Tout a changé ? [Keira]

Shean se redressa d'un bon et bombarda la pauvre machine à laver à coup de pieds furieux. Pas très malin en sachant qu'elle était l'un des seules machines à fonctionner encore. Enfin à ce qu'il paraît ! Parce pas moyen de la mettre en marche cette bourrique ! Bon le violeur n'était pas un as de ce genre de trucs et ça lui avait prit un temps pour comprendre comment s'en servir ! Mais là il avait enregistré, pas bien compliqué ! Mais même le bouton marche/arrêt de voulait rien entendre ! Et vous connaissez tous la patience et le caractère tendre de notre ami qui le caractérise si bien ! Sa réaction ne surprend donc certainement personne. Enfin bref, toujours est-il que les coups de pieds furent inutiles et qu'apparemment, sous son nez, cette foutue machine venait de rendre l'âme. Agacé, Shean reprit ses affaires dans les mains et les balança dans le tambour d'une autre machine à laver. Il ne fallut pas plus d deux minutes pour l'entendre gracieusement ronronner dans la laverie. Par ronronner, comprenez hurler comme une avalanche plutôt. Mais c'est un détail, au moins elle fonctionnait c'était pas mal. Finalement satisfait, Shean s'installa sur une chaise posée là et commença à éplucher quelques dossiers de nouveaux arrivants. Oh rien de très impressionnant, il en avait prit l'habitude. C'était bien pratique parfois, trop la flemme de toute découvrir par soi-même à chaque fois ! Contrairement à certain, Shean prenait son rôle un peu plus au sérieux. Normal... ça lui donnait quelque privilèges et conforts supplémentaires alors pourquoi se plaindre, hein ?

Une heure plus tard, la machine cessa enfin son concert de grondement et de craquement. Shean embarqua donc ses vêtements encore humides jusqu'au dortoir. Vous croyez quoi ? Qu'en plus y avait un sèche-linge ? Bon espoir mais on est à Anguish quand même ! Les slips, les chaussettes et toute la troupe, ça se séchait au soleil comme on peut. Le violeur les laissa donc sagement reposer sur le bord de la fenêtre et en profita pour piquer un petit roupillon. Il n'avait pas bien dormit cette nuit. Pourquoi ? Devinez.
Il fit un bon sommeil de près de trois heures. Suffisant pour retrouver avec satisfaction ses fringues à peu près secs. Repassage ? C'était quoi ce mot ?
Il se changea et enfila rapidement un tee-shirt noir, un boxer et un jean, se chaussa et rangea le reste au fond d'un sac avant de quitter les lieux sans oublier son bon vieux paquet de clopes et son briquet. D'un pas assuré, tout en allumant une de ses fidèles cigarettes, Shean se dirigea vers les cachots où il avait laissé un pauvre type croupir pendant deux semaines avec seulement la moitié d'un verre d'eau et un quignon de pain rassis tous les deux ou trois jours suivant son envie. Il y parvint rapidement et se posa face à la cellule. Le pauvre gringalet dormait comme une souche sur le sol contre le mur. Le seau au fond de la cellule sentait l'urine. Shean grimaça et fit tinter ses clefs contre les barreaux, réveillant le gamin en sursaut.

- Debout là-dedans, le séjour est terminé ! Alors, t'as retenu la leçon ?
- Oui.
- Oui qui ?
- Oui Monsieur Kurtis.

Shean esquissa un sourire goguenard et ouvrit la porte de la cellule. Après hésitation, l'ancien détenu finit par disparaître dans les couloirs du pensionnat, sans doute soulagé de se retrouver enfin dehors. Ou pas, on ne sait jamais !
Shean allait sortir à son tour lorsqu'en se retournant, recrachant un nuage de tabac, il se retrouva nez à nez avec... Keira. Il manqua d'avaler sa cigarette sur le coup. Belle et froide. Évidemment. Et m*rde... ça il s'y était pas attendu. Il aurait du pourtant, il aurait du s'y préparer. Bon bah... tout à l'impro' ! Le violeur l'observa un petit instant droit des les yeux puis haussa les épaules et alla s'assoir sur un banc plus loin. Voilà comme ça c'était elle qui décidait s'il y avait conversation ou pas. Shean avait encore sa putain de déclaration en travers de la gorge. Quel c*n sérieux... il aurait mieux fait de se taire, tien !

Keira avait passée de longues heures à la bibliothèque à lire un livre plus ou moins intéressant sur la psychologie des adultes, le fait que leur enfance soit forcément lier à leur dépression, à leur doute, à tout en fait. Malgré que Keira soit contre cet avis, s’était laissé mener par le livre et n’avait pas vu le temps passé. Ce livre lui laisser le droit à beaucoup de réflexion dont elle ne se servis pas pour autant. Elle n’avait pas envie de décrire ses problèmes du moment comme une dépression dû à sa malheureuse enfance. Elle n’aimait pas l’idée de se trouver une telle excuse et se posa plus la question pour des personnes qu’elle connaissait, pour ceux dont elle avait lu l’histoire dans leur dossier. Elle aimait beaucoup en savoir plus que prévu et trouver les points faibles de chaque personne. Pourtant depuis quelque temps elle ne faisait plus de si belle mise en scène, plus d’attaque verbale. Elle gardait toutes ses idées en tête, elle n’avait plus le temps de parler. Et comme une pulsion elle blessait sa victime mortellement sans lui avoir expliqué pourquoi, sans lui avoir adressé un seul mot.
En fait, la jeune demoiselle avait changé du tout au tout, son comportement ressemblait d’avantage à celui qu’elle avait autrefois, comme si elle n’avait jamais changé. Elle gardait ses distances avec tous le monde et n’avait pas ouvert la bouche une seule fois depuis une bonne semaine. Elle avait passé son temps à lire, à faire du sport, à méditait seule sous la pluie ou la neige et à assagir ses pulsions en les laissant la dominer. Son corps aussi avait changé, bien plus fort, moins maigre, plus allongé. Ses joues n’étaient plus creuse, ses cuisses se dessinait plus sur son jean. Elle devait avoir passé un peu plus de temps devant son miroir car ses cheveux n’avaient plus les nœuds de d’habitude, toujours long ils semblaient moins cassant, elle devait surement les laver plus souvent aussi. Son visage était moins maladif, son regard portait une couche de noir, comme si passer son temps seul obliger les gens à se maquiller. Ce n’était pas une question de se maquiller, juste une envie passagère à vrai dire, peut-être un moyen d’attirer sa prochaine victime aussi. Après tout son corps jouer plus en sa faveur désormais.

La jeune demoiselle se releva donc après deux heures passée dans cet endroit sans réel importance pour les autres pensionnaires et s’étira de tout son long avant de jeter son livre sur la table la plus proche et de se diriger vers la porte de sortie. Elle avança d’un pas élancé, elle savait ou elle allait, et sans relever une seule fois le regard elle se jeta dans la gueule du loup. Sa direction n’était autre que le cachot ou elle avait pu voir un jeune homme pleurer de tous son corps en la suppliant de lui donner un peu de nourriture, un peu d’eau. Bien sur elle ne l’avait pas écouté et s’était simplement assise près de sa cellule en l’écoutant geindre, comme si cela l’apaisait. Il était la depuis bien trois jours et il semblait à bout de force. Elle ne savait qui avait pu l’emmener ici, et qui lui donnait ce morceau de pain qu’il mâcher longuement. Elle voulait voir sa dégradation, la folie qui allait monter en lui jour après jour quant il remarquerait qu’il perdait peu à peu la vie. Elle le vit passer en courant, la frôlant presque temps il courrait comme un dégénéré retrouvant sa liberté. Quel absurdité, comment allait-elle trouvé une telle distraction maintenant ! Elle voulait tant voir le résultat…

S’avançant tous de même, elle se retrouva en face de Shean qui sur le coup s’étouffa à moitié avec sa cigarette. C’était lui qu’elle aurait du renfermer dans la cellule, mais il n’aurait surement pas tenu longtemps sans sa dose de sexe quotidienne. Elle ne le regarda même pas en face préférant s’installer à sa place, sur une grosse pierre aux aires de fauteuil. Si elle se souvenait de sa déclaration ? Peut-être bien oui, mais cet aveux n’avait rien changé réellement à sa vie puisqu’elle ne l’avait plus recroisait depuis et qu’il savait très bien que son cœur appartenait à un autre. Peut-être cela avait-il changé depuis. Qui sait. Elle regarda un instant ses doigts, dont les ongles désormais long montrait qu'elle avait cessé de se ronger les ongles. Tout son physique laisser croire qu'elle allait beaucoup mieux. Quant à Shean, il avait lui aussi quelque peu changer, il avait apparemment décider de se laisser pousser un peu la barbe, surement pour paraître plus âgés qu'il n'était. C'était ça de prendre son rôle de surveillant trop au sérieux. Ses cheveux étaient aussi plus long, ses épaules étaient un peu plus carré qu'autre fois, mais elle s'arrêta la dans son analyse. Regardant fixement la cellule désormais abandonné.

Shean semblait décidé à faire la gueule apparemment. Quoi d'autre ? Lui sauter dans les bras peut-être ? N'importe quoi... et puis elle l'avait bien cherché. Elle voulait pas de lui dans ses pattes ? Fort bien... dans ce cas il ferait le mort et ne lui adresserait plus un mot. Ce n'était pas franchement ce qu'il avait prévu remarquez... il avait bien dit en présence de Bethany que la prochaine fois il tenterait de lui parler. Sérieusement. En enlevant le "masque" si on peut dire. Droit dans les yeux. Sauf que... il était pas prêt pour ça et n'était même pas sûr de le désirer. A quoi bon ? Cette fille s'en foutait complètement de ce qu'il pensait ou ressentait, il devrait l'avoir comprit depuis le temps non ? Elle avait décider de tirer un trait sur tout ce qui avait pu se passer entre eux et ne garder que le mauvais coté. Et bien qu'elle fonctionne ainsi si elle le voulait vraiment ! Qu'elle le haïsse autant qu'elle le désirait, ça lui faisait une belle jambe, tiens !
Shean boudait donc dans son coin et la jeune femme semblait vouloir en faire de même. Elle s'assied et fixa le mur devant elle. Ils restèrent ainsi quelques instants, silencieux. Le violeur, borné, croisa les bras et se laisser aller son dos contre le mur, fixant lui aussi un point droit devant lui. Ils allaient pas aller bien loin comme ça.

Shean avait jeté un ou deux coup d'œil en direction de la jeune femme. Il avait remarqué le changement. Ce genre de chose lui échappe rarement de toute manière. Elle s'était refaite une sacrée beauté. Moins maigre, le visage moins tiré, elle était maquillée et avait davantage l'allure d'une jolie femme que celle d'un zombi comme les dernières fois qu'il l'avait vu. Elle était belle. Tout simplement. Mais ça il le savait déjà. Et il ne lui dirait certainement pas... puisqu'elle s'en foutait de ce qu'il pouvait bien dire. D'ailleurs elle ne faisait aucune remarque sur sa déclaration. Tant mieux.
Le silence pouvait durer longtemps. Très longtemps. L'un comme l'autre étaient de véritables têtes de mules. A la différence que Shean se montrait bien moins patient. Ce fut donc lui, sans surprise, qui cassa l'ambiance morbide.
Il commença à se lever et à faire quelques pas, les mains dans les poches. Il s'alluma une autre cigarette tout en écrasant la première du talon. Il prit le temps de prendre quelques bouffées sans jeter un regard à Keira. Finalement, après quelques minutes, il se tourna vers elle.

- Cigarette ?

Il lui tendit le paquet à bout de bras, posant sur elle un regard complètement neutre, presque froid. C'était con mais il comptait sur cette simple demande pour décider de ce qui se passerait ensuite. Si elle refusait, il considérera leur rapport comme définitivement terminé à partir de maintenant. Elle sortirait de sa vie et il passerait à autre chose. C'est ce qu'il aurait du faire depuis longtemps d'ailleurs. En revanche, si elle prenait cette cigarette, il leur laisserait une dernière chance. Pas une dernière chance pour s'aimer ça non. Une dernière chance pour au moins pouvoir se voir sans se taper dessus ou se attendre en chien de faïence comme à présent. A elle de voir... à elle de décider inconsciemment. C'était tellement plus simple ainsi.

Aucun d’eux ne voulait ouvrir la bouche le premier, Shean semblait pourtant irrité par ce silence si glacial alors que Keira ne lui avait envoyé qu’un seul regard. Comme si c’était vrai, comme si elle l’avait belle et bien oublier et que leur amitié était définitivement raillé. Ce serait pourtant une fin bien triste après tout ce qu’ils avaient vécu, après tout Shean avait été son ami avant cette « bêtise ». Elle avait pu compter sur lui quand Keiji l’avait délaissé dans le self alors qu’elle était en sang, c’était avec lui qu’elle avait parlé sur la balançoire alors qu’elle ne le connaissait pas du tout, c’était lui qui ne l’avait jamais violé alors que c’était sa spécialité. Ils s’étaient confié l’un à l’autre et elle avait été réellement proche de lui, comme avec Darren… Même si ses deux relations étaient tous à fait différentes dans les faits, ils avaient tous les deux étaient ses amis, ses confidents. C’était la première fois qu’elle avait eut un ami. Car oui, elle n’en avait jamais eut. Comme une fille solitaire, elle ne s’était jamais attardée à connaître réellement une personne, à se trouver des points communs, a… Rigoler.

Mais elle était bien trop buté pour penser a cela, elle se croyait surement assez forte pour ne pas avoir besoin d’un quelconque soutien, d’un quelconque confident, d’une quelconque compagnie. Elle observa un instant le sol soir, observant les courant d’air qui poussait la poussière par vague un peu plus loin d’elle. Une mèche de ses cheveux vint l’empêcher de continuer à regarder son petit spectacle. Et tandis l’oreille en entendant le jeune violeur se lever, il marcha un long moment avant d’enfin lui adresser une parole. Elle se doutait qu’il allait craquer le premier. En tout cas elle, elle ne l’aurait pas fait et aurait finis par partir après une douce sieste tout en restant au aiguë d’une attaque par surprise, car après tout, peut être voulait-il se venger de sa violence, de son caractère trop fort, de son obstination à vouloir le rejeter. Elle leva alors la tête vers lui et observa la cigarette avant de tendre la main pour la lui prendre.

« Merci. Cela faisait bien longtemps. »

Elle parlait de fumer bien sur. Elle n’avait ni revu Keiji, ni revu aucun autres de ses soit disant amis et avait donc du arrêter de fumer, ce n’était pas un sacrifice pour elle, car elle n’en été en effet pas accro. Mais ça détendait tout de même, peut-être y trouverait-elle un petit plaisir. Elle se leva alors et se rapprocha de lui, passant dans son dos lentement, elle glissa sa main dans la poche de celui-ci et lui pris son briquet pour allumer son nouveau bien. Puis passa devant lui et lui tendis.

« Tu devrait te douter que je n’ai pas ceci non plus »

Elle ne lui adressa pas vraiment de sourire, comme lui elle était resté neutre. Mais au moins elle avait bouger, peut-être était-ce un signe, peut-être pas. Ca c’était bien une idée de Shean de se dire dans un petit espoir que tout était gagner si elle accepter une cigarette ? Peut-être simplement qu’elle considérer ça comme un cadeau sans retour, surement sans retour meme.

Finalement Keira leva les yeux sur lui et finit par prendre la cigarette qu'il lui tenait, allant même jusqu'à le remercier et annoncer que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fumé. Ah bah voilà qui expliquait qu'elle soit si... insupportable ! Non ça n'avait sûrement rien à voir. Bon, elle avait donc prit la cigarette. Et m*rde. Ça aurait tellement plus simple de lui tourner le dos, de se barrer et de ne plus jamais se préoccuper d'elle et de ce qui s'était passé ! Au moins il n'y aurait rien eu à dire. Et bien non tant pis... c'était repartit pour un tour de manège. On allait espérer que cette fois-ci il ne tombe pas du cheval. Quelle mouise ! Voilà Shean t'es bon pour engager une conversation et tenter le tout pour le tout, comme tu avais prévu de le faire, comme tu l'avait dit à Bethany. Non, non il ne pouvait pas dire à Keira ce qu'il avait dit à Beth'. Impossible. Passer pour un con une fois d'accord mais pas deux (même si le compte n'y est pas on est d'accord). Alors quoi ? Il allait lui dire quoi maintenant ? C'est ce à quoi il réfléchissait de son mieux. Il pouvait presque entendre les petits rouages de son cerveau tourner.C'était étrange ce qu'il ressentait face à elle maintenant. Il avait à la fois envie de la frapper et de la serrer contre lui. A la fois envie de l'étranger et de l'embrasser. Que choisir au final ? Sûrement de lui en mettre une mais c'était compliqué de se lancer. Tout autant que de se lancer pour l'embrasser. Dans les deux cas il était perdant de toute manière. Tout était joué d'avance. Finalement... peut-être qu'il ferait mieux de se tirer quand même.

Il sortit brusquement de ses pensées lorsque Keira se leva pour récupérer le briquet dans sa poche et se poster devant lui pour lui faire remarquer qu'elle avait également besoin de ça; Jamais contente. Shean haussa les sourcils et répliqua :

- Quoi. Tu fumais bien avant.

Bah oui il ne pouvait pas deviner qu'elle avait arrêté. Enfin ce n'était pas important. Maintenant il était au pied du mur et la question était de l'escalader ou de faire demi-tour. La deuxième solution était attirante mais... étais-ce réellement le bon choix à faire ? Bonne question.
Shean soupira et passa une main dans ses cheveux avant de se détourner de nouveau en continuant à fumer. Déjà se vider la tête. Arrêter de s'ennuyer avec ce genre d'inquiétude idiote. Au bout d'un moment il se tourna de nouveau vers Keira et s'approcha d'elle.

- Dis-moi Keira. Je suis quoi pour toi ? Rien ? Un jouet ? Un pauvre type ? Les trois peut-être ? J'aimerais bien être fixé une fois pour toute. Ne me dit pas que tu te fou de ma gueule parce Keiji te l'a demandé, t'es assez intelligente pour ne plus lui obéir comme un petit chien et ça fait bien longtemps que c'est révolu. Alors quoi ? Je suis pas assez bien pour toi ? Pas assez bien pour que tu daigne me prêter un minimum d'attention ? Rassure-toi je crois que tu m'a tellement dégouté que l'amour que j'avais pour toi il a été évacué par mon trou de balle !! Alors ? Parle !

Autant dire qu'il partait mal mais il s'en fichait. Tout ce qu'il pouvait dire il avait l'impression que ça tombait dans l'oreille d'une sourde. Est-ce que ça servait à quelque chose ? Mystère.

Elle aurait du se douter que Shean n’en resterait pas là, mais elle avait cru pendant un instant qu’il allait simplement partir après cette offrande. C’était mal le connaître. Il commença même par lui répondre, alors qu’elle n’avait demandé aucun détail. Et lui aussi avait tout faux, Keira n’avait jamais réellement fumé, elle ne s’était jamais embêter à se chercher des paquets de cigarettes un peu partout dans le pensionnat, non elle s’en procurait toujours par les autres qui, à chaque fois, lui en proposait une. Elle n’en était pas accros, bien qu’elle apprécier son gout. Elle alluma donc sa cigarette et comme le ferais n’importe qui, l’emmena à ses lèvres tout en marchant lentement, se détournant de Shean pendant que celui-ci avait repris la parole. Il semblait s’être trop retenu de parler, car il balança tout dans un seul souffle, le ton s’élevant à moitié, les gestes accompagnant la parole, les poings tantôt fermés, tantôt ouverts.
Elle tandis une oreille vers ses paroles, tout en relâchant lentement la fumée bloqué dans sa gorge. Puis se fut le silence. Un sourire s’afficha sur ses lèvres tandis qu’elle lui jetait un regard, elle se rapprocha de lui et caressa la joue du jeune homme tendrement avec ses doigts avant reprendre d’un ton calme.

« Si tu savais seulement ce qu’est l’amour… Peut-être pourrais-tu en parler. Ce sentiment qui t’emprisonne et te dévore jour après jour, ce sentiment qui t’oblige sans cesse à repenser à celui dont se sentiment est destiné, celui qui fais faire des sacrifices, même les plus fous. Certains philosophes disent même que l’amour n’existe pas, que l’on ressent ce sentiment simplement par envie que l’autre l’éprouve à son tour. Tu ne serais même pas définir l’amour, les différentes facettes de ce sentiment aux milles forment. »

Elle avait du lire tellement de livre, qu’elle n’avait même plus besoin de réfléchir à ses propres sentiments, reprendre les phrase qu’un autre avait écrit est peut-être de la triche, même surement mais qu’importe. Elle n’avait pas envie de se demander une nouvelle fois ce qu’elle pouvait ressentir pour Shean, pour Darren ou même pour Keiji. Car elle avait cessé d’y penser depuis un certain temps déjà et elle ne s’en portait pas moins bien.
Pourtant elle passa sa main dans la nuque du jeune homme et l’avança vers elle pour reprendre :

« Je dirais que tu as été un mélange de toute chose : un ami tout d’abord, un amant un seul soir, une attirance… Quelqu’un, qui, d’une certaine façon arrivait à m’intéresser autre que pour son sang. Maintenant, tu n’es autre qu’un jeune homme, réputé pour être un violeur, surveillant tout comme moi, qui vient de m’offrir une cigarette en croyant surement que ce geste me toucherait, que mon corps n’aspirerait une nouvelle fois plus qu’au tiens… »

Elle s’approcha de lui,

« Que mes lèvres ne rêvent que d’atteindre les tiennes »

Puis recula d’un pas, toujours sa main derrière la nuque de Shean, et l’observa avant de faire un nouveau sourire.

« Comme tu parles mal cher Kurtis, ta mère ne ta donc jamais appris les bonnes manières ? Je me posais justement une question moi aussi, pourquoi, si tu ne t’intéresse plus vraiment à moi, me poses tu toutes ces questions ? Une lueur d’espoir peut-être ? »

Ça faisait du bien. Oui ça fait du bien de se lâcher un peu de temps en temps et il ne s'en privait pas à vrai dire. Ça faisait trop longtemps qu'il était rongé par son aveux, rongé par ce qu'il pouvait ressentir pour cette fille qui s'amusait à le rendre fou et à le mépriser. Comment pouvait-il continuer à être obsédé par elle alors qu'elle se comportait avec lui comme une garce depuis le début ? Pourquoi hein ? Parce qu'il était amoureux ou parce que le fait de ne jamais l'avoir réellement possédé lui donnait un coup dans sa fierté de violeur ? Ça ne lui avait peut-être pas suffit cette belle étreinte dans la forêt. Peut-être que pour lui ça avait compté pour du beurre. Ou pas. Mais elle, elle en pensait quoi de tout ça ? Que pensait-elle de lui ? Il n'en savait rien et c'était peut-être ça qu'il trouvait le plus rageant ! Keira ne répondit pas tout de suite à son petit monologue d'excité. Elle prit son temps, comme pour l'agacer un peu plus ou se moquer de lui. Ou simplement pour réfléchir à la question qu'elle ne s'était sans doute jamais réellement posé. Finalement elle se tourna vers lui, et il la fixa comme on fixe son pire ennemi. C'était peut-être elle d'ailleurs... sa pire ennemie. La personne qu'on déteste le plus n'est pas forcément celle qu'on croie. Keira s'avança vers lui et caressa sa joue. Le regard du violeur d'assombrie un peu plus.
C'est cela... use donc de tes charmes, moque-toi un peu plus, manipule encore... parce que c'était ce qu'elle était en train de faire. Pensait-elle l'amadouer comme ça encore longtemps ? Il avait franchit le cap. Elle ne l'aurait plus avec des caresses et des yeux de biche. Trop facile.

Elle s'intéressa au sujet de l'amour. Shean l'écouta tout d'abord sans rien dire mais n'en pensait pas moins. Où allait-elle chercher tout ça hein ? Est-ce que ces remarques étaient vraiment nécessaires ? Il resta de marbre jusqu'au bout, immobile alors que sa cigarette se consumait sans lui entre ses doigts. Peu importe.
La main de Keira se glissa sur sa nuque. Il ne remua pas un cil, la fixant toujours profondément dans les yeux. Elle lui répondit alors enfin : qu'il avait été un ami, un amant, une attirance, puis un simple surveillant violeur. Elle avait oublié la partie ou il jouait le rôle du salopard non ? Bon point. Enfin si on veut.
Elle fit remarquer alors qu'il pensait pouvoir la faire de nouveau aspirer à son corps avec un simple cigarette. Lui ?
Elle s'approcha encore, ses lèvres proches des siennes mais il ne réagit toujours pas. Il savait très bien à quelle jeu elle jouait. Est-ce qu'il rêvait vraiment tout ça ? De posséder son corps et ses lèvres ? Le désirait-il encore aujourd'hui ?

Enfin pour terminer elle plaisanta en lui faisant remarquer qu'il parlait mal. Oui il parlait comme un sagouin et alors ? Devait-on surveiller son vocabulaire à Anguish ? Non il s'en foutait pas mal. Et elle demanda enfin si, pourquoi elle ne l'intéressait plus vraiment il lui posait toute ces questions. Si c'était une lueur d'espoir. Shean fronça les sourcils et finit par attraper le poignet de Keira sur sa nuque pour enlever sa main et la lâcher ensuite. Enfin il ouvrit la bouche :

- Je vais procéder par ordre.

Il prit une taf de sa cigarette en prenant tout son temps. A la fois pour se détendre et pour faire régner un peu le suspens. Il reprit alors :

- Pour commencer c'est vrai, je ne sais pas définir l'amour. Pas avec des mots. Mais j'ai appris malgré moi à le reconnaître quand je le ressent. Si je n'avais pas été réellement amoureux de toi Keira je t'aurais violé sans autre forme de procès et je t'aurais laissé crever dans un coin sans plus m'occuper de toi si ce n'est pour te baiser encore.

Premier point abordé. Il reprit encore un peu de nicotine, très calme pour une fois. Ça ne servait à rien de crier après tout. Qu'avait-elle dit d'autre ? Ah oui...

- Deuxièmement. Je m'aperçois que petit à petit je suis descendu de plus en plus bas dans ton estime. Pourquoi ? Va falloir que tu me l'explique. Quoique non, en fait je m'en balance. Troisièmement, je t'ai pas donné cette clope pour prétendre à ce que tu me saute dans les bras pour un langoureux baiser. Je suis peut-être pas brillant mais je suis pas con non plus figure-toi.

C'est sûr que s'il avait voulu ce résultat il s'y serait prit autrement. Même si c'était peine perdu ! Ou alors il aurait du se surpasser ! Non... ça ce n'était plus d'actualité. Il continua :

- Quatrièmement, arrête ce petit jeu de séduction ridicule avec moi ça ne prend plus. J'apprécie ces petites choses en générale mais je suis pas un précoce boutonneux. Il t'en faudra bien plus pour me faire bander. Cinquièmement ma mère ne m'a jamais rien dit et je l'emmerde.

Y en avait des choses à dire finalement, la discussion était longue et variée, pas si mal en fin de compte. Un peu sec sur les bord, pas très amicale mais enfin au moins les vérités étaient lancées.

- Et enfin, sixièmement, si je t'ai posé cette putain de question ça n'a rien à voir avec une lueur d'espoir. Je me suis jamais attendu à t'entendre dire que tu étais folle de moi ou que tu m'aimais parce que je sais que c'est faux. Non si je te l'ai posé c'est pour savoir ou je me situais dans l'échelle de ton estime et me comporter en fonction de ta réponse.

Il prit une dernière bouffée de tabac puis laissa tomber sa clope et l'écrasa sur le sol avec son talon comme la précédente. Et alors comment il devait réagir maintenant face à elle puisqu'il avait la réponse ?

- Tout ça pour dire que le jeu est terminé Keira. Si tu comptais encore t'amuser à me manipuler avec mes sentiments et bien il va falloir te trouver un nouveau jeu ou carrément un nouveau jouet. Parce qu'à partir d'aujourd'hui la bougie de l'amour a été tout à fait consumée. J'ai même plus envie de te faire l'amour ni de t'embrasser, ni même de passer du temps avec toi ou de perdre mon temps à bavarder. Puisque tu me considère comme un simple "collègue", alors je ne serais plus qu'un collègue.

Et bien au moins c'était dit. Est-ce que tout était vrai ? Il avait l'air très sérieux en tous cas. Il n'y allait pas de main morte mais est-ce que ça servait à quelque chose ? Il verrait bien. En tout cas ça n'empêchera pas la jeune femme de dormir.

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