Silence radio... [Bethany]

Darren agrippa le dernier carton avec un grimace. C'était lourd, poussiéreux et très encombrant. Il le déposa sur un autre pour l'empiler et se laissa aller contre le mur de la cave en soupira en passant une main sur son front. On ne pouvait pas dire que ce soit un petit boulot, ça lui avait pris trois jours ! La cave autrefois miséreuse, moisie, et pleine de poussière était aujourd'hui méconnaissable. Il n'était pas aller jusqu'à trier les cartons quand même, il se foutait bien de ce que tous ces trucs cachaient. Mais enfin aujourd'hui, il avait passé un bon coup de balais, avait enlevé les toiles d'araignée, avait lessivé les murs et le sol, et empilé soigneusement les cartons. Bon... ça sentait encore la vieille cave mais c'était déjà plus supportable comme ambiance. Il était aller jusqu'à trouver une ampoule presque neuve dans la réserve pour remplacer celle-ci qui rendait l'âme. On voyait maintenant beaucoup plus clair ! Qui a dit ce que ce genre de boulot était minable ? Il fallait de la patience, du courage et de l'énergie. Bon... il avait peut-être l'air ridicule en train de faire le ménage dans ce pensionnat, mais c'était bien la seule chose qui l'aidait à se lever le matin. Sinon pour quoi faire ? Errer dans les couloirs en attendant qu'on le torture ? C'était fini ça. Aujourd'hui il se sentait utile et avait de quoi remplir ses journées.

Darren s'observa net fit la moue. Il était couvert de poussière et sentait mauvais. Pour remédier à ça, il rangea ses outils dans la réserve, passa au dortoir prendre des vêtements propres et partit se faire une bonne toilette. Il avait choisit un jean noir et une simple chemise bleue qu'il ne prit même pas la peine d'attacher. Il venait de prendre une douche glacée alors les couloirs du pensionna étaient plutôt chaud à coté. Et il n'avait plus toutes ces cicatrices immondes à masquer. Il se sentait bien mieux.
Il décida de sortir prendre l'air pour assister à une coucher de soleil. Il se dirigea donc vers le meilleur point de vue ; le phare. Là où il avait éclaté le nez à Kurtis la dernière fois. Ça lui avait fait du bien de le frapper celui-là.

Après avoir grimpé toutes les marches, Darren s'appuya sur la rambarde et fixa l'horizon que le soleil s'apprêtait à rejoindre à l'instant. Il ferma les yeux et apprécia le vent qui soufflait sur son visage. Enfin vivant... il n'avait pas imaginé pouvoir refaire surface un jour. C'était un pur délice de pouvoir de nouveau profiter de la vie et des sensations, lui qui était mort autrefois... même si pour cela il avait du faire quelques sacrifices. On a rien sans rien...

Bethany avait passé une de ces journées d’un ennui mortel. Elle était pratiquement restée dehors, profitant de la chaleur de cette fin de saison. Cela était maintenant dans ses habitudes d’éviter le pensionnat en plein jour, trop de surveillants sadiques, trop d’angoisse. L’extérieur se rapprochait davantage de la vraie vie, sauf si on tombait sur les mauvaises personnes. Depuis plusieurs jours, son moral était retombé assez bas. La rencontre avec Kurtis, la morsure profonde du nouveau surveillant Kurume… Son caractère farouche était soumis à rude épreuve.

Elle se trouvait face à la jetée et réfléchissait à sa vie d’ ici. Déjà plus d’un an et demi qu’elle survivait à Anguish. Et après les tortures, les brimades et les punitions télécommandées dont elle s’était à chaque fois relevée, elle se demanda si tout cela valait la peine. Qu’y-avait il après Anguish ? Probablement rien. Aucun pensionnaire n’était jamais reparti chez lui, alors à quoi bon. Elle regarda l’horizon au loin. De l’eau à perte de vue. Elle ne savait même pas où l’île se trouvait.

La jeune fille tourna la tête et vit le phare. Une ruine qui défiait le temps. Depuis qu’elle était pensionnaire, elle n’avait jamais pris la peine de le visiter. Elle décida qu’il était temps, et puis, peut-être qu’on pourrait apercevoir ce qu’il y avait de l’autre côté de l’océan…
Elle monta les marches et ça lui sembla une éternité. Les quelques rayons de soleil qui avaient réussi à passer dans le long escalier illuminèrent des inscriptions d’anciens pensionnaires sur les murs. Des noms, des dates…des preuves d’existences oubliées.
Bethany arriva enfin au sommet et ne put s’empêcher de sourire. Le soleil se couchait doucement, dans des couleurs chaudes pleines d’espoir. Un signe qu’il ne fallait rien lâcher. Après tout, à plusieurs ils étaient plus forts. Beth’ regarda au loin, dans l’espoir de voir quelque chose, un bateau, une terre. Mais rien sinon le coucher de soleil et l’eau.

Des pas se firent entendre : quelqu’un montait l’escalier. Kurtis, pensa-t-elle. Il lui avait promis de lui faire vivre un Enfer et était capable de la suivre jusque dans un endroit discret. Quelle c*nne, se dit-elle. Elle regarda rapidement autour d’elle, pas d’issue, elle devait se cacher, elle aurait au moins l’effet de surprise. Elle se replia dans un recoin, derrière des gros cartons, et sortit un couteau de la poche arrière de son jean. Elle était prête à l’attendre et à se défendre.

L’individu entra enfin et s’approcha de la rambarde. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle reconnut Darren. La première personne qu’elle avait rencontrée à son arrivée. Il était alors pensionnaire et lui avait expliqué les règles à suivre pour survivre. Un très gentil garçon comme elle en avait très peu connu. A se demander comment il avait atterri là. Ils s’étaient croisés plusieurs fois, mais ne se connaissaient pas vraiment. Et puis il avait reçu sa ‘promotion’, devenant chargé du ménage, et elle ne le croisa presque plus. Elle le vit profiter de l’air léger qui régnait dans la petite pièce circulaire et décida de sortir de sa cachette, se trouvant soudain bien ridicule.

« Bonsoir Darren. »

Elle lui sourit poliment alors qu’il se retournait et rangea son couteau.

On dit que les soleils couchants ont toujours moins de charme que les soleils levant. Darren avait une opinion mitigée. Un soleil qui se couche a bien plus de couleurs, c'est le spectacle des couples amoureux, le symbole du beau. Un soleil qui se lève quand à lui représente la renaissance et s'apprête à recouvrir le monde d'un doux voile chaud et doré. Qu'il se couche ou qu'il se lève, le jeune homme aimait l'observer faire. Rien ne l'arrêtait, lui. Absolument rien. Quoiqu'il se passe sur Terre ou ailleurs, le soleil sera toujours là. Les hommes peuvent mourir et s'entretuer, la pollution détruire la vie et l'oxygène, le soleil lui, se lèvera et se couchera toujours. Il se fiche de l'humanité, il se fiche du Bien et du Mal, il continue sa course incessante et la Terre tourne encore et toujours. Intouchables.
Sur la surface de l'océan, le soleil créerait une auréole rose et pourpre. Le soleil lui, luisait d'une lumière plus blanche que jaune. Le ciel se fondait dans l'océan d'un tableau majestueux, une palette de couleur entre le pourpre, le violet et le bordeaux. Quelques nuages venaient y mettre leur tâche d'ombre noire, et on voyait leur silhouette glisser sur la surface de la mer calme, légèrement ondulée. Un spectacle qui le rendait rêveur et lui donnait l'impression d'être si laid, si petit à coté.

C'est alors qu'une voix le salua. Autrefois, Darren aurait poussé un cri et sursauté, terrorisée à l'idée que quelqu'un puisse le surprendre si facilement pour le tuer. A ce jour, il se contenta de tourner son visage dans la direction de cette voix féminine et reconnut Bethany. Contrairement à lui, elle n'avait pas changé. Son visage était un peu plus fatigué sans doute... peu surprenant étant donné ce qu'elle devait vivre ici.
Le jeune blond arbora un sourire en se tournant tout à fait vers elle. Elle rangeait un couteau. Sans doute l'avait-il effrayé. Au moins elle restait méfiante... c'est bien.

- Bonsoir Bethany. Désolé si je t'ai fait peur, je ne pensais trouver personne ici à cette heure là. Tout va bien ? Tu as l'air très fatigué et sur tes gardes.

Il avait rencontré le jeune femme juste avant de se refaire une santé si on peut dire. Lorsqu'elle l'avait connu, il était encore comme un fantôme, un zombi, un jeune homme terrifié qui n'attendait plus rien de la vie. Les temps changent et les Hommes avec. Darren s'approcha et posa une main sur l'épaule de la jeune femme pour embrasser sa joue. En revanche, il n'avait rien perdu de son amabilité. Il avait toujours été comme un frère pour ceux qui en avaient besoin. A une différence près... aujourd'hui il ne voulait plus s'attacher à quiconque au point de souffrir à nouveau.
Le jeune homme passa son pouce sur les cernes de la jeune femmes.

- Racontes-moi ce qui te préoccupes. Tu a été agressée ?

Le meilleur moyen de soulager quelqu'un, c'était de parler avec cette personne. Si Darren n'avait aucune intention de la venger de s'attirer des ennuis, il était prêt néanmoins à écouter ce qui la mettait dans cet état. Keiji et ses couteaux ou Shean et ses élans de pervers ? Il avait une chance sur deux, pas plus. A moins que ce ne soit quelqu'un d'autre après tout...

La jeune fille le regarda rapidement. Cela faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas croisés. Le garçon fragile et effrayé semblait aujourd’hui plus sûr de lui et dégageait quelque chose de sécurisant, comme s’il avait ressuscité. Bethany se sentit observée et elle baissa la tête alors qu’il lui fit remarquer ses traits fatigués. En guise de réponse, elle haussa les épaules. Elle qui préférait ne pas laisser transparaître son moral du moment, c’était loupé. Elle releva les yeux sur Darren et lui rendit un sourire faible qui ne réussit pas à rester bien longtemps. Il toucha sa peau fatiguée et contre toute attente, elle qui refusait qu’on la touche, elle le laissa faire. Ca lui faisait du bien.
Il lui demanda de lui raconter ce qui lui était arrivé. Elle le fixa du regard quelques secondes, ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de parler d’elle, mais à ce moment, elle en avait besoin. Seule, c’était trop difficile, elle le savait, et elle ne pouvait plus encaisser encore et toujours.

« Kurtis » finit-elle par avouer.

Puis elle souleva son gilet au niveau de son épaule gauche, où l’on pouvait voir le pansement qui cachait sa blessure.

« Et le nouveau surveillant, Kurume… »

Bethany évitait le regard de Darren. Les choses avaient bien changées depuis leur dernière rencontre. La personne affaiblie et fragile, elle devait se l’avouer, c’était elle désormais. Lui qui avait vécu tant d'épreuves et de souffrances, comment avait-il fait pour trouver la force de revivre ?

La pensionnaire se dégagea et fit quelques pas vers la balustrade, faisant mine de regarder le paysage.

« Je ne sais pas comment tu fais… »

Elle tourna la tête et le regarda tristement.

« Comment tu fais pour supporter tout ça. J’y arrive plus… »

Darren savait que Bethany était une fille forte, fière et rebelle. Mais aujourd'hui elle semblait fatigué. Pas simplement par un manque de sommeil, plutôt fatigué de se battre. Moralement et physiquement, elle était sur le point de lâcher prise, depuis que le temps qu'elle était à Anguish et qu'elle supportait tout cela, il était normal que, comme beaucoup d'autres avant elle, aussi forte soit-elle, qu'elle faiblisse à un moment donné. Ce moment était venu, mais il n'était pas alarmant. Elle reprendrait vite du poil de la bête, il lui faisait confiance. Darren sentait aussi une honte chez elle, du fait qu'il ait deviner son état. Elle aurait aimé le cacher mais personne ici n'était dupe. Chacun savait, à sa manière, reconnaître une brebis égarée ou blessée. Bethny finit par lui indiquer les noms de ceux qui lui avaient fait du tort. Kurtis. Bien sûr. Évidemment... le contraire aurait été étonnant. N'avait-il rien de mieux à faire celui-là ? Une petite flamme de colère et de haine scintilla en lui, mais il l'éteignit immédiatement en prenant sur lui. Sa haine envers ce porc ne l'aiderait en rien. Avait-il violé Bethany ? Comme toutes les autres ? Non, elle avait tenu bon, il le sentait. La jeune femme lui montra ensuite une vilaine plaie à l'épaule. Kurume ? C'était pas ce type asiatique qu'il avait accueillit dans le hall quelques jours plutôt ? Le cannibale ? Voilà qu'il prenait déjà ses marques celui-ci...
Darren soupira et passa une main dans ses cheveux. Bethany alla se poster près de la rambarde, regardant le paysage. Elle se demanda alors comment il faisait pour supporter cela alors qu'elle n'en pouvait plus elle-même.

Le blondinet s'approcha et s'appuya lui aussi à la rambarde. Il prit le temps de réfléchir, fixant le soleil qui se couchait un peu plus puis répondit :

- Je me demande moi-même comment j'ai fait pour survivre jusqu'à maintenant. Je me suis aperçut que la vie valait la peine d'être vécue... quoiqu'on puisse endurer. Mais je peux te donner quelques conseils : ne t'attache à personne, ne fais pas la même erreur que moi. Il est si facile de s'en prendre à ceux que tu aimes pour te détruire. Je sais de quoi je parles.

Lui-même s'était fixé cet objectif. Il ne voulait plus dépendre de personne, ici c'était bien trop dangereux. Trop de souffrance lié à ça avait finit par le forger, à dresser un bouclier contre l'amour et l'amitié, les sentiments les plus forts mais aussi les plus destructeurs, ennemis de la Haine et et la Colère, tout aussi puissants. Il ajouta :

- Je ne connais pas très bien Kane... mais méfies-toi de Kurtis. Il a beau avoir un petit pois à la place du cerveau c'est vrai vicelard, un entêté. Mais le pire, c'est Keiji. Te frottes pas à ce gars là, sinon tu vas finir comme moi le jour de notre rencontre.

Il ne savait pas trop comment l'aider davantage. Aller éclater les dents de Kurtis et de l'autre surveillant ne servirait à rien sinon attirer des ennuis à tout le monde. Cependant il ajouta :

- Pour Kurtis, j'ai une info. Une arme secrète si on veut et qu'il préfères pas ébruiter. Il est amoureux, il est dingue de Keira Benett. Mais cette fille est une harpie, elle joue avec lui... même si je crois qu'elle l'a aimé... difficile à dire. En tous les cas c'est sa petite faiblesse. Et tiens-toi bien... notre Grand Violeur a été violé. Oui, violé. Par Keiji. Ça te prouve de quoi il est capable lui aussi. Et c'est aussi le petit ami de Keira. Ces trois là ensemble c'est l'embrouille... enfin bref. Tu peux toujours te servir de ça pour le déconcentrer ou gagner du temps, on sait jamais.

C'était aussi une "arme" à utiliser avec modération. Ça pouvait l'aider mais ça pouvait aussi se retourner contre elle. Shean savait violer mais il savait tuer aussi. Mieux valait que Bethany soit prudente. Très prudente.

[sorry pour le retard silent

]

Bethany écouta sa réponse attentivement et sans un mot. Il semblait si optimiste et ça la déconcerta. Puis il prit le temps de lui donner des conseils. Tout d’abord il lui recommanda de ne s’attacher à personne. Une chose dont elle pouvait se rassurer. La jeune fille ne s’était fait aucun véritable ami à Anguish depuis plus d’un an. Enfin presque. Quelques mois après son arrivée, elle avait sympathisée sans le vouloir avec une fille qui s’appelait Rebecca. Les deux pensionnaires s’étaient trouvées pas mal de points communs, rebelles dans l’âme, les mêmes habitudes, bref, la seule personne qui semblait comprendre Bethany. Mais les deux jeunes filles n’eurent pas le temps de devenir de vraies amies comme on peut l’entendre. Quelques semaines après leur rencontre, Rebecca fut retrouvée à l’extérieur du pensionnat, morte. Elle s’était tailladée les poignets. Elle avait renoncé au combat. Finalement Bethany s’était trompée, elle ne se ressemblaient pas tant que ça. Ce fut la première et dernière personne à laquelle Beth’ s’attacha ici. Et même si elle pouvait comprendre ce que Darren lui expliquait à présent, elle n’était pas tout à fait d’accord. Ne pas s’attacher d’accord, mais rester dans son coin, ce n’était plus la bonne attitude, Beth’ le savait maintenant.

Elle ne lui coupa cependant pas la parole, retenant chaque détail alors qu’il lui donna des informations sur Kurtis et les autres surveillants. Elle se retourna vers Darren alors qu’il lui raconta que Keira Benett était la faiblesse du violeur, et que lui-même avait était violé. Beth’ fronça les sourcils. Anguish était décidément un vrai endroit de cinglés. Mais l’information valait peut-être la peine d’être connue, même si la pensionnaire ne voyait pas encore comment s’en servir.

Elle lança à Darren un regard plein de gratitude. Il n’avait aucune raison de l’aider, et ça lui fit du bien qu’il essaye.

« Merci »

Son visage afficha un rapide sourit pour accompagner ses paroles.

« Mais je ne suis pas d’accord avec ce que tu as dit. Enfin…ne pas s’attacher okay mais…c’est pas en restant dans son coin qu’on va pouvoir sortir de cette galère ! »

Oups…Bethany avait gaffé, les mots étaient sortis trop vite. Elle se mordit la lèvre inférieure et se retourna vers le soleil qui n’était presque plus visible, et fit mine de profiter de ces dernières secondes, espérant qu’il n’avait pas remarqué l’allusion à son idée de rébellion…

[HJ : aucun problème ! ^^]

L'amitié est lente à mûrir, et la vie si rapide. Elle est une fleur que le vent couche et trop souvent déracine. Les blessures d'amitié sont inconsolables. Avant de pouvoir se lier d'amitié avec quelqu'un d'autre, il faut être ami avec soi-même, mais la haine est toujours plus clairvoyante et plus ingénieuse que l'amitié. Les ronces couvrent le chemin de l'amitié quand on n'y passe pas souvent. L'amour, l'amitié, l'estime ne forment pas des liens aussi solides que la haine commune. Ce que les hommes ont nommé amitié n'est qu'une société, qu'un ménagement réciproque d'intérêts, et qu'un échange de bons offices ; ce n'est enfin qu'un commerce où l'amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner. L'amitié qui n'est pas discrète est dangereuse. Elle n'est qu'un moyen élégant et commode de fuir la solitude. Pour arriver au cœur, l'amitié emprunte toujours une voie aussi simple et directe que le trajet d'une balle de revolver. Et tout aussi violente. Ses points de vue avaient beaucoup changé en ce qui concernait donc l'amitié...alors qu'autrefois il pensait tout le contraire. Pour lui, l'amitié et l'amour avaient été ses porteurs, ses bouées de sauvetages... mais il s'était vite rendu compte qu'ils avaient été la cause de son échec, de sa souffrance et de ses douleurs. Mieux valait posséder un cœur de pierre... on était alors bien moins faible, presque intouchable.

Ne rien posséder. Voilà la solution. Rien qui puisse servir de cible à ses ennemis. Bien entendu... il était seul. Horriblement seul, mais c'était un mal pour un bien car de cela, il n'en mourrait pas. Il conseilla donc cette absence d'amitié à Bethany avec quelques informations utiles. La pensionnaire le remercia, mais reprit la parole pour le corriger sur un point : ce n'était pas en restant dans son coin qu'on pourrait s'en tirer.
Darren tourna son visage vers la jeune femme. Elle semblait animée par une soif de se battre soudaine, il le voyait bien. Cela le fit sourire et il répliqua :

- Se sortir de quoi, Bethany ? Contre quoi veux-tu te battre ? Nous ne partirons jamais de cette île, nous n'avons aucun moyen d'y parvenir. Quand bien même nous serions débarrassé des surveillants et du mystérieux directeur, de quelle manière comptes-tu, toi avec tous les autres pensionnaires, traverser l'océan et les centaines de kilomètres qui nous séparent du rivage le plus proche ? Ou de quelle manière comptes-tu survivre ?

Défaitiste ? Sans doute... il avait perdu l'espoir depuis un moment. Beaucoup d'autres avaient fait tourner leur méninges pour quitter l'île. Personne n'y était arrivé, à par un ou deux cas à part depuis que ce pensionnat existait... mais ils étaient morts. Alors qu'espérait donc Bethany au juste ? Darren ajouta :

- Crois-moi s'il y avait une chance, une seule, de rentrer chez moi... je sauterais sur l'occasion. Je ferais tout mon possible pour quitter cet enfer et construire une vie. Mais il n'y a plus d'espoir... il faut se rendre à l'évidence et accepter son destin.

Décidément, il ne voyait guère que les choses en noir. L'issue n'existait pas. Il errait dans cet endroit jusqu'à ce que la mort vienne le frapper d'une manière ou d'une autre. Mais pourquoi pas mourir en ayant au moins tenté une fois d'atteindre la liberté ? Oui pourquoi ? Avait-il réellement perdu cette flamme qui l'animait autrefois ? Avait-il lui aussi lâché prise, comme tous les autres ? Ça ne lui ressemblait pas...

Bethany fronça les sourcils en entendant la réponse de Rueben. Beaucoup avaient renoncé à combattre, elle le savait, mais elle avait du mal à les comprendre. A quoi bon survivre dans un enfer pareil si le seul espoir qui leur restait était vain ? Et le défaitisme du pensionnaire raviva sa propre fougue. Elle le voyait baisser les bras, préférer rester seul et vivre dans son coin. A quoi bon vivre si c’était pour finir sa vie ici. C’était impensable pour la jeune fille.
Darren lui demandait comment elle comptait s’y prendre, comme si cette idée était venue d’un coup dans l’esprit de Bethany.

« Il y a toujours un moyen Darren ! »

Elle s’approcha de lui, l’air persuasif.

« On est tous arrivés ici d’une certaine manière, il suffit de repérer quand le prochain arrivera. Et quand on sera enfin rentrés, on pourra même dénoncer ce qu’il se passe ici. A l’extérieur, personne ne sait ce qu’ils nous ont fait. Il faut qu’ils payent »

La jeune Beth’ le regarda en secouant la tête. Oui, elle avait longtemps pensé à l’évasion mais c’était la première fois qu’elle en parlait ouvertement. Elle avait réfléchi à ce qu’il faudrait faire. Elle n’y pourrait pas seule mais le nombre devait être très restreint. Elle se voyait même tout raconter aux médias une fois rentrée. Etrange d’ailleurs, aider les autres n’avait jamais été dans ses habitudes, mais elle s’était rendu vite compte que, même si beaucoup de pensionnaires étaient de vrais psychopathes, de nombreux autres n’avaient rien fait pour mériter Anguish. Darren en était probablement même un bon exemple, alors pourquoi une telle attitude. Elle aurait presque voulu le secouer un peu.

« Accepter son destin ? Parce que tu crois que c’est notre destin de mourir dans cet Enfer ? Bon sang mais reprends-toi Darren ! On est bien plus nombreux qu’eux, on peut le faire ! C’est à cause de mecs comme toi que personne n’a réussi ! On peut les battre ! »

La jeune fille le fixa des yeux un instant, essayant de déceler une quelconque réaction.

Bethany n'était finalement pas du genre à baisser les bras. Même si l'existence à Anguish commençait à la fatiguer et l'épuiser, elle était encore battante et prête à survivre et faire face aux obstacles sur le chemin de son destin. Il en fallait des pensionnaires comme elle... mais ils étaient tellement rares ! La plupart étaient des fous furieux trop content de pouvoir jouer dans ce parc où la violence était gratuite, et les autres avaient bien trop peur et étaient trop terrifiés pour oser se rebeller, ou perdu tout espoir un peu comme Darren jusqu'à aujourd'hui. La jeune femme se tourna vers lui, ne partageant manifestement pas son opinion, et prétendant qu'il y avait toujours un moyen. Il restait indécis, fixant le soleil ayant effectué la moitié de son parcours qui devenait de plus en plus rouge et l'océan de plus en plus sombre. Elle s'approcha, bien décidée sans doute à le faire changer d'avis et ajouta qu'une fois rentrés chez eux, il pourraient dénoncer ce qui se passait sur cette île aux allures d'Enfer. Darren cligna des yeux, toujours silencieux, comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Mais c'était faux. Combien de fois s'était-il imaginé en train de fuir et de dénoncer à qui voulait l'entendre les horreurs que subissaient des innocents sur une île au milieu de l'océan... et il se rendait vite compte que personne ne l'écouterait. Qui croirais un pauvre gosse débarqué de nulle part depuis quatre ans, sans famille, sans abri, sans travail... un orphelin ayant tout perdu. Qui l'écouterais ? Qui investirait de l'argent pour vérifier les dires d'un pauvre type comme lui qui délirait sur une île fantôme invisible sur une carte ?

Oui, ils fallait qu'ils payent... mais ça semblait tellement fou, tellement inaccessible ce rêve de liberté. Bethany ne voulait pas croire à la chute du projet. Elle était pleine d'espoir et d'ambition, elle ne baisserais sans doute jamais les bras. Elle lui demanda si c'était réellement leur destin de pourrir ici, elle voulait qu'il se reprenne, qu'il croie en ce rêve avec elle, ajoutant des arguments.
Lorsqu'elle eut terminé, Darren ne bougea pas un cil, le regard fixé sur l'horizon. Il réfléchissait à tout ça. Pendant un moment il avait été comme elle, à espérer un retour, l'injustice ne pouvait pas s'éterniser, des innocents ne pouvaient pas continuer à mourir dans cet endroit où ils n'avaient jamais eu leur place. Mais cet espoir s'était transformé en un simple rêve... comme si finalement le continent n'était qu'un autre monde imaginaire. Comme si Bethany lui parlait d'un Conte merveilleux... pourtant il y avait vécu 18 années dans ce monde... et pourtant ces quatre années à Anguish avaient des allures d'éternité...

- Je t'admire Bethany. Je t'admire de pouvoir encore y croire aussi fort alors que tout ça semble irréaliste pour moi maintenant. Sans doute parce que je n'ai plus d'attache. Tu as sans doute de la famille ou des amis qui t'attendent, des gens que tu aimes. Moi je n'ai rien là-bas. Rien ni personne... et c'est peut-être pour ça que j'ai cette impression d'irréalisme... que ce monde n'existe plus.

Il ferma les yeux, laissant le vent rafraîchir son visage et raviver quelques lointains souvenirs. Il continua :

- Et pourtant j'ai encore de vagues souvenirs... le goût sucré des glaces à la crème, la chaleur d'une maison, le plaisir de jouer de la musique et d'entendre des sons mélodieux qui nous font rêver, l'amitié d'un complice, les rires des enfants, les murmures dans la rue, les accolades entre voisins, les sommeils tranquilles, le sourire de ma mère...

Ses yeux s'embuèrent mais aucune larme ne traversa la barrière qu'il s'était construite. Pleurer ne devait plus devenir une habitude. Il se tourna vers Bethany, hésita un instant, puis esquissa un léger sourire :

- Tu as raison. Cette vie là mérite sans doute qu'on se batte pour elle. Qu'avons nous à perdre de plus après tout ? On va peut-être tous y laisser notre peau mais au moins ce ne sera pas en vain. Que proposes-tu ? Nous sommes nombreux mais peu à être de confiance. Il faut être discret et efficace. Mon statut me permet de passer inaperçu partout, tout le monde me connait mais personne en se méfie de moi, et en plus je possède les clefs de tous les locaux du pensionnat. Je peux jouer facilement l'agent double parmi les surveillants pour choper quelques informations. Quant à toi ne te fais pas remarquer, et trouves d'autres volontaires, personne ne te cherche des histoires pour l'instant. Kurtis est un crétin, il ne se doutera de rien. Et puis je peux m'en occuper si jamais il te suis de trop prêt.

Darren tourna le dos au soleil et afficha un sourire. Il venait de retrouver un peu de goût à la vie. Behany avait raison, ça ne servait à rien de rester dans son coin à attendre que tout se passe. Il fallait bouger et ne pas baisser les bras. Il était conscient que tous deux lançaient carrément une œuvre de rébellion comme il n'y en avait encore jamais eu à Anguish. Une nouvelle aire semblait naître au sein du château en toute clandestinité...
Il tendit alors sa main vers la jeune femme et lui lança un clin d'œil :

- Alors ? Prête pour la Révolution ?

Bethany finit de parler et un petit silence passa. Darren ne dit rien pendant un instant, elle semblait être dans une grande réflexion. Son regard paraissait perdu et la jeune fille n’arrivait pas à le déchiffrer, jusqu’à ce qu’il lui réponde qu’il l’admirait pour sa détermination. Il dit que lui n’avait pas d’attache dans le ‘monde extérieur’ et que c’était probablement pour ça qu’il n’avait pas la même envie d’y repartir. Bethany émit un sourire triste. Elle non plus n’avait personne à retrouver. Ses anciens amis n’en étaient pas vraiment et l’avaient peut-être même oubliée, elle ne devait manquer à aucun de ses ex, avec qui elle n’avait eut que des relations de quelques semaines au maximum. Quant à ses parents, ils avaient été les premiers à accepter son exil à Anguish, elle ne s’attendait pas à ce qu’ils lui sautent au cou. Non, plus que tout, c’était sa liberté qui lui manquait. Cette sensation que rien de mauvais ne pouvait lui arriver, qu’elle seule pouvait décider de sa vie… Cette chose était toujours dans le fond de son esprit. Elle se souvenait à quel point elle avait aimé cette liberté auparavant et elle voulait la retrouver à présent plus que tout.

Darren lui aussi semblait vouloir retrouver ses propres souvenirs. En les évoquant, Beth’ remarqua sa tristesse mais décela aussi une pointe d’espoir. Et cela se confirma alors qu’il se tourna vers elle. L’air déterminé, il reconnut que son idée était bonne et se décida à la rejoindre dans ce projet de grande ampleur. En l’entendant, la jeune fille poussa un léger soupir de soulagement. Elle le regarda, ravie, et sourit. Puis elle lui serra la main, comme en gage de pacte.

« Prête. »

La jeune fille se sentait revivre. Ce qui n’était qu’une idée récurrente quelques minutes plus tôt s’était transformé en objectif final à atteindre, et qu’elle ne partagerait pas seule. Elle avait trouvé un complice, et elle était contente de savoir que c’était Darren, en qui elle voyait un allié sur qui elle pouvait compter. Il lui proposa même de l’aider en ce qui concernait ses problèmes avec Kurtis, une suggestion pleine de bonté, même si Beth’ comptait se débrouiller seule. Elle décida alors de dévoiler ses petits secrets.

« Ca fait quelques semaines que je traîne avec trois autres pensionnaires. On se débrouille pour piquer de temps en temps des trucs, alcool, clopes…T’inquiètes on fait gaffe. On parle souvent de ça ensemble. On peut leur faire confiance. »

Elle marqua une petite pause, réfléchissant quelques secondes avant d’ajouter

« Tu penses que tu pourrais te renseigner sur les habitudes des surveillants, savoir quand il y a le moins de monde dehors ? Il faudrait aussi savoir comment être au courant des nouvelles arrivées…des choses comme ça… »

Bethany se mordilla la lèvre. Oui, son idée allait se concrétiser.

Darren savait ce qu'il faisait... mais il se rendait compte aussi que ce n'était pas qu'une petite idée de rébellion en l'air. L'envie de rentrer et de retourner chez lui l'envahissait d'une force nouvelle, d'une envie de se battre comme jamais. Pour lui, c'était rentrer ou mourir. De toute manière, s'ils échouaient, la peine de mort leur tomberait dessus, c'était certain. On épargnait pas les déserteur dans ce pensionnat, c'était trop dangereux car, comme l'avait souligné Bethany, si on leur faisait confiance et que le Gouvernement apprenait ce qui se passait réellement... Anguish devrait sans doute fermer. Et même si ce n'était pas le cas, au moins ils seraient à l'abri. Enfin. Certes, c'était un peu égoïste quand on y pensait et alors ? Il fallait parfois faire preuve d'égoïsme pour parvenir à ses fins. Et Darren n'hésiterais pas à mettre tout en œuvre. Bethany n'avait pas à regretter son choix, ni même d'avoir mit le jeune homme sur la piste de ses intentions. Le blondinet était quelqu'un de fidèle et de confiance, il avait entre les mains quelque chose de précieux. Peut-être un billet de retour... enfin ! Mais quel en serait le prix ? Peu importe. Oui... peu importe ou ça le mènerait. Il en avait marre de rester dans la passivité. Place à l'action !
Bethany aussi était fin prête, prête à se rebeller et à lui faire confiance, elle lui sera donc la mains. Darren lui sourit chaleureusement.
Elle lui expliqua que depuis quelques temps, elle traînait avec des pensionnaires avec qui elle trafiquait pour obtenir des bricoles, et d'après elle, ils étaient de confiance. Darren hocha la tête. Il avait foi en la jeune femme et en ses amis. Après tout, ils étaient encore loin d'être assez nombreux. Il faudrait être une bonne dizaine au minimum. Mais où trouver tous ces pensionnaires de confiance ?

Elle lui demanda ensuite s'il pensait pouvoir obtenir quelques informations des surveillants, notamment la fréquence de leur sortie et de leur surveillance dans les couloirs, ainsi que les nouvelles arrivées de pensionnaires. Darren réfléchit un instant et hocha la tête.

- Ouais, je ferais de mon mieux ne t'en fait pas. Dans les dortoirs personne se méfie, y a des infos qui traînent un peu partout, ils discutent pas mal entre eux et j'ai aussi accès aux dossiers des nouveaux arrivants. En général leurs papiers arrivent une semaine ou trois jours avant qu'ils débarquent. Ça nous laisse une bonne marge.

C'était faisable. Darren passait toujours inaperçue, tout le monde l'ignorait toujours superbement, c'est à peine si on le regardait. Il n'en valait pas la peine apparemment. Tant mieux, parfait même ! Mais il fallait tout de même rester très prudent. Le blondinet ajouta :

- Je connais une autre personne qu'on pourrait essayer de convaincre. Rueben, tu dois le connaître, non ? Pour mon plus grand malheur, lui aussi a beaucoup de contact et de fréquentation avec les surveillants, il pourrait être un bon élément parmi nous. On s'est un peu embrouillé mais j'espère pouvoir le convaincre... au fond on s'aime bien. Tu es d'accord ?

Oui, Rueben pourrait être un élément parfait pour fouiller encore un peu plus dans les infos des surveillants. Mais qui d'autre encore ? Le mieux serait carrément un agent double... un surveillant de confiance. Mais il n'en existait pas. Ou du moins, il ne voyait pas qui pour le moment. On verrait bien par la suite... tout commençait à prendre forme petit à petit.

- Oh et... une idée pour le lieu de réunion ? Ça va être difficile de trouver un endroit inaccessible aux surveillants. Très difficile. Il faudrait faire ça à l'extérieur mais il faudrait un abri et la cabane est sur le point de s'écrouler... à moins que...

Une idée germa dans son esprit. Il réfléchit à tout vitesse puis se redressa en souriant.

- L'Annexe ! Tous ces gens qui ont débarqué d'on ne sait trop ou il y a quelques jours, les naufragés ! Eux aussi peuvent être dans le coup, et en échange de quelques services qu'on pourrait leur rendre - genre nourritures et vêtements - ils nous permettraient de nous réunir dans leur annexe ! Ils ont trop peur de ce qui se passe ici pour aller raconter notre secret ! Tant qu'on reste discret... je crois que ça peu marcher ! Qu'en dis-tu ?

Oui, oui, tout ça prenait forme... il fallait d'ailleurs faire vite et ne pas trop traîner. L'efficacité, la rapidité et la discrétion étaient de rigueur désormais !

Bethany sourit. Darren serait d’une grande aide, elle ne regretterait pas son choix de lui avoir fait part de son projet. Elle était également fière de lui avoir ouvert les yeux. Il semblait si défaitiste quelques minutes plus tôt, et maintenant elle pouvait voir l’étincelle dans ses yeux, le petit quelque chose qui manquait à beaucoup de pensionnaires et qui reflétait un espoir grandissant. Il semblait réfléchir aux moyens à employer et proposa même de mettre Rueben dans la confidence. Beth’ hocha la tête, oui elle le connaissait. Le gentil pensionnaire l’avait plus ou moins aidée face à Kurume après sa morsure. Un garçon qui semblait adorable mais peut-être pas assez solide. La jeune fille regarda Darren en haussant les épaules.

« Si tu es sûr qu’on peut lui faire confiance, d’accord… »

Darren continua sa réflexion en cherchant une idée de lieu de réunion. C’est vrai qu’une sorte de repère secret leur serait utile une fois qu’ils seraient plus nombreux. Le petit groupe de quatre se retrouvait souvent pour des réunions clandestines au réfectoire et c’était déjà assez dur pour rester discret avec les caméras et les surveillants, alors s’ils étaient encore davantage, le risque serait bien trop grand. Il leur fallait une cachette plus discrète, Darren avait raison. Beth’ essaya de réfléchir rapidement à la question mais son nouveau complice eut une idée le premier, proposant l’Annexe. Oui, c’était une super idée. Il suffisait juste de rencontrer les nouveaux arrivants et qu’ils soient suffisamment dignes de confiance.

Beth’ regarda Darren, toujours le sourire aux lèvres, elle n’avait d’ailleurs pas souri autant depuis bien longtemps, et elle hocha la tête.

« Très bonne idée. Du moment qu’ils restent discrets, ça me va. »

La jeune pensionnaire devait avouer que c’était le seul point qui l’inquiétait un peu, car c’était le seul point qui pouvait à ses yeux l'empêcher de quitter cet endroit. Elle n’avait jamais fait confiance aux autres, mais pourtant, elle se rendait compte aujourd’hui que ça devait changer pour le bien de leur projet.

Ils étaient plutôt bien partis ! S'ils restaient discrets et que leur membre étaient de confiance, tout devrait bien se passer. Ils pouvaient réussir, il devait forcément exister un moyen d quitter cet endroit, les véritables limites n'existaient pas, il y avait toujours une faille, toujours ! Ce serait sans doute long et difficile mais peu importe, l'union faisait la force et leur travail et leurs efforts seraient forcément récompensé. Il fallait être patient et motivé voilà tout. Darren se sentait un peu mieux, un peu plus utile depuis qu'il venait de se lancer dans ce projet grâce à Bethany. Qui aurait cru qu'un jour Darren Smith se soulèverait contre Anguish de toute son âme ? Il rêvait plus que tout de détruire cet enfer, ou de le voir disparaître derrière lui au fur et à mesure qu'il s'en éloignerait ! Ce jour là, serait le plus beau jour. Ce jour là il serait libre et plus jamais il ne reverrais cet endroit. Bientôt il sera en Amérique, chez lui ! Il lui suffisait à présent d'y penser pour se sentir plus vivant et plus heureux que jamais. Il avait de nouveau quelque chose sur quoi s'appuyer, une chose qui n'était ni l'amour ni l'amitié, trop fragiles en ces lieux, mais la Volonté. Et ça... on ne lui prendrait jamais. Plus jamais. Rien nu personne ne semblait pouvoir l'arrêter à partir de ce jour, il était prêt à faire n'importe quoi, même donner sa vie pour permettre un jour aux pensionnaires innocent de retourner chez eux. Oui, il était prêt à donner sa vie pour ça. Pourtant il s'était juré de ne pas mourir, de survivre jusqu'au bout et surtout de ne pas se sacrifier. Mais là ce n'était pas pareil, la cause était différente.

Bethany semblait d'accord avec lui. Mais la confiance devait entièrement régner entre eux, c'était un point essentiel. Il ne devait y avoir aucune animosité entre eux, ils devaient être liés... mais pas trop. Ne surtout pas tomber dans ce piège là. Ils devaient être solidement liés mais ne jamais aller jusqu'à l'amitié et la fraternité. Oui c'était compliqué... mais ils devaient être inébranlables. Si un surveillant venait à tuer l'un des leurs, il ne fallait surtout pas chercher à le venger et se laisser abattre, il fallait continuer quoi qu'il en coûte. Ça semblait égoïste mais c'était comme ça que ça marchait ici. Darren avait finit par le comprendre après avoir frôlé plusieurs fois la mort à cause de tout ça. Il ne ferait plus la même erreur.

La jeune femme était également d'accord en ce qui concernait l'annexe. Restait maintenant à entrer en contact avec les naufragés et gagner leur confiance. Eux aussi avaient tout à gagner : ils pourraient retourner chez eux aussi. Parce qu'apparemment personne ne semblait envoyer de l'aide. Si c'était le cas, alors ce serait une chance exceptionnelle pour eux, ils pourraient s'évader en tant que passagers clandestins. Ou invités. Sait-on jamais...
Darren sourit et se tourna de nouveau vers l'horizon. Il ne le voyait presque plus en vérité, le soleil venait de disparaître complètement et les étoiles étaient de plus en plus nombreuses. Il inspira l'air frais puis se tourna vers Bethany.

- Bien, il est tard et demain sera encore une longue et dure journée. Je vais me coucher, on se donne rendez-vous demain matin au réfectoire ? Ce n'est pas vraiment une réunion pour la révolte... simplement une invitation. Si tu traîne avec moi t'auras moins de chance de tomber sur Kurtis. Alors à demain ! Bonne nuit !

Il déposa un baiser sur sa joue et descendit les interminables escaliers du phare, le cœur léger. Il avait enfin une raison de survivre... une vraie !

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