Nathanaël Owsley Ҩ All begin in blood.

Nathanaël est issu d'une famille tout ce qu'il y a de plus banale. Il nait le jour du solstice d'été de 1990, dans une petite banlieue modeste de la ville de Salisbury, en Angleterre, d'un père professeur de mathématiques en enseignement supérieur et d'une mère femme au foyer, qui s'occupe au mieux de sa sœur ainée Kate et de lui-même, ainsi que de Spock, le berger allemand de la famille. Une famille idéale, dans la norme ; qui aurait pu se douter de ce qui allait finir par leur tomber sur la tête. Nathanaël vécut pourtant une enfance heureuse, c'était un petit garçon très épanoui, doté d'une joie de vivre particulière, vif et intelligent.

L'incident qui fit basculer son existence eut lieu le 24 octobre 1994, même si personne n'y porta guère d'attention à l'époque. La famille avait pour habitude de pique-niquer le dimanche dans le bois voisin, enseignant aux enfants le respect de la nature et le goût du sport. Le petit blond apprenait pour la première fois à faire du vélo sans les petites roues. Il se sentait très fier et peut-être même trop en confiance : il se mit à dévaler la pente à toute allure, porté par une sensation de vitesse vertigineuse. Mais ce qui devait se produire arriva, ses petits pieds s'emmêlèrent dans les pédales et il tomba en soleil par dessus le vélo, s'écorchant brièvement au genou. Le temps que son père accourt, inquiet pour lui, il avait positionné ses lèvres sur son écorchure pour goûter le sang chaud qui coulait. Un geste que tous les enfants ont fait, sûrement. Mais la sensation que cela lui procura n'était certainement pas banale ; Nathanaël se sentit revigoré d'une énergie nouvelle, laissant cette chaleur étrange se déverser dans tous ses membres, et, il l'ignorait alors, mais ce moment fut pour lui une véritable révélation. Lorsque son père finit par le prendre dans ses bras, l'inquiétude se lisant sur son visage, le petit garçon arborait un sourire étrangement radieux.

Mais la famille prit cet accident à la légère, ne réalisant pas ce qu'il avait déclenché chez le petit garçon. Très vite, il ne put résister à l'envie de goûter à nouveau de son propre sang, obnubilé par le délicieux liquide – si pur – qui lui donnait la vie. Lorsqu'il tombait, il pinçait ses blessures pour qu'elles cicatrisent moins rapidement, suçant son sang avec désinvolture. Puis il se blessait parfois lui-même, dans sa chambre, avec son petit compas de mathématiques, et il ne tarda pas à avoir des marques de mutilation sur les bras et sur les jambes. Sa mère, inquiète face aux marques d'automutilation de son fils, refusa néanmoins de l'emmener chez un psychologue. Quelle honte cela aurait-il été pour la famille ! Dans leur petite banlieue sage de Salisbury, le qu'en dira-t-on prenait une place toute importante. Il fallait avoir l'air de la famille parfaite, et se faire envier par ses voisins. Même quand plus rien ne tournait rond à la maison. Même quand sa sœur, en pleine crise d'adolescence, faisait le mur, cachait des bouteilles d'alcool dans sa chambre ou mettait la musique à fond. Même quand Mr Owsley lui-même était prêt à s'arracher les derniers cheveux qu'il restait sur sa tête pour ne plus entendre les cris de sa femme, la ménagère névrosée qui hurlait sur son fils. Elle ne comprenait pas pourquoi son petit garçon devenait de plus en plus renfermé, impassible, et encore moins pourquoi il se blessait tout seul. Il n'avait pas l'air malheureux pourtant, il était seulement calme, très calme, voire même excessivement stoïque pour un gamin de son âge, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Il la laissait lui crier dessus des heures durant sans relever la tête ni sans qu'une seule ombre d'expression ou de culpabilité ne passe sur son visage. Mais que voulez-vous. Nathanaël n'était pas malheureux, au contraire. Il ne se mutilait pas pour se faire du mal, ou même pour exorciser un mal qui était ailleurs ; il le faisait pour le bien-être extrême que son sang lui procurait, dès qu'il franchissait la barrière de ses lèvres. C'était devenu une véritable obsession.


Arriva le 17 mars 2001. Nathanaël était alors âgé de 11 ans, à l'aube de l'adolescence. Cela faisait quelques jours qu'il avait prévu son sombre dessein, l'idée lui était venue alors que Spock, leur chien de plus en plus vieux, s'était brièvement blessé à la patte arrière. Il avait vu le sang qui s'agglutinait sur les poils et cette image avait hanté ses nuits. N'y tenant plus, il commit l'impensable. Quel enfant ignore que quelques carrés du meilleur des chocolats noirs peut-être fatal à un chien ? Il offre une tablette à Spock, comme une récompense, le regarde manger et attend, observant les effets qui ne se font pas attendre. Une fois le chien mort, tremblant de tous ses membres, Nathanaël le coupe et boit à grandes gorgées le sang qui coule à flot, se laissant transporté par cette sensation de jouissance extrême. Il en gardera même quelques flacons pour les jours suivants, les cachant précautionneusement au fin fond de son armoire. Le lendemain matin, il est réveillé par les hurlements de sa sœur qui vient de découvrir le cadavre du berger allemand dans le jardin : les parents accourent, tous pleurent face à cette vue ignoble de leur petit Spock vidé de son sang. Nathanaël restera en pyjama, observant le spectacle depuis la baie vitrée du salon, son air hébété n'étant dû qu'à ce réveil brutal. Bien sûr, le petit garçon ressentit un peu de tristesse face à la mort de ce petit compagnon de jeux qui était déjà là à sa naissance... Mais ce sentiment se dissipa bien vite face au plaisir que ce sacrifice lui avait procuré, et lui procurait encore dans le noir de sa chambre, la nuit, lorsqu'il n'arrivait plus à dormir tant il avait besoin de la jouissance de ce petit liquide rouge qui donne la vie. C'est à cette époque qu'il se persuada qu'il était un vampire. Il avait vu le vieux film de Nosferatu à la télé, la version muette de Murnau sortie en 1922. Il s'était mis dans la tête qu'il était le nouveau Dracula, et très vite, sans qu'il s'en rende compte, l'attrait du sang abondait dans tout son être, il était accro pire qu'à n'importe quelle drogue. Il était Nathanaël le vampire, et il avait besoin de se nourrir.

Si tuer un chien, son chien, ne lui avait pas fait ressentir plus de culpabilité que ça, alors pourquoi ne serait-il pas passé aux humains ? Il tua pour la première fois l'un de ses congénères à l'âge de 15 ans. L'été 2005, en camp de vacances, alors qu'il se baladait dans les bois environnants avec Meredith, sa petite copine. Il se jeta sur elle sans crier gare, et vient directement la mordre dans le cou – ben oui, c'est comme ça que les vampires s'y prennent. L'idiote avait d'abord cru qu'il l'embrassait, avant de protester parce qu'il lui faisait mal, mais Nathanaël resserra d'autant plus son étreinte : il lui était impossible de s'arrêter, son sang avait un goût divin. C'était le meilleur, le plus jouissif qu'il ne goûta jamais. Il ne se rendit même pas compte de l'instant où la jeune fille lâcha son dernier cri, retirant son dernier souffle. Il cacha son corps à l'abri, et raconta une histoire ahurissante à la directrice de la colonie lorsqu'il rentra. Mais qui aurait pu accuser ce petit blondinet à l'air si adorable ? On conclut à un terrible accident, et l'on ne retrouva jamais le corps.


Lorsqu'il tuait à nouveau, Nathanaël finit par se comporter de plus en plus comme un tueur en série : il choisissait ses victimes, et s'il changeait les plans d'attaque, il en venait toujours au même point : boire leur délicieuse liqueur. Longtemps, il chercha désespérément à retrouver ce goût si fantastique qu'il avait senti chez Meredith. Il choisissait ses victimes en fonction de leurs ressemblances – la pureté – avec la petite fille de ses souvenirs, et la plupart du temps, ne tuait que des jeunes femmes qui lui ressemblait physiquement, ou tout du moins qui l'attiraient. Il tuait de plus en plus frénétiquement, défrayant la chronique de tous les journaux de la ville, faisant frissonner tous les habitants de Salisbury. Le tueur sanguinaire était forcément parmi eux. Nathanaël lisait cela d'un air détaché, comme si les nouvelles coulaient sur lui sans jamais l'atteindre, comme s'il pensait que jamais il ne serait pris. Il ne le pensait pas vraiment, mais c'était plutôt qu'il s'en fichait. Longtemps il avait essayé de lutter contre cet attrait pour le sang, qu'il avait d'abord cru malsain, mais il avait fini par céder à ses pulsions, probablement dès le jour où il se persuada lui-même qu'il n'était autre qu'un véritable vampire. On ne peut pas renier ce que l'on est et prétendre vouloir vivre heureux, n'est-ce pas ?

Malheureusement, la police finit par faire son travail. On vient l'arrêter à six heures du matin, le lendemain de l'anniversaire de ses 18 ans, et on lui passa immédiatement les menottes. Nathanaël se rendit sans rien dire, comme s'il n'en avait rien à faire. Ce fut la surprise chez parents, amis et voisins, comment un enfant aussi calme, aussi adorable, l'air aussi normal avait pu-t-il faire toutes ses horreurs. Bon dieu, si jeune ! On en parla longtemps. Ses parents furent effondrés. Sa mère perdit définitivement toute santé mentale lorsqu'elle aperçut le petit sourire fier et glorieux sur les lèvres de son fils avant qu'il ne se baisse pour entrer dans la voiture de police. Nathanaël ne tenta pas de se défendre, par la suite. Il répétait à qui voulait bien l'entendre qu'il était un vampire, que c'était sa nature et que personne ne pourrait l'empêcher de se nourrir du sang de ses semblables. Il était même capable de se vider de son propre sang pour le boire, jusqu'au suicide. Les psychiatres conclurent à un cas de la maladie de Renfield, pathologie grave qui rend le sujet fasciné par le sang. Le procureur qui travailla sur l'affaire ne tarda pas avant de décider d'envoyer le jeune Owsley à Anguish.

Nathanaël apparaît avant tout comme quelqu'un d'excessivement froid. Son visage arbore en toutes circonstances une expression neutre, dénuée de tous sentiments, comme si rien ne pouvait jamais l'atteindre. Et à vrai dire, c'est parce que jusqu'ici, rien ne l'a particulièrement atteint. Il semble hermétique à toute sensation humaine. C'est surtout un jeune homme très calme, réfléchi, qui ne s'énerve ou ne s'emballe pas facilement.

Calculateur, son intelligence lui permet d'analyser systématiquement chaque situation dans laquelle il se trouve, et il n'hésite pas à se montrer manipulateur pour arriver à ses fins. Têtu, il ne se remet que très rarement en question et il faudra s'armer de beaucoup de patience pour lui faire admettre qu'il a tort sur tel ou tel sujet. Égocentrique, pour lui ne compte que ce qu'il est – un vampire – et l'unique but est le sien. Il ne voit que la réalité qui est sienne.


Solitaire et mystérieux, il est asocial et ne se lie que très difficilement aux autres êtres humains. Il n'aime pas la lumière du jour et il ne veut voir le soleil sous aucun prétexte. Et évidemment, il est totalement fasciné voire obnubilé par le sang, cette substance qui lui procure une véritable sensation de jouissance et de puissance extrême. Comme un requin, s'il voit une seule goutte de sang perler sur la peau d'un de ses congénères, il devient totalement obsédé par la pensée de goûter à ce liquide, quitte à ce que l'autre y perde la vie.

Mais, même s'il l'ignore, Nathanaël n'a pas rien d'un humain. Il est assez doué pour jouer la comédie, faire la conversation ou rire avec ses semblables, et n'est pas tellement du genre à prendre plaisir à les voir souffrir. Il peut même se révéler être un ami souriant, intelligent et fiable, toujours prêt à rendre service. Il l'est, mais cela ne restera qu'au second plan. Il n'existe par d'autre amour que celui du sang.

De taille moyenne, Nathanaël possède une carrure, un charisme particulier, qui n'est pas sans lien avec la créature pour laquelle il se prend. Mince, on devine tout de même les muscles sous une peau blanche, imberbe et lisse, l'air immaculée. Mais seulement si ses vêtement cachent ses nombreuses cicatrices, marque d'une auto-mutilation continue et enjouée depuis de trop longues années. Nathanaël s'habille simplement, souvent d'un jean et d'un tee shirt uni, et ne porte pas grande importance à son apparence physique, comme s'il n'en était pas réellement conscient. Pour beaucoup, il est bel homme, mais lui y est absolument indifférent.


Des yeux clairs, vifs et perçants sous la ligne fine des sourcils, sont visibles malgré quelques mèches blondes rebelles. Ses cheveux raides et fins, mi-longs et pas vraiment coiffés, du moins à son entrée à Anguish, encadrent un visage dont tous les traits sont fins, aux lèvres joliment dessinées. Un visage singulièrement angélique, – celui du petit blondinet à l'air innocent qui lui avait permis de sévir funestement longtemps avant d'être démasqué. Mais il est impossible, lorsque l'on est face à lui, de ne pas remarquer une certaine froideur qui émane de son être. Tout chez lui est comme glacé.

Nathanaël répèterait avec ferveur à qui voudrait bien l'entendre qu'il est ici parce que les hommes ont peur des vampires. Seulement, l'on n'est plus dans une histoire pour effrayer les enfants autour d'un feu, quand les ombres de la nuit deviennent toutes effrayantes à l'esprit. Judiciairement parlant, le jeune homme se retrouve emprisonné à Anguish en tant que pensionnaires particulièrement dangereux et incontrôlable, pour avoir commis une dizaine de meurtres lugubres sous l'emprise de la pathologie de Renfield, dans l'unique petite ville de Salisbury, en Angleterre. Sa maladie a évolué extraordinairement vite, le poussant à avoir plusieurs meurtres à son actif en étant encore mineur, et le syndrome se trouve être l'unique raison qui l'a menée ici, et qui fera certainement qu'il y restera jusqu'à sa mort. Le sang mes amis, avec Nathanaël on ne vous le répètera jamais assez : le sang est l'unique chose qui importe. Vous savez. « Blood needs blood ». La honte s'était bien vite dissipée, et Nathanaël a très tôt laissé sa fascination du vent contrôler la moindre de ses réflexions, ou le plus anodin de ses gestes.

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