I'm hungry of... you [Finie !!]

J'avance lentement dans le long couloir blanc. Les autres captifs viennent se presser devant leurs portes pour me voir passer. Certains me balancent des insultes tandis que d'autres m'encouragent doucement. Je les ignore en me contentant de regarder devant moi. Aucune de leurs paroles ridicules ne pourra m'aider. Je suis condamné et personne ne peut rien y faire. Sauf le gouvernement... Mais je ne pense pas qu'ils voudront arracher un affreux cannibale des griffes de la pendaison. J'aurais peut-être du suivre les conseils de ma charmante avocate. Me faire passer pour un malade mental afin de ne pas me retrouver pendu au bout d'une corde. Mais avaler des médicaments toutes les heures et subir de nombreux lavages gastriques ne me donnait pas vraiment l'envie d'y aller... Je retiens un haut le coeur en continuant ma route. Les deux gardes m'aident beaucoup dans ma progression. Il faut dire que penser aux lavages gastriques m'a fait un peu tourner de l'oeil... Mes parents n'ont pas voulu me voir durant mon court emprisonnement. Je les comprends. Ils ne voulaient certainement pas voir leur fils qui mange de la viande humaine ! Je devais les dégoûter. Je laisse échapper un ricanement en y pensant, ne faisant pas du tout attention aux deux gardes qui se regardent avec un air surpris. Ils doivent me croire dingue. Exactement comme tout le monde. Mon cher papa doit être le plus dégoûté des deux. Le pauvre. Lui qui avait tant souffert pour me donner une bonne éducation. Il m'avait offert des cours de piano, de violon et de langues pour que je puisse comprendre les personnes du monde entier. Je parle en tout neuf langues. Japonais. Chinois. Mandarin. Cantonais. Coréen. Anglais. Francais. Espagnol. Italien. Je n'avais pas le droit de regarder la télévison ou d'écouter de la musique qui n'était pas du classique... Subitement, un des gardes me pousse vers l'avant et je me tourne vers lui pour le fusiller du regard. Il se recule avant de me pousser avec sa crosse. Je retiens un grognement de protestation avant d'entrer dans l'immense salle blanche. Je me raidis en voyant le gibet. Le noeud coulant se balance sinistrement devant moi et un silence de mort flotte dans l'air. Des mains entrent dans mon champs de vision et me débarrassent de mon horrible muselière avant de me guider jusqu'au noeud.

- Je suppose que je peux disposer de mon temps de parole, maintenant ? Je regarde tous les hommes avant de leur faire un grand sourire. Un gros gars aux mains imposantes regarde sa montre et hoche la tête en me disant que je ne dispose que deux cinq minutes. Ne vous en faites pas, ce ne sera pas long. Je veux juste partager avec vous le récit de mon tout premier repas. Tout le monde se regarde avant de retourner son attention sur moi. Je me souviens que nous avions un devoir de biologie. Une amie et moi devions travailler sur la dissection d'une petite souris. Comme toutes les filles de notre cours, mon amie refusait de toucher au cadavre du pauvre animal alors que cela ne me faisait ni chaud ni froid. Je me suis donc mis au travail sans me soucier des plaintes de ma camarade. Je laisse échapper un rire froid en plantant mon regard dans ceux des gardes. Vous ne pouvez pas imaginer ma stupefaction lorsque je découvris que ce fut elle la meilleure note de la classe ! Alors qu'elle n'avait fait que me regarder ! Oh non non non. Cela n'allait pas se passer comme cela. Je suis alors devenu intime avec ma partenaire afin de mieux l'attirer chez moi. Bon, ma cave ne me servait pas encore de cuisine... Il a donc fallu emprunter l'argenterie de mes parents pour prendre soin d'elle. Je ne pensais pas tomber dans le cannibalisme en la tuant. Mais c'est en plantant le couteau et la fouchette de sa cuisse ferme et dodue que la question s'est imposée dans mon esprit. Mais quel goût peut bien avoir la chair humaine ? Bonne question, non ? J'ai alors goûter un morceau. Je ris doucement. Et c'était vraiment délicieux ! Certains hommes me regardent avec une lueur de peur dans les yeux et une cagoule recouvre ma tête. Je sens la corde entourer rapidement mon cou. Finalement, faire le malade mental ne m'aide pas du tout...

- Attendez !

Je tourne la tête vers la provenance de cette voix. Des bruits de pas se font entendre. Les hommes marmonnent dans leurs barbes. Bon ou mauvais signe ? Je ne sais pas mais un seul mot passe dans toutes les bouches : Anguish.

Je suis une personne assez silencieuse dans la vie courante. Beaucoup de mes voisins aimaient mon calme et ma gentillesse avant ma venue au pensionnat. Il faut bien montrer son côté sage pour attirer les bonnes grâces des autres sur soi. Il faut aussi se montrer sociable... Ce qui est un peu difficile pour moi. Je ne suis pas super bavard... Je me retiens souvent de rire devant tout le monde afin de conserver une image assez froide de moi-même. Je ne veux pas me montrer vraiment ouvert et aimable avec tout le monde... Peut-être pour empêcher aux personnes de mon entourage de ne pas se montrer trop attachantes avec moi. Mes amis me reprochent souvent d'être ambitieux. Ce qui est totalement vrai. Ambitieux. Pointilleux. Méticuleux. Tous ces adjectifs me conviennent parfaitement. Je veux être le premier dans tous les domaines qui me concernent. Que ce soit en musique, en cuisine ou en meurtres. Je suis assez sadique avec les personnes qui m'agacent prodigieusement. J'aime les torturer avant de les manger. Je leur parle pendant plusieurs heures ou les laisse trembler de peur dans ma cave pendant que je prends un bon bain chaud dans ma baignoire de luxe. Je peux vraiment être violent avec mes victimes. Cela est un bon moyen de me défouler et de me débarrasser de toutes mes tensions musculaires. Les hommes et les femmes sont mes plats principaux. Je ne touche ni aux enfants ni aux petits vieux. Le ying et le yang est sans doute le symbole qui pourrait le mieux résumer mon caractère.

Je suis inhabituellement grand pour un asiatique. Je mesure 1m80 pour seulement 60kg et mes mensurations sont 98-68-88. La balance est ma meilleure amie. Comme mon poids est constamment en mouvement, elle me permets de me maintenir en forme. Faire des malaises devant tout le monde n’est pas vraiment quelque chose de sympa, vous pouvez me croire sur parole. Mes cheveux bruns cachent souvent mes yeux bleus lors de mes mouvements. Ils ne sont pas au plus haut de leur forme à cause des nombreuses colorations (et décolorations) qu’ils ont subis. Blonds. Bruns. Noirs. Encore blonds. De nouveau bruns... Pour mes yeux, le bleu n'est pas ma couleur naturelle non plus. Je porte des lentilles de contact de couleur pour avoir les mêmes que les occidentaux. Du côté vestimentaire, le choix est varié. Mon armoire contient une tenue pour chaque jour de l'année. Pas question de porter un vêtement deux jours de suite ! C'est sale... En ce moment, je porte souvent des uniformes militaires ou des habits plus vieux. Pas de maquillage pour moi ! Mais les gros accessoires tels les colliers et les bracelets sont les bienvenus ! Ma voix est chaude et sensuelle, ce qui est parfait pour charmer les demoiselles ou chanter.

Je suis ici pour discrimination alimentaire. Je mange de la viande humaine au lieu de me contenter de celle des animaux. Je la trouve beaucoup plus tendre et beaucoup plus savoureuse que celle des vaches, des chevaux ou des lapins. Ah... Je vous vois venir avec vos insultes et vos sermons... Et bien vous savez quoi ? Je le fais sans aucun remords. Je trouve que nous sommes trop nombreux sur Terre alors pourquoi se priver d'un repas de luxe tandis que des milliers de plats et de desserts grouillent devant vous ? C'est divinement tentant ! Je cuisine dans ma cave. Le corps du mort ou de la morte est toujours nu. D'abord, je coupe les membres puis découvre les os blancs et solides avec un couteau pour éplucher les pommes de terre. Ensuite, les muscles et les organes subissent des prises de mesure et de poids tandis que la tête et les veines me servent d'amusements. Et enfin, je coupe les doigts afin de les garder comme trophées. Tout cela me prends beaucoup de temps et il est souvent l'heure de manger lorsque mon oeuvre est achevée. Avant de venir à Anguish, mes voisins me disaient souvent qu'ils aimaient ma cuisine... Et vous ? Vous seriez du même avis si vous saviez la vérité ?

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