s'imposait. La vendre au premier venu n'était pas assez cruel et la tuer bêtement et simplement ne lui suffisait pas. Il fit donc preuve d'inventivité. Parmi les quelques choix encore disponibles à ce stade de sa réflexion, sa colère froide et son désir irrépressible de vengeance lui ont soufflé que la prison d'Anguish était le plus approprié de la liste des possibilités à même de faire souffrir la jeune fille. Il y a donc envoyé Cassandre sans lui donner la moindre petite indication sur ce qui l'attendait, demandant à ses hommes de main, quand elle s'inquiéterait de la durée du voyage, de lui laisser simplement croire qu'il voulait s'en débarrasser, soit en la faisant tuer dans un quelconque lieu isolé, soit en la confiant à un autre possesseur. Ce qui n'était pas si loin de la vérité, au final. Après quelques jours de voyage éprouvants et passant lentement dans un silence quasi total et sans qu'on lui adresse personnellement plus de trois mots, ayant renoncé à questionner ses geôliers, Cassandre débarquait seule et déjà effrayée sur l'île, sans savoir où elle était ni si elle en repartirait un jour vivante, sans personne pour la guider. Autant dire que l'acclimatation, malgré son habitude d'être violentée et la résistance physique et surtout mentale qu'elle a développée, risque d'être rude.